La militante de la cause sahraouie se retrouve aux côtés du gendre de Donald Trump, en lice pour son rôle dans les négociations des accords de normalisation avec Israël qui ont conduit à la reconnaissance de… la marocanité du Sahara occidental
Avec son foulard aux couleurs changeantes, ses lunettes rectangulaires et sa voix posée, celle que les médias internationaux surnomment la « Gandhi du Sahara occidental » – les médias marocains la qualifient de « traîtresse » et « d’imposteur » – aura peut-être bientôt un autre titre, celui de prix Nobel de la paix.
La militante des droits humaines Aminatou Haidar fait en effet partie, selon Reuters, des nommés retenus pour la distinction 2021 récompensant des actions remarquables menées pour la planète, en raison de sa campagne pacifique en faveur d’un Sahara occidental indépendant, un droit reconnu par les Nations unies.
Étendue désertique de 266 000 kilomètres carrés, riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses, le Sahara occidental a été annexé par le Maroc en 1975, après le retrait de l’Espagne, puissance coloniale.
En 2019, Aminatou Haidar, présidente de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM), a reçu le prix Nobel alternatif décerné par la Fondation Right Livelihood, un des prix les plus prestigieux dans le domaine des droits de l’homme.
Née à Laâyoune le 24 juillet 1967 – le Sahara occidental était encore sous domination espagnole –, la co-fondatrice du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme (CODESA) « a organisé des manifestations, documenté des cas de torture et mené plusieurs grèves de la faim pour sensibiliser aux violations subies par son peuple », rappelle sa biographie.
Le parcours militant d’Aminatou Haidar remonte à son adolescence. Elle a à peine 20 ans lorsqu’elle participe en 1987 à une manifestation en faveur d’un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental. Arrêtée et portée disparue pendant quatre ans, elle affirme avoir été détenue à l’isolement dans une prison secrète.
« Ma famille ne savait pas si j’étais morte ou vivante. Personne n’osait poser la question », raconte-t-elle au quotidien suisse Le Temps en novembre 2020. « Ces quatre ans d’enfer et de souffrance m’ont ouvert les yeux sur le sort du Sahara occidental. Jamais je ne renoncerai à réclamer nos droits, je le dois à mes compagnons qui sont morts en prison. »
« Un rôle crucial »
À nouveau emprisonnée en 2005 à la suite d’une manifestation violemment réprimée, elle est libérée un an plus tard grâce à la pression des États-Unis et autorisée à se rendre en Espagne. Elle entame alors une tournée en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine, où elle se voit décerner plusieurs prix dans le domaine des droits de l’homme.
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