Entretien
Najem Sidi, cofondateur et président du Comité Action et Réflexion pour l’Avenir du Sahara Occidental (CARASO) : « La défaite du PSOE a été programmé au moment où Pedro Sánchez a décidé de s’aligner sur le plan d’autonomie marocain »
Najem Sidi, cofondateur et président du Comité Action et Réflexion pour l’Avenir du Sahara Occidental (CARASO) : « La défaite du PSOE a été programmé au moment où Pedro Sánchez a décidé de s’aligner sur le plan d’autonomie marocain » https://t.co/FaTXgAZHpW vía @lapatrienews
— solidaridadsaharaui (@amigosaharaui) July 21, 2023
Jeune militant sahraoui réfugié en France, Najem Sidi est la preuve, une de plus, que la relève générationnelle chez ce peuple particulièrement résilient, est parfaitement bien assurée. Dans cet entretien, notre interlocuteur revient tout d’abord sur la défaite de Pedro Sanchez et de son parti, le PSOE, aux élections locales espagnoles. Si pour lui, cette humiliante défaite était plus que prévisible après sa trahison et l’inféodation de Madrid au diktat du Makhzen. Reste à attendre et espérer une confirmation de cette tendance lourde lors des élections législatives de ce 23 juillet. Quant à la lettre adressée par Netanyahu à Mohamed VI, reconnaissant la prétendue « marocanité du Sahara Occidental », notre interlocuteur estime qu’il s’agit d’un non évènement, nul et de non-effet. Celui-ci n’est au reste pas sans rappeler le tristement célèbre Tweet de Donald Trump concernant son deal du siècle. « il est fort intéressant de souligner que les européens et les américains ont soutenu militairement et économiquement les ukrainiens. Leur argument : défendre le Droit International. Cependant, dans le cas du conflit du Sahara Occidental, ils soutiennent le Maroc dans son occupation brutale et sa spoliation à très grande échelle des richesses sahraouies.N’est-ce pas une politique de deux poids, deux mesures ? Et le plus grave, c’est que le Droit International est bafouéau Sahara Occidentalpar le Maroc ». cet extrait donne une idée sur le caractère incisif et direct de ce jeune militant…
Entretien réalisé par Mohamed Abdoun
La Patrie News : La question sahraouie en est à un tournant majeur et historique depuis l’arrêt rendu par la Cour européenne de justice en faveur du Front Polisario. Quelle place, et quel rôle pour la France dans le règlement définitif de ce conflit, sachant que Paris et Rabat sont en froid depuis le scandale Pegasus ?
Najem Sidi : En effet, le 29 septembre 2021, le tribunal de l’Union européenne a rappelé le caractère séparé et distinct du territoire du Sahara Occidental dans son arrêt qui annule les accords de commerce et de pêche conclus entre l’Union européenne et le Maroc.Cette décision a été une victoire historique pour le peuple sahraoui. Le Polisario a été reconnu par l’Union européenne en qualité de représentant légitime du peuple sahraoui.
La France, qui a défendu seule les intérêts marocains au Conseil de sécurité, pourrait avoir un rôle constructif et positif en contribuant à trouver une solution à ce conflit qui perdure depuis plus de 48 ans et mettre fin à l’occupation marocaine Évidemment, une solution qui respecte les aspirations du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance.
Vous avez bénéficié de la chance de prendre part au 16econgrès du Front Polisario. Comment en évaluez-vous le déroulement et les conclusions finales ?
Les sahraouis se sont donnés rendez-vous à la wilaya d’Aousserd pour assister à la conférence nationale préparatoire du Congrès. Les travaux de la Conférence ont commencé dans une ambiance bonne humeur, en présence duSecrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, des membres du Secrétariat National, et des délégués au Congrès représentant les sahraouis vivant dans les camps de réfugiés, les territoires occupés et la diaspora. Trois commissions ont été formées : la commission du règlement intérieur, la commission du programme d’action national et la commission des lettres et recommandations. Les délégués au 16e Congrès du Front Polisario ont été répartis au niveau des trois commissions, afin de poursuivre leur travail et apporter leurs rapports à la présidence de la Conférence nationale pour amendement ou approbation.
Après quelques jours, les congressistes se sont dirigés vers le camp de réfugiés de Dakhla,situé à 170 kilomètres au sud-est de Tindouf, en Algérie. Plus de 2500 congressistes, 320 personnalités d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe ont pris part au 16e Congrès du Front Polisario. Le Congrès a été inauguré sous le slogan : intensifier la lutte pour chasser l’occupant et parachever la souveraineté.
Plusieurs interventions de délégations étrangères ont exprimé leur soutien indéfectible et leur solidarité inconditionnelle avec les sahraouis. Une importante délégation algérienne composée de représentants de partis politiques et de la société civile était présente.
J’ai participé, avec d’autres, en tant que congressiste de la diaspora sahraouie en France. J’ai pu constater que le 16e congrès était parmi les congrès les plus organisés. Ainsi, j’ai participé au débat contradictoire mais calme et profond enveloppé par un climat plein d’optimisme et de persévérance.
Durant ce congrès, les congressistes ont eu l’occasion d’élire le nouveau secrétaire général du Front Polisario. Deux candidats à ce poste : Brahim Ghali secrétaire général sortant et Bachir Mustapha Sayed, ancien ministre des affaires étrangères. C’est du jamais vu dans l’histoire du mouvement. Et dans un deuxième temps, élire les membres du secrétariat national.
Le conflit armé a repris depuis que le Maroc a rompu le cessez-le-feu de 1991 en attaquant les civils sahraouis au niveau de la zone tampon d’El Guerguerat, est-ce que le processus de règlement onusien a une chance d’aboutir avec une force occupante marocaine qui refuse de se plier à la légalité internationale, préférant imposer son plan d’autonomie, rejeté globalement et dans le détail par les représentants du peuple sahraoui ?
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