Genève, 10 septembre 2025 (SPS) – Dans le cadre de la 60e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, un événement parallèle s’est tenu au Palais des Nations sous le titre « Le crime d’être sahraoui : sans droit à la défense ». Organisé par la Mission permanente de l’Afrique du Sud auprès de l’ONU à Genève, avec le soutien d’un consortium d’ONG, l’acte a mis en lumière la persécution politique et juridique que subissent les Sahraouis dans les territoires occupés par le Maroc.
Les intervenants ont dénoncé que la détention arbitraire au Sahara Occidental n’est pas seulement une violation des droits humains, mais une stratégie systématique de répression. Sous l’occupation marocaine, les Sahraouis sont arrêtés sans mandat, maintenus au secret, torturés pour signer de fausses confessions et condamnés lors de procès-spectacles où l’accès à une défense indépendante est limité ou inexistant. Beaucoup purgent leurs peines loin de leurs familles, dans des conditions inhumaines et sans soins médicaux. Cette politique vise clairement à démanteler toute forme de résistance pacifique et à réduire au silence un peuple qui revendique son droit à l’autodétermination.

Le cas de l’avocat et défenseur des droits humains Mhamed Hali a été cité comme exemple emblématique. Lauréat cette année du Front Line Defenders Award for Human Rights Defenders at Risk 2025, Hali a été persécuté et empêché d’exercer son métier d’avocat pour avoir défendu les prisonniers sahraouis et pour son engagement en faveur de l’autodétermination. Sa situation illustre comment le Maroc a criminalisé non seulement la contestation, mais également l’exercice du droit à la défense, pourtant pierre angulaire de tout système de justice.
Le professeur Mads Andenas, spécialiste en droit international et ancien président du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, a rappelé que la négation du droit à la défense constitue une violation du jus cogens, c’est-à-dire de normes impératives du droit international que nul État ne peut ignorer ni suspendre. Les défenseurs sahraouis Ghalia Djimi, Brahim Moussayih, Hassana Abba et Mahfud Bechri ont apporté des témoignages directs sur la répression dans les territoires occupés : harcèlement policier, disparitions forcées, procès expéditifs et criminalisation de toute tentative d’organisation civile indépendante.
L’événement s’est conclu par l’intervention de Tsholofelo Tsheole, représentante permanente adjointe de l’Afrique du Sud auprès de l’ONU à Genève, qui a rappelé que le cas du Sahara Occidental montre que le colonialisme n’est pas terminé et que la communauté internationale ne peut pas continuer à tolérer que le Maroc, avec la complicité silencieuse de certains États, piétine les résolutions des Nations unies. Tsheole a appelé à renforcer la pression diplomatique, à exiger le respect des droits humains dans les territoires occupés et à accompagner le peuple sahraoui dans sa lutte légitime pour l’autodétermination.
Le message a été clair et unanime : au Sahara Occidental, être sahraoui et revendiquer pacifiquement les droits reconnus par l’ONU est devenu un crime. Nier le droit à la défense revient à nier l’humanité même d’un peuple. Face à un demi-siècle d’occupation et de répression, la solidarité internationale est plus urgente que jamais. La cause sahraouie n’est pas une question périphérique : elle constitue une épreuve décisive pour le système international et pour la crédibilité du droit international.

Plataforma «No te olvides del Sahara Occidental»