Depuis décembre 2019, plusieurs pays africains ont ouvert leurs consulats respectifs dans les territoires occupés du Sahara occidental, dans les villes de Laâyoune et Dakhla. Ces différentes inaugurations, qui vont à l’encontre du droit international, ne sont pas pour plaire à Alger qui a récemment rappelé son ambassadeur en Côte d’Ivoire pour « consultations ».
Le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a ironisé sur la réaction algérienne face à l’ouverture de représentations diplomatiques au Sahara occidental par des pays africains en déclarant : « Celui qui se prépare à rédiger des communiqués et à rappeler son ambassadeur pour consultation doit continuer sur cette voie. » En guise de réponse, son homologue algérien, Sabri Boukadoum, a qualifié les sorties de son homologue marocain de « gesticulations » et de « provocations ».
Ces joutes verbales et ce froid diplomatique entre Alger et Rabat, qui dure depuis des décennies, est souvent analysé sous le prisme du conflit du Sahara occidental qui, rappelons-le, oppose le Front Polisario au royaume chérifien.
Pourtant, si ce conflit n’est pas pour faciliter les relations entre les deux frères ennemis du Maghreb, penser que celui-ci demeure la pierre d’achoppement de tout rapprochement entre l’Algérie et le Maroc est somme toute réducteur, le point névralgique se situant ailleurs, le dossier du Sahara occidental n’étant que la partie émergée de l’iceberg.
Contrairement à l’idée générale véhiculée, le Sahara occidental n’est pas une source de contentieux entre Rabat et Alger. Tout du moins pour les autorités algériennes, pour qui ce conflit oppose le royaume du Maroc à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et qui est, de facto, du ressort des Nations unies.
Le dossier du Sahara occidental n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le point névralgique se situe ailleurs
La position de l’Algérie sur ce dossier a, depuis le début des hostilités entre le Maroc et la RASD, toujours été claire et constante : Alger acceptera le résultat d’un référendum libre et démocratique, quel que soit le choix des Sahraouis.
À ce sujet, et comme le rappellent justement Jacob Mundy et Stephen Zunes, auteurs de Western Sahara, War, Nationalism, and Conflict Irresolution, Alger n’est nullement responsable de ce conflit, et n’a pas créé le Front Polisario.
Il convient de rappeler ici que l’occupation du Sahara occidental par le Maroc est en totale infraction avec les lois internationales et la résolution 1514 des Nations unies qui stipule que « tous les peuples ont le droit à l’autodétermination ».
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