Alger-Madrid: Le dégel acté – L’Expression

Alger-Madrid: Le dégel acté – L’Expression

 

Les relations algéro-espagnoles peuvent désormais retrouver l’excellence qui les a toujours marquées avant la crise du printemps 2022.

La crise diplomatique entre Alger et Madrid tend à être dépassée définitivement. Les deux pays aspirent désormais à retrouver la qualité qui a toujours marqué leurs relations et leur partenariat. Les propos tenus cette semaine par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, sont venus confirmer les avancées accomplies sur la voie de la réhabilitation. La confiance est plus que jamais de mise, tournant ainsi la page de la crispation née au printemps 2022. La genèse de la crise était le surprenant alignement de Madrid sur les thèses marocaines sur la question du Sahara occidental. Le gouvernement Sanchez avait alors surpris tout le monde en décidant de soutenir le prétendu plan d’autonomie défendu par le Maroc pour le Sahara occidental, alors que Madrid a toujours affiché une parfaite neutralité sur le dossier.
Suite à cela, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Madrid. Elle a décidé ensuite de suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé en 2002.
Le gouvernement espagnol a adopté une attitude qui «s’inscrit en violation de la légalité internationale que lui impose son statut de puissance administrante et aux efforts des Nations unies et du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et contribue directement à la dégradation de la situation au Sahara occidental et dans la région», avait expliqué alors la présidence de la République.
Mais depuis l’automne dernier, les choses ont évolué dans le sens de la détente et le rétablissement des relations. Très significatif diplomatiquement, le responsable espagnol a choisi la tribune de l’ONU pour marquer son retour à la raison. Sanchez a en effet choisi l’Assemblée générale de l’ONU pour introduire le dégel des rapports entre les deux pays. C’était en octobre quand Pedro Sanchez a exprimé le soutien de son pays à la légalité internationale, dans le discours prononcé devant l’AG de l’ONU.
Sur le dossier du Sahara occidental, il a mis en avant le soutien de Madrid à «une solution politique acceptable par les deux parties, dans le cadre de la charte de l’ONU et des décisions du Conseil de sécurité». Mieux encore, il a exprimé l’appui de l’Espagne aux efforts de l’Envoyé personnel du secrétaire général (SG) de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, qualifiant ses efforts d’«action décisive» pour parvenir à une solution au conflit en cours au Sahara occidental. Sanchez venait alors de déclarer son mea culpa. Il a ouvert la voie à un retour de confiance entre les deux parties. C’était le marqueur d’un dégel qui a été confirmé au fil des semaines. Et l’Algérie n’avait pas manqué l’occasion de signifier sa disponibilité. C’était par la voix du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
« Ce qui a donné le feu vert pour reprendre nos relations avec l’Espagne, c’est le discours prononcé par Pedro Sanchez » à l’ONU , a affirmé Attaf dans l’interview qu’il a accordée décembre dernier à Al Jazeera. « Là, il a changé de position et c’est tout ce que nous avons demandé. C’est-à-dire que l’Espagne s’aligne sur la position de l’Europe», a affirmé Attaf. Et c’est ainsi qu’a été acté le dégel des relations algéro-espagnoles. Cette évolution positive a été renforcée par Pedro Sanchez himself. À la 8e rencontre des ambassadeurs et diplomates espagnols tenue récemment, il a souligné que « l’Algérie est un pays ami, et nous continuerons à œuvrer pour maintenir les relations avec ce partenaire stratégique». Pedro Sanchez s’exprimait devant plus de 130 diplomates ibériques, selon le journal El Periodico de Espana.
Pour ce même média, le gouvernement Sanchez oeuvrera à retrouver la bonne coopération avec l’Algérie, maintenant que la crise diplomatique a été dépassée. D’autant plus que la coopération entre les deux pays du pourtour méditerranéen a subi un coup dur pendant cette période de crise. Surtout pour de nombreuses sociétés espagnoles qui coopéraient avec des entreprises algériennes et qui ont souffert de l’incidence économique et financière de la situation conflictuelle avec l’Algérie. Ces entreprises peuvent ainsi retrouver le rythme de leur coopération avec leurs partenaires algériennes. Pour la partie espagnole, cette brouille a été très coûteuse économiquement. Les exportations espagnoles vers l’Algérie ont baissé de plus de 80 % accusant un manque à gagner en centaines de millions d’euros. Autant dire que la coopération économique et commerciale algéro-espagnole s’offre désormais une bouffée d’oxygène après que la crise économique s’est dissipée.

Origen: L’Expression: Nationale – Le dégel acté