L’année 2025 restera dans l’histoire du Sahara occidental comme une année charnière. Non pas parce qu’elle aurait rapproché une solution juste au dernier processus de décolonisation encore inachevé en Afrique, mais parce qu’elle a concentré une offensive politique, diplomatique et médiatique visant à clore le conflit par la logique du fait accompli. Sous le vocabulaire du « réalisme », de la « stabilité régionale » ou des « solutions pragmatiques », on a cherché à reléguer le droit international au second plan et à vider de sa substance le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Rien de ce qui s’est produit en 2025 n’est le fruit du hasard. La lecture intéressée de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, les pressions exercées pour présenter le renouvellement du mandat de la MINURSO comme un aval politique en faveur du Maroc, ainsi que l’offensive diplomatique déployée par Rabat tout au long de l’année, répondent à une stratégie clairement assumée. L’objectif est de transformer une occupation illégale en une prétendue réalité irréversible, banalisée par le temps et par l’inaction de la communauté internationale.
Sur le terrain des Nations Unies, 2025 a été marquée par cette tentative de manipulation du cadre juridique. Le Maroc a cherché à présenter des résolutions techniques comme s’il s’agissait de prises de position politiques, en occultant délibérément deux réalités fondamentales : le Sahara occidental figure toujours sur la liste des territoires non autonomes et aucune résolution du Conseil de sécurité ne reconnaît une quelconque souveraineté marocaine sur ce territoire. Les explications de vote de plusieurs États membres l’ont une nouvelle fois confirmé : le droit à l’autodétermination demeure le cœur du processus.
Un élément déterminant de cette dynamique en 2025 a été le rôle des États-Unis. Au-delà des changements de ton ou d’administration, Washington a continué d’agir comme le principal garant politique de la stratégie marocaine, consolidant les effets de la proclamation trumpiste de 2020 sur le Sahara occidental. Cette reconnaissance illégale, jamais annulée, a servi de point d’appui à l’offensive diplomatique de Rabat, nourrissant une culture de l’impunité et un mépris assumé du droit international qui ont imprégné les débats au sein des Nations Unies et incité d’autres acteurs à s’aligner sur la logique du fait accompli.
En 2025, le « méthode Trump » — fondée sur l’imposition, la transaction et le mépris du multilatéralisme juridique — n’a pas été corrigée. Elle a au contraire continué de peser sur la politique américaine à l’égard du Sahara occidental, avec des conséquences directes sur les équilibres internationaux et sur la crédibilité même du système des Nations Unies.
Face à cette dérive, le Front Polisario a joué en 2025 un rôle central dans la défense de la légalité internationale. Ses interventions auprès des Nations Unies, les lettres adressées au Conseil de sécurité et la dénonciation constante des manipulations marocaines ont permis de rappeler une vérité essentielle : le conflit du Sahara occidental n’est ni une querelle régionale ni un simple problème administratif, mais un cas de décolonisation inachevée aggravé par une occupation militaire.
Le rôle de l’Algérie a été tout aussi déterminant tout au long de l’année. Loin de la caricature qui la présente comme un acteur « bloquant » les solutions, l’Algérie s’est imposée en 2025 comme l’un des principaux défenseurs du cadre juridique international. Son action au Conseil de sécurité et dans d’autres enceintes multilatérales a contribué à contrer les tentatives de dilution du principe d’autodétermination et à maintenir au centre du débat le droit du peuple sahraoui à décider librement de son avenir.
L’Europe, en revanche, s’est une nouvelle fois placée du côté le plus sombre de la balance. En 2025, l’Union européenne a persisté dans une politique de fait accompli, cherchant à contourner les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne et à maintenir des accords commerciaux et de pêche incluant des ressources issues du Sahara occidental. Tandis que le droit international est invoqué avec vigueur dans d’autres conflits, le pillage d’un territoire occupé est ici toléré — voire facilité —, révélant un double standard de plus en plus difficile à masquer.
La position de l’État espagnol a été particulièrement révélatrice. Loin de corriger le virage opéré en 2022, le gouvernement de Pedro Sánchez a consolidé en 2025 une politique d’alignement sur Rabat. L’Espagne, puissance administrante de jure selon les Nations Unies, a choisi de soutenir le plan d’autonomie marocain et de minimiser sa propre responsabilité historique et juridique, se plaçant de facto aux côtés de la puissance occupante et tournant le dos au peuple sahraoui.
Pendant ce temps, sur le terrain, la réalité est restée inchangée. Répression dans les territoires occupés, prisonniers politiques sahraouis ignorés par la diplomatie européenne, précarité persistante dans les camps de réfugiés, et une jeunesse sahraouie qui constate que son avenir se décide sans elle. L’année 2025 n’a pas été celle de l’apaisement, mais bien celle d’un durcissement du conflit dans ses dimensions politique, humaine et symbolique.
Cette série d’articles est née précisément pour donner du sens à ce qui s’est joué tout au long de l’année. Elle vise à analyser comment on a tenté de refermer la question du Sahara occidental en dehors du droit international et de la volonté de son peuple, en identifiant les responsabilités politiques et les choix assumés. Nous le ferons depuis une perspective clairement engagée en faveur du peuple sahraoui, critique à l’égard des institutions européennes et du gouvernement espagnol, et en revendiquant le rôle de l’Algérie et de tous les acteurs qui continuent de défendre l’autodétermination comme une ligne rouge infranchissable.
Car s’il y a une leçon à tirer de 2025, c’est bien celle-ci : le conflit du Sahara occidental n’est ni dépassé ni gelé. Il est plus vivant que jamais. Et sa résolution juste demeure une dette majeure de la communauté internationale.
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« N’OUBLIE PAS LE SAHARA OCCIDENTAL »
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