BRAHIM GHALI dénonce la complicité passive des Nations Unies face à l’occupation du Sahara Occidental

BRAHIM GHALI dénonce la complicité passive des Nations Unies face à l’occupation du Sahara Occidental

Dans sa lettre adressée à António Guterres en octobre 2025, le président de la République Arabe Sahraouie Démocratique et secrétaire général du Front POLISARIO, Brahim Ghali, accuse ouvertement les Nations Unies de faire preuve d’une complicité passive à l’égard de l’occupation marocaine du Sahara Occidental. Son message rompt avec le ton feutré de la diplomatie onusienne et s’inscrit dans un registre inédit : il ne s’agit plus d’exprimer une déception face à l’inaction internationale, mais de dénoncer frontalement l’organisation même chargée de garantir la décolonisation du territoire. Ce que le dirigeant sahraoui met en lumière n’est pas un simple détail, mais un constat politique majeur : l’ONU n’est plus neutre, elle est devenue complice.

Selon Ghali, l’organisation est passée du rôle de médiatrice à celui de complice silencieuse, en laissant le Maroc imposer sur le terrain ses faits accomplis sans qu’aucune sanction ne soit envisagée. Ce qui fut jadis un processus de décolonisation inachevé s’est transformé, au fil des ans, en mécanisme de légitimation de l’occupation, dissimulé derrière le vocabulaire policé de la “gestion politique du conflit”. Cette dénonciation n’est pas une réaction d’amertume : elle découle du constat que rapports, déclarations et prorogations de mandats se sont mués en une routine administrative qui protège l’occupant et abandonne le peuple colonisé.
Comme le rappelle le président sahraoui : « L’absence de mesures concrètes de la part des Nations Unies a encouragé le Maroc à poursuivre son occupation illégale en toute impunité. »

L’un des passages les plus sévères de sa lettre vise le rapport du Secrétaire général sur la situation au Sahara Occidental. Ghali y dénonce l’inclusion d’informations et d’opinions émanant d’organisations marocaines ou proches du régime, présentées comme des sources objectives, tandis que les témoignages sur la répression, la torture et les arrestations arbitraires dans les villes occupées sont passés sous silence ou relégués en note de bas de page. Cette manipulation des sources n’a rien d’accidentel : elle révèle une dérive politique profonde. Le langage diplomatique de l’ONU s’est peu à peu aligné sur le cadre narratif de Rabat. Là où l’on parlait autrefois de “territoire non autonome”, on parle désormais de “territoire en litige”. Là où l’on mentionnait le “référendum d’autodétermination”, on préfère désormais évoquer le “plan d’autonomie”. Ce glissement sémantique, en apparence mineur, a des conséquences considérables : il efface la nature coloniale du conflit et normalise l’occupation.

La lettre dénonce aussi la MINURSO, mission créée pour organiser un référendum qui n’a jamais vu le jour. Trente-quatre ans après sa mise en place, elle s’est transformée en présence symbolique, dénuée de mandat effectif et d’autorité morale. Il s’agit de la seule mission de maintien de la paix des Nations Unies privée d’un mandat de surveillance des droits humains, une anomalie manifeste qui illustre jusqu’où le Conseil de sécurité est prêt à aller pour préserver l’impunité du Maroc. Chaque prorogation du mandat sans avancée, chaque rapport évitant de nommer l’occupation par son nom, renforce l’idée que l’ONU n’agit plus en médiatrice, mais en garante du statu quo.

« La passivité de la MINURSO face à la répression systématique dans les territoires occupés constitue une honte pour les Nations Unies. »

Dans son message, le président sahraoui dénonce aussi la trahison du droit international que représente cette passivité. L’ONU maintient certes le Sahara Occidental sur la liste des territoires non autonomes en attente de décolonisation, mais elle ne respecte aucune des obligations juridiques qui en découlent : ni la protection de la population civile, ni la défense des ressources naturelles, ni la relance du processus de référendum. Pire encore, elle a permis au Maroc de multiplier les infrastructures, les projets énergétiques et les partenariats économiques sur un territoire dont il ne détient aucune souveraineté légale. La décolonisation s’est transformée en rituel diplomatique : on renouvelle les promesses chaque année, mais on perpétue l’injustice.

La dénonciation de Ghali dépasse le cadre politique et diplomatique. Elle a une portée morale et juridique qui met directement en cause l’ensemble du système multilatéral. La “complicité passive” qu’il évoque n’est pas une formule rhétorique : c’est un reniement du mandat même inscrit dans la Charte des Nations Unies, qui oblige l’organisation à protéger les peuples colonisés et à garantir leur droit à l’indépendance. En tolérant l’occupation, l’ONU se place du côté de la violation du droit qu’elle devrait défendre. De médiatrice, elle devient partie prenante du problème. Et cette dérive, souligne Ghali, fait perdre à l’organisation sa légitimité en tant que garante du droit international.

La lettre se conclut par un avertissement sans ambiguïté : le peuple sahraoui n’attend plus des promesses ni des gestes symboliques, mais une action réelle mettant fin à des décennies d’impunité.
« Tant que les Nations Unies se réfugieront dans l’ambiguïté, le peuple sahraoui continuera, par tous les moyens légitimes, à exercer son droit à l’autodétermination. »
Cette phrase résonne comme un signal politique et moral : si l’ONU abdique de sa responsabilité, le peuple sahraoui, lui, n’abdiquera jamais la sienne, celle de défendre sa liberté et sa dignité.

Le silence des Nations Unies n’est pas neutralité. C’est un choix politique qui favorise l’occupant et prolonge l’injustice.
La lettre de Brahim Ghali n’est pas une protestation de plus : c’est un acte d’accusation contre un système international qui a renoncé à ses propres principes.
La complicité passive de l’ONU ne met pas seulement en péril la cause sahraouie : elle mine la crédibilité de tout l’ordre multilatéral.
Si les Nations Unies ne sont plus capables de défendre leur principe fondateur — le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes —, alors c’est leur raison d’être qui vacille.

Plateforme “N’oubliez pas le Sahara Occidental”