CAN 2025 au Maroc : le football comme écran de fumée d’un système injuste et d’une occupation

CAN 2025 au Maroc : le football comme écran de fumée d’un système injuste et d’une occupation

Alors que le Maroc s’apprête à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2025, la célébration du football africain se heurte à une réalité que ni les stades ni les cérémonies ne peuvent masquer : celle d’un pays marqué par de profondes injustices sociales et engagé dans une occupation coloniale toujours en cours. Organiser la CAN dans ce contexte n’est pas un simple choix sportif, mais un acte politique lourd de sens et moralement contestable.

L’article « Pourquoi le maintien de l’organisation de la CAN de football au Maroc est un acte immoral », signé par Karim B., formule une accusation frontale qui dépasse largement le cadre du sport. Organiser la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc n’est pas un geste neutre : c’est un choix politique et moralement répréhensible. L’auteur démonte avec lucidité l’illusion d’un football coupé des réalités sociales et met en lumière son utilisation délibérée comme instrument de diversion et de blanchiment politique.

Le texte s’ouvre sur une image forte et dérangeante : les clameurs des stades couvrant les cris des victimes. Il ne s’agit nullement d’une métaphore excessive. Les récents effondrements meurtriers à Fès et les inondations à Safi ne sont pas présentés comme des tragédies isolées, mais comme les conséquences directes d’un système gangrené par la corruption, la négligence institutionnelle et l’abandon des classes populaires. Karim B. pointe sans détour le cœur du problème : un État qui investit dans l’image et la communication, tout en échouant dans sa mission première — protéger la vie de ses citoyens.

Dans ce contexte, le maintien de la CAN apparaît comme une fuite en avant, un calcul politique dans lequel le spectacle sportif sert à détourner l’attention d’un désastre social profond. L’auteur rappelle comment le football a déjà été utilisé au Maroc comme outil de construction d’un récit national triomphaliste, notamment avec l’appui des monarchies du Golfe, tandis que la précarité, le deuil et la colère sociale restent hors champ. Le succès sportif devient alors une forme d’anesthésie collective.

L’un des aspects les plus incisifs de l’article réside dans la dénonciation de la complicité internationale. Rien de tout cela — avertit Karim B. — ne serait possible sans des soutiens extérieurs clairement identifiés : expertise française, capitaux émiratis et une machine de communication efficace sur les réseaux sociaux, dans laquelle Israël joue un rôle notable. Le résultat est une CAN « bling-bling », pensée pour les caméras, les sponsors et les audiences mondiales, et non pour une population contrainte d’enterrer ses morts dans l’indifférence.

La comparaison avec la Coupe du monde au Qatar n’est ni fortuite ni gratuite. Comme alors, les victimes invisibles du “progrès” sont exclues du cadre, sans hommage ni reconnaissance, sacrifiées au nom du spectacle et du profit. En acceptant ce cadre, la Confédération africaine de football ne se contente pas de détourner le regard : elle renonce explicitement à toute exigence éthique et valide une hiérarchie des priorités où la rentabilité et l’image priment sur la vie humaine.

Le texte interpelle directement le lecteur, mais aussi le football africain lui-même, auquel est assigné un rôle indigne : celui de simple écran de fumée. Karim B. rappelle que le sport peut et doit être un espace de dignité, de justice et de cohésion sociale, et non un décor derrière lequel se dissimulent la répression, l’injustice et l’échec structurel d’un système politique.

Mais un élément renforce encore la dimension immorale de ce choix, et l’article le laisse clairement entendre : le Maroc n’est pas seulement un pays frappé par l’injustice sociale, c’est aussi une puissance occupante. Tandis que se préparent stades, cérémonies et campagnes de communication autour de la CAN, le Sahara occidental demeure sous occupation militaire, avec des prisonniers politiques, une répression systématique et une population privée de son droit à l’autodétermination. Le même État incapable de garantir des logements sûrs ou une réponse efficace face aux catastrophes naturelles déploie un appareil de contrôle et de propagande pour donner une illusion de normalité là où persistent occupation et négation des droits.

Célébrer la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc revient donc à normaliser non seulement la précarité, la corruption et le mépris de la vie humaine à l’intérieur du pays, mais aussi une occupation coloniale que l’ONU continue de considérer comme inachevée. Le football est une fois de plus utilisé comme alibi : pour masquer les décombres de Fès, l’abandon de Safi et la répression à El-Aaiún. Face à cela, la question éthique s’impose et ne souffre aucune esquive : le sport africain peut-il servir à légitimer un régime qui utilise le spectacle pour dissimuler à la fois ses victimes sociales et un peuple occupé ?


Article basé sur :
Pourquoi le maintien de l’organisation de la CAN de football au Maroc est un acte immoralAlgérie Patriotique, Journal d’actualité Algérie Internationale


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