Par M. Aït Amara – Le château de cartes construit autour de la reconnaissance américaine du «plan d’autonomie marocain au Sahara Occidental vient de s’effondrer. Le revirement de Donald Trump – ou plus exactement, la clarification de la position américaine actuelle – a agi comme une véritable douche froide pour le Makhzen, qui croyait avoir verrouillé à jamais la question sahraouie derrière une illusion de victoire diplomatique. La réalité, brutale, s’impose désormais : Washington revient sur sa décision controversée et replace le dossier sahraoui dans le cadre onusien, là où il a toujours appartenu, celui de la décolonisation.
A Rabat, la stupeur se transforme en fébrilité. Les instruments de propagande du palais, pris de court, s’efforcent de maquiller l’humiliation sous une avalanche de discours creux et de commentaires alambiqués. L’appareil médiatique du Makhzen adopte sa stratégie favorite : la politique de l’autruche. Plutôt que d’admettre la réalité d’un revers cinglant, les éditorialistes aux ordres multiplient les contorsions pour expliquer l’inexplicable et justifier l’injustifiable. Selon eux, la réunion du Conseil de sécurité de ce jeudi serait «favorable au Maroc». Une affirmation qui frise l’absurde, tant la dernière version du document américain enterre de fait le prétendu «acquis» de la première version, qui a fini au fond d’une corbeille, en revenant à la position traditionnelle des Etats-Unis, à savoir le soutien au processus onusien originel.
Le Makhzen tente de faire croire à un simple «ajustement de langage», mais c’est bien une déroute politique. Le plan d’autonomie, invention franco-marocaine destinée à perpétuer la mainmise sur les richesses sahraouies – phosphates, pêche, terres rares – sous couvert de compromis, perd tout son vernis international. Même les alliés traditionnels du Maroc se montrent désormais prudents. La diplomatie française, qui a longtemps servi de parrain à cette manœuvre, évite soigneusement de s’exposer. A New York, Omar Hilale, l’inamovible représentant de Mohammed VI, a beau multiplier les tractations, la réalité est têtue. La Minurso verra son mandat simplement renouvelé pour un an, sans aucune évolution politique majeure.
Le dossier sahraoui demeure plus que jamais inscrit à la Commission de décolonisation de l’ONU, où il risque de rester encore de longues années. Et pour cause : aucune solution ne peut émerger sans la consultation libre du peuple sahraoui lui-même. Le temps des illusions médiatiques touche à sa fin. L’ère des communiqués triomphants, où chaque lubie d’un responsable américain était présentée comme une victoire historique, est révolue.
Pour le Makhzen, la perte de crédibilité est profonde. A force de confondre communication et diplomatie, le régime se retrouve piégé par sa propre propagande. L’humiliation actuelle n’est pas seulement celle d’un pouvoir pris à revers par Washington ; elle symbolise l’échec d’une politique fondée sur le mensonge, la manipulation et la fuite en avant. Le mirage de la «marocanité du Sahara» se dissipe une fois pour toutes, laissant place à la dure réalité du droit international. Celle d’un peuple spolié, qui attend toujours justice.
M. A.-A.
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