Comment les tomates «marocaines» sont devenues le symbole de l’occupation du Sahara occidental

Comment les tomates «marocaines» sont devenues le symbole de l’occupation du Sahara occidental

 

FOTO| Par Poter / Adobe Stock pour TSA

Comment les tomates marocaines sont devenues le symbole de l’occupation du Sahara occidental — TSA

Le syndicat français la Confédération paysanne a organisé le 28 novembre à Perpignan (sud de la France) une action pour dénoncer « la concurrence déloyale des importations illégales du Sahara occidental occupé » ainsi que « la violation des droits du peuple sahraoui ». Une action qui a été relayée par les médias français.

Produit phare de l’export marocain, les tomates sont devenues le symbole fort de l’occupation du Sahara occidental.

Une soixantaine de paysans ont bloqué le centre logistique de l’entreprise Azura. Il s’agit du principal importateur franco-marocain de fruits et légumes en provenance des territoires occupés du Sahara occidental.

Informations des consommateurs français

Les manifestants se sont rapidement introduits dans les locaux de cette entreprise. Sur une de leur vidéo, on les voit courir vers les entrepôts et soulever un rideau métallique puis entrer près des chaînes de conditionnement.

Par la suite, brandissant dans un vent glacial les drapeaux sur fond jaune de leur syndicat et des drapeaux du Sahara occidental, ils ont organisé un sit-in devant le centre de conditionnement et de distribution internationale jusqu’à ce qu’ils soient délogés par les forces de l’ordre.

Armés d’un mégaphone, ils sont ensuite allés dans le supermarché local de marque Carrefour informer les consommateurs de la concurrence déloyale exercée par l’entreprise Azura.

Coiffée d’un bonnet bleu, la porte-parole du syndicat a rappelé que grâce aux subventions et aux salaires de misère des ouvrières marocaines, les tomates exportées par le Maroc sont vendues à 4 euros le kilo alors que les coûts de production en France sont de 8 euros.

Pendant que certains appliquent sur les barquettes de tomates cerises des autocollants dénonçant les pratiques d’Azura, d’autres sont allés « récupérer des barquettes en provenance du Sahara occidental » qu’ils ont chargé dans des chariots avec lesquels ils ont parcouru les allées du supermarché. Pour finir, ils les ont déposés à la direction des douanes de Perpignan.

Si une partie des tomates cerises est cultivée à Agadir, en hiver les tomates viennent principalement de Dakhla où Azura dispose de 400 hectares de serres. À 1 200 km d’Agadir la clémence du climat saharien permet une poursuite de la production. Les tomates sont expédiées par camions frigorifiques vers Agadir conduits par deux chauffeurs qui se relaient durant 48 heures.

Dans un communiqué, la Confédération paysanne indique avoir « décidé de poursuivre son combat en assignant aujourd’hui le groupe Azura devant un juge civil français pour fraude fiscale sur les taxes d’importation. »

Dans un dossier de presse mis en ligne sur le site du syndicat, il est précisé que les étiquettes « origine Maroc » appliquées aux produits du Sahara occidental permettent de bénéficier de « fortes exonérations douanières » pour un commerce correspondant à « une valeur totale de 80 millions d’euros, correspondant à 6,6 millions d’euros d’exemption frauduleuse de droits de douane. »

Une date qui n’a pas été choisie au hasard

La Confédération paysanne, n’a pas choisi cette date au hasard. Elle estime que l’actuel accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc se traduit dans les territoires occupés du Sahara occidental par la présence d’entreprises multinationales qui « pillent les ressources sans aucune retombée économique pour les Sahraouis. » Celles-ci exportent « illégalement des productions étiquetées « Maroc » alors qu’elles proviennent du Sahara occidental. »

À travers son action, la Confédération paysanne a voulu attirer l’attention des euro-députés afin qu’ils s’opposent ce jour-là à Bruxelles à un vote convoqué par la commission agriculture du Parlement européen. Cette commission proposait au vote les désignations marocaines « Laâyoune-Saguia el-Hamra » et « Dakhla-Oued Ed-Dahab ».

Or, à la suite d’une plainte déposée par le syndicat français, la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) a rappelé, à plusieurs reprises, que le Maroc et le Sahara occidental sont « deux territoires distincts et séparés », sans souveraineté marocaine sur le second ce qui implique la pose de l’étiquette « Western Sahara (EH) » et non « MA ».

Le 27 novembre, le site Médiapart a rendu compte du résultat de ce vote à travers un article au titre explicite : « À une voix près… mais sans LFI : le Parlement européen échoue à bloquer l’accord UE-Maroc ».

Il précise que la résolution portée par des parlementaires souhaitant l’étiquette « Western Sahara (EH) » n’a pas été acceptée car elle n’a rassemblé que 359 voix. Il a manqué une seule voix pour atteindre l’absolue majorité nécessaire de 360 voix.

Après étude du PV de séance, il révèle qu’ : « une dizaine d’eurodéputé·es [ LFI ], dont la présidente du groupe, Manon Aubry, pourtant présente dans l’hémicycle, n’ont pas pris part au vote. » La députée Rima Hassan était absente.

Dans un communiqué, le Centre d’analyse du Sahara Occidental (CASO) fait remarquer alors que « tous les députés de gauche, y compris les socialistes français, ont voté contre ce nouvel accord colonial, les députés LFI ont choisi de ne pas siéger. »

Et il note que cette absence a « offert un répit inespéré au gouvernement marocain » et a envoyé « un signal politique incohérent avec leurs positions historiques sur la décolonisation ».

Pour le CASO, ce vote pourrait apparaître comme « un revers pour les défenseurs du droit sahraoui ». Pourtant, il ajoute : « C’est tout le contraire » et rappelle qu’en 2019 les accords UE–Maroc avaient été adoptés par « 444 voix contre 167 ». Ce centre d’analyse ajoute que le vote du parlement « constitue un bond politique considérable et inédit ».

Enfin, il conclut en annonçant de « prochaines batailles juridiques et politiques » dont le nouveau protocole de pêche UE–Maroc, incluant illégalement les eaux sahraouies que prépare la Commission.

L’action des agriculteurs de la Confédération Paysanne à Perpignan aura montré le fossé entre l’Union européenne et ses propres agriculteurs. Ces derniers risquent de disparaître face à la concurrence déloyale de firmes franco-marocaines qui « pillent » les ressources en eau du Sahara occidental et exploitent la main-d’œuvre féminine.

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