GENEVE – Le Groupe de soutien de Genève pour le Sahara occidental a organisé mercredi une conférence sur la responsabilité de l’Espagne et de la communauté internationale concernant la décolonisation du Sahara occidental, au cours de laquelle les participants ont souligné la nécessité du retour du gouvernement espagnol à sa position traditionnelle vis-à-vis du dossier sahraoui, et du respect de la légalité internationale, pour faciliter le processus de décolonisation dans la dernière colonie d’Afrique.
A cet égard, l’ambassadeur du Zimbabwe et président du Groupe, Stuart Comberbach, a réaffirmé dans son intervention lors de cette rencontre, organisée en marge de la 54e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, ouverte lundi dernier à Genève, que «la communauté internationale doit achever la décolonisation du Sahara occidental et en assumer la responsabilité» et souligné aussi «la responsabilité à cet égard, de l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne».
Le diplomate zimbabwéen a également souligné que «le moment est venu pour mettre fin à la politique de deux poids deux mesures, accélérer l’organisation d’un référendum (d’autodétermination) et garantir le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental».
Pour sa part, l’historien et ingénieur en investigations au Centre national pour la recherche scientifique de Tours (France), Francesco Correale, a passé en revue, lors de son intervention, l’aspect historique et anthropologique de la colonisation espagnole au Sahara occidental, soulignant l'»échec de Madrid dans la décolonisation du territoire, contrairement aux puissances coloniales européennes dans les zones qu’elles ont occupées».
Et de poursuivre dans ce contexte : «Le peuple sahraoui était, au milieu des années 1970, prêt politiquement et socialement à exercer son droit à l’autodétermination et cela allait inévitablement mener à l’indépendance du territoire».
De son côté, le professeur en droit international dans des universités en Espagne, Argentine, Uruguay et au Mexique et ancien employé au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, Carlos Villan-Duran, a vivement critiqué le changement de position du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à l’égard de la question sahraouie, qualifiant ce revirement d’illégal», d'»immoral» et de «contraire au droit international et aux positions traditionnelles des gouvernements espagnols successifs».
Le juriste espagnol a, lui aussi, estimé qu’il était «urgent que le gouvernement espagnol revienne» au droit chemin ou, du moins, à sa position traditionnelle, en classant la question sahraouie, selon la Charte de l’ONU, comme étant une question de décolonisation.
La conférence s’est achevée par une intervention du représentant du Front Polisario en Suisse et auprès des Nations unies et des organisations internationales à Genève, Oubi Bouchraya Bachir, qui a saisi l’occasion pour renouveler la position du Front Polisario par rapport au revirement de Sanchez sur la question sahraouie et souligner à cet effet que «le peuple sahraoui s’attend à ce que le gouvernement espagnol corrige cette grave erreur commise à son encontre et à l’encontre de ses aspirations à la liberté et à l’indépendance».