Des prisons du roi aux murs de sable, le Sahara occidental secoué par une guerre sans merci – L’Humanité

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Des prisons du roi aux murs de sable, le Sahara occidental secoué par une guerre sans merci – L’Humanité

 

Il s’appelle Mohamed Lamine Haddi, il a 35 ans et il vit peut-être les derniers jours d’une trop courte vie, enfermé dans la prison de Tiflit, au Maroc. La semaine dernière, sa mère a lancé un appel à l’aide après s’être vu refuser l’accès à la prison. « Mon fils, a-t-elle dit, est en grève de la faim depuis le 13 janvier et depuis le 25 on n’a plus de nouvelles de lui. Le Maroc avait dit que les visites seraient permises à partir du 1 er mars, alors je suis venue. J’ai fait 1 200 kilomètres pour le voir. Je ne partirai pas. Aidez-moi à le ramener chez nous, à Laâyoune. »

Violation du droit international

Journaliste sahraoui, défenseur des droits humains, Mohamed a été arrêté en novembre 2010, alors qu’il témoignait des événements du campement de Gdeim Izik, installé à une dizaine de kilomètres de la capitale sahraouie, pour protester contre les conditions de vie misérables faites aux habitants des territoires occupés par le Maroc. Le camp comptait près de 20 000 habitants quand les forces marocaines y donnèrent l’assaut le 8 novembre 2010. Une violence inouïe qui déclencha le soulèvement des habitants de Laâyoune. Plusieurs jours d’affrontements firent 13 victimes marocaines, dont 11 militaires, et au moins 30 morts et plus de 150 blessés sahraouis. Il y eut de nombreuses arrestations. Vingt-cinq « meneurs » accusés de « meurtres » furent emmenés en captivité à Tiflit, en violation du droit international (1).

L’espoir d’un mouvement de solidarité

Dix-neuf sont encore détenus, dix ans plus tard, dans des conditions inhumaines, après avoir été condamnés sans preuves dans des procès sans queue ni tête. Mohamed Lamine Haddi en fait partie. Sa grève de la faim est soutenue par toutes les familles et bien au-delà, avec l’espoir de déclencher un mouvement de solidarité internationale qui fasse pression sur le Maroc pour mettre fin à l’horreur.

L’association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD) a lancé un appel urgent en ce sens et l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) a déposé une nouvelle plainte auprès du Comité contre la torture de l’ONU. Dans une réunion organisée le 2 mars par ces deux associations, Hassana Abba, de la Ligue de protection des prisonniers, a témoigné de l’aggravation de la répression, des enlèvements, arrestations et tortures ces derniers mois. On a souligné avec inquiétude le cas de Sultana Khaya, encerclée et harcelée depuis trois mois avec sa famille dans sa maison de Boujdour.

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