Au début, il y a toujours une belle histoire. On aime quand David bat Goliath. Dans ce sens, les victoires du Maroc sont à célébrer. Que la rue de Genève à Lausanne ressemble à la place Jemaa el-Fna à Marrakech n’est pas pour déplaire sous les froidures de décembre. Et puis, pour «suissiser» un peu l’aventure des Lions de l’Atlas, rappelons que c’est un Neuchâtelois, en l’occurrence Michel Decastel, qui a donné sa première chance au gardien. Le 12 novembre 2011, il avait titularisé Yassine Bounou pour son premier match avec l’équipe première du Wydad AC.
Et pourtant, l’inévitable récupération politique revient au galop. En particulier de la part de ceux qui ne suivent pas cette Coupe du monde. Ils se réjouissent que l’équipe nationale marocaine brandisse le drapeau palestinien. Pourquoi pas, c’est vrai. Même si d’autres équipes se sont fait sanctionner pour plus ou moins que cela.
Mais puisque la mode est à certains rappels sociétaux diplomatiques, allons-y. Au royaume de Mohammed VI, il n’y a (toujours) pas de liberté de conscience religieuse, l’homosexualité y est (encore) illégale, on y arrête (encore) certains journalistes, et la peine de mort n’y a (toujours) pas été abolie. Sans parler du conflit avec le Sahara occidental qui demande son autonomie depuis 1976.
Si on ne doute pas que le geste des joueurs marocains en soutien du peuple palestinien ait sa part de spontanéité, on imagine mal que cela ait été fait et répété sans l’aval des autorités de Rabat. Ces mêmes autorités qui, nous rappellent «Les Échos», ont passablement resserré les liens politiques avec… Israël.
Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, y souligne la «coopération dans tous les domaines, y compris les plus sensibles comme la défense et le renseignement» et la «régularité des visites» d’officiels. Dont, l’an dernier, le ministre de la Défense.
«Dans la frénésie d’achat d’armes dans la région, poursuit-il, la coopération avec Israël est une police d’assurance pour le Maroc.» Entre la terre promise et les territoires occupés, drapeaux ou pas, c’est donc 1 à 1, Maroc au centre.
Origen: Éditorial: Le match nul diplomatique du Maroc | 24 heures