Guterres préoccupé par l’enracinement de l’état délétère de la situation au Sahara occidental

New York (Nations unies), 16 oct 2023 (SPS) Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a «vivement» exprimé sa «préoccupation» concernant l'»enracinement» de l’état «délétère» de la situation au Sahara occidental, appelant à infléchir cet état de fait de toute urgence pour éviter toute nouvelle escalade dans la région.

«Je reste vivement préoccupé par l’évolution de la situation au Sahara occidental. Je suis parvenu à des conclusions analogues dans mes deux précédents rapports au Conseil de sécurité sur la situation concernant le Sahara occidental, ce qui montre bien que l’état délétère de la situation s’est enraciné», déplore M. Guterres dans son rapport sur la situation au Sahara occidental qu’il doit présenter lundi devant les membres du Conseil de sécurité.

«Cet état de fait doit être infléchi de toute urgence, notamment pour éviter toute nouvelle escalade. C’est pourquoi, j’appelle (…) à changer de cap sans délai, avec l’aide de l’ONU et l’appui de l’ensemble de la communauté internationale», a-t-il ajouté.

Selon le chef de l’ONU, «la poursuite des hostilités et l’absence de cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario marquent un net recul dans la recherche d’une solution politique» à ce conflit de longue date.

A cet égard, le responsable onusien estime que «ce contexte difficile rend la négociation d’une solution politique à la question du Sahara occidental plus urgente que jamais, près de cinq décennies après le début du conflit».

Néanmoins, il s’est dit «convaincu» qu’il était possible de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et ce, sous réserve qu’il y ait une forte volonté politique chez les deux parties au conflit et un soutien constant de la communauté internationale.

Droits de l’Homme au Sahara occidental: Guterres inquiet

Concernant le chapitre des droits humains et la protection du peuple sahraoui dans les territoires occupés, le SG de l’ONU a exprimé son inquiétude après que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) «n’ait pas pu se rendre (dans ce territoire non autonome) pour la 8ème année consécutive, malgré de multiples requêtes et en dépit de la résolution 2654 (2022) dans laquelle le Conseil de sécurité encourage un renforcement de la coopération, notamment par la facilitation de ces visites».

A ce titre, il a regretté le fait que «le manque d’accès à l’information de première main et l’absence de surveillance indépendante, impartiale, globale et régulière de la situation des droits humains (au Sahara occidental occupé) ont été préjudiciables à une évaluation globale de la situation des droits humains dans la région».

Selon M. Guterres, «le HCDH a continué de recevoir des allégations faisant état d’un rétrécissement croissant de l’espace civique, notamment du fait d’obstructions, d’intimidations et de restrictions à l’encontre de militants sahraouis, de défenseurs des droits humains et de mouvements estudiantins».

Selon ces rapports, a-t-il ajouté, «les organisations qui défendent le droit à l’autodétermination continuent de se heurter à des obstacles en matière d’enregistrement et de tenue de réunions et sont la cible d’intimidation et de surveillance».

M. Guterres a, en outre, indiqué que les autorités d’occupation marocaines ont continué «à empêcher et à réprimer les rassemblements en faveur du droit à l’autodétermination et les commémorations sahraouies», faisant savoir que le HCDH a reçu des allégations concernant au moins six cas d’observateurs internationaux, de chercheurs et d’avocats actifs sur la question du Sahara occidental qui se sont vu refuser l’entrée au Sahara occidental ou qui en ont été expulsés.

Toujours en ce qui concerne la situation des droits de l’Homme, le chef de l’ONU a fait remarquer que «les familles de militants des droits humains et de prisonniers politiques ont également fait l’objet de représailles, d’intimidations ou de discriminations en raison de leurs opinions politiques et du soutien apporté à leurs proches».

Il a, entre autres, souligné que «le HCDH a reçu des informations selon lesquelles des prisonniers sahraouis, y compris le groupe Gdeim Izik, continuaient d’être détenus en dehors du Sahara occidental dans des conditions difficiles, y compris en étant soumis à l’isolement et à des restrictions sur les contacts avec leur famille et leurs avocats».

Antonio Guterres a, par ailleurs, recommandé que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental) pour une nouvelle période d’un an, jusqu’au 31 octobre 2024. (SPS)