Interview – L’eurodéputée espagnole Idoia Villanueva Ruiz assène ses vérités – Algérie Patriotique

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L’eurodéputée Idoia Villanueva Ruiz. D. R.

Idoia Villanueva Ruiz est membre du parti espagnol Podemos et députée au Parlement européen depuis 2019. Dans son programme électoral pour les élections de 2019, elle s’est notamment engagée à faire disparaître les paradis fiscaux en Europe et à assurer un horizon vert et féministe. Au sein du Parlement européen, elle est vice-présidente de la délégation à l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, Assemblée composée de députés au Parlement européen et de représentants et élus des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique [ACP] signataires de l’accord de Cotonou, membre de la Commission des Affaires étrangères et des Délégations pour les relations avec la Chine et l’Inde. Elle est également membre suppléante de la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.

Mohsen Abdelmoumen : Vous avez dénoncé récemment l’accord de pêche en vigueur entre le Maroc et l’Union européenne qui fait actuellement l’objet d’une procédure judiciaire. Quelles sont les raisons de votre contestation ?

Idoia Villanueva Ruiz : C’est le cadre juridique européen, et plus largement international, qui nous donne des raisons suffisantes pour le dénoncer. Le Tribunal de l’Union européenne (TUE), en application de la juridiction internationale des territoires non autonomes et des lois européennes, a affirmé en première instance que ces accords sont illégaux car, entre autres, ils ne sont pas fondés sur le consentement requis du peuple sahraoui. Nous sommes face à une possible reconnaissance des aspects économiques du droit des peuples à la libre détermination, qui devrait être saluée et non remise en cause par des recours du Conseil européen et d’autres Etats membres devant les tribunaux européens.

La Commission a tenté de se soustraire à ses obligations en matière de protection et de promotion du droit international, en mettant en avant l’affirmation contestable selon laquelle les accords ne nécessitent pas le consentement du peuple sahraoui (par le biais des négociations avec le Front Polisario en tant que représentant légitime) sur la base de l’impact économique positif escompté et de la consultation d’autres organisations situées dans les territoires occupés qui ne remplissent pas le rôle de représentants légitimes.

Cependant, le véritable intérêt derrière ces «justifications procédurières» de la Commission semble être la protection des intérêts du Maroc et des classes dominantes européennes, ce qui inclut à la fois les intérêts économiques et la reconnaissance de la souveraineté territoriale du Maroc sur les territoires occupés. Dans ce scénario, nous serons toujours du côté du droit international comme seul moyen de gérer les relations internationales et de protéger la justice et l’égalité, et donc de soutenir la lutte pour la liberté du peuple sahraoui.

Comment expliquez-vous le silence de la plupart des députés européens sur le cas dramatique du peuple sahraoui qui souffre depuis des décennies de l’occupation illégale de son territoire et du pillage de ses richesses par le Maroc ?

Les relations UE-Maroc sont traversées par de multiples intérêts qui vont de l’augmentation des profits économiques des élites marocaines et européennes au renforcement des alliances pour gérer les soi-disant «flux migratoires». Fondamentalement, l’idée de la «forteresse Europe» nous confronte aux contradictions du projet européen, fondé et légitimé par la promotion des droits de l’Homme et du bien-être, mais qui ne fait pas suffisamment d’efforts pour protéger la vie et les droits fondamentaux des personnes qui tentent d’entrer en Europe. L’externalisation de ce «sale boulot» et le maintien des privilèges sont représentés par le silence de la plupart des forces politiques et des institutions européennes face à la terrible situation endurée par le peuple sahraoui et l’occupation de son territoire.

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