L’affaire Hajar Raissouni relance le débat sur l’IVG qui est encore interdit au Maroc. La jeune femme, journaliste, aurait été accusée d’avoir avorté illégalement et a été arrêtée suite à cela.
Le 31 août dernier, la journaliste de 28 ans Hajar Raissouni travaillant pour Akhbar Al Yaoum a été arrêtée près d’une clinique. La police la suspecte d’avoir avorté illégalement. En effet, au Maroc, il est interdit d’avorter à part pour de rares cas. Cette détention sera, vraisemblablement, effective jusqu’au 9 septembre. La jeune femme a été arrêtée pour «relations sexuelles illégales ayant entraîné une grossesse” et “avortement illégal.» Et non seulement la journaliste a été arrêtée mais également le médecin soupçonné d’avoir pratiqué l’IVG ainsi que son infirmier, sa secrétaire et son fiancé qu’elle épousera le 14 septembre prochain. D’après une source policière, Hajar aurait subi un avortement sous une autre identité dans cette clinique, déjà soupçonnée de pratiquer des IVG. Toujours d’après la même source, l’infirmier et la secrétaire qui ont été arrêtés aurait signé des aveux confirmant ces faits. Ils auraient même détaillé le montant des honoraires versés par la journaliste.
Quant au médecin, il aurait déclaré ne pas avoir pratiqué d’avortement, selon l’avocat de Hajar Raissouni, maître Saad Sahli. Il a expliqué avoir consulté la patiente pour un problème d’hémorragie interne. Un avortement est un acte médical et il ne peut être prouvé que par une expertise médicale. “Or, il n’y a pas d’expertise médicale à ce jour. Il y a en revanche un bulletin de consultation qui dit qu’il n’y a pas eu d’avortement.» rajoute l’avocat au média TelQuel. Chafik Chraibi, gynécologue et président de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin s’est exprimé à ce sujet : «Cette arrestation est excessive aussi bien pour la journaliste que pour le médecin. Nous avons pris l’habitude, ces dernières années, de voir beaucoup d’arrestations pour des cas d’avortement. Il y a eu beaucoup d’arrestations de médecins et d’équipes de médecins. Ce qui est exceptionnel, en revanche, c’est l’arrestation de la femme avortée.»
L’indignation sur les réseaux sociaux
Le code Penal au Maroc prévoit jusqu’à 2 ans d’emprisonement pour une femme ayant recours à l’avortement de manière illégale et de 1 à 5 ans pour les médecins pratiquant un avortement. Si l’avortement est interdit au Maroc, il n’est toléré qu’en cas de danger pour la vie de la mère. Concernant la loi pour avortement en cas de viol, d’inceste ou de malformation du bébé, elle peine à passer. Chaque année, au Maroc, on comptabilise 50 000 et 80 000 avortements clandestins.