Un éventuel rachat de Naturgy par un fonds d’investissement émirati pourrait avoir de graves conséquences sur le partenariat entre le géant pétrolier public algérien Sonatrach et l’opérateur énergétique espagnol, à en croire l’agence Reuters qui cite une source proche du dossier.

À la mi-avril, le fonds d’investissement émirati TAQA (Abu Dhabi National Energy Company) a annoncé être en négociations avec les actionnaires de Naturgy pour le rachat de leurs parts dans la société espagnole.

Selon TAQA, qui est détenu par le fonds d’investissement souverain d’Abou Dhabi ADQ, les négociations étaient engagées avec les sociétés d’investissement CVC et GIP, qui détiennent chacune 20 % du capital de Naturgy ainsi qu’avec l’actionnaire majoritaire Criteria, qui en détient 26,7 %.

Conformément à la loi espagnole, cela doit conduire à une offre publique d’achat (OPA) sur la totalité du capital de Naturgy qui est engagée dans d’importants partenariats avec l’Algérie. Elle est actionnaire dans le gazoduc Medgaz qui relie directement l’Algérie à l’Espagne et est liée avec Sonatrach par d’importants contrats de long terme de livraison de gaz.

L’éventualité de la prise du capital de la société par les Émiratis pourrait tout changer. Une source proche du dossier a déclaré lundi 6 mai à l’agence Reuters que « l’Algérie annulera ses livraisons de gaz à Naturgy si les actions de la société espagnole sont vendues à une autre société », sans citer le fonds d’investissement émirati.

Les négociations pour le rachat de Naturgy surviennent alors que les relations entre l’Algérie et les Émirats arabes unis ne sont pas au mieux.

Alger est entrée en crise avec Madrid en mars 2022 après le revirement du gouvernement espagnol sur le conflit au Sahara occidental, même si les choses se sont quelque peu détendues après la nomination d’un ambassadeur d’Algérie en Espagne en novembre dernier, suivie de la reprise du commerce extérieur entre les deux pays après une suspension de plus de 18 mois.

L’Algérie « ne livrera plus » de gaz à Naturgy en cas de son rachat par un fond émirati (Reuters)

Le gel du commerce avait toutefois épargné les livraisons de gaz et de pétrole, l’Algérie ayant plusieurs fois réaffirmé qu’elle respectera ses engagements contractuels.

La seule condition formulée par Alger pour la poursuite des livraisons était de ne pas revendre le gaz algérien au Maroc avec qui l’Algérie a décidé de rompre les relations diplomatiques.

Selon Reuters, l’Algérie est demeurée le premier fournisseur de gaz à l’Espagne pendant le premier trimestre de l’année 2024.

L’Algérie a toujours tenu à honorer son rang de fournisseur fiable de gaz à l’Europe. Elle se positionne maintenant comme un fournisseur fiable d’énergie à l’échelle mondiale.

Cet engagement a été réitéré fin avril par le ministre de l’Énergie et des Mines Mohamed Arkab lors de sa participation à Turin (Italie) à la réunion ministérielle du G7 sur le climat, l’énergie et l’environnement.

Mohamed Arkab a rappelé que l’Algérie a mis en place une stratégie pour augmenter sa production des énergies primaires, notamment le gaz naturel, avec l’engagement de garantir les livraisons sur le long terme et la réduction de l’empreinte carbone.

« L’Algérie s’est engagée à renforcer son rôle de fournisseur mondial fiable d’énergie à travers d’importants investissements dans l’exploration, la production et les infrastructures de transport de gaz », a déclaré le ministre algérien de l’Énergie.

Ces efforts, a-t-il ajouté, visent à garantir la sécurité énergétique et répondre à la demande sans cesse croissante sur l’énergie.