Ibrahim Ghali, président de la RASD : «Toute solution qui ne respecte pas la volonté du peuple sahraoui est totalement rejetée»

Le Sahara occidental reste la dernière colonie en Afrique, un dossier brûlant où se jouent le respect du droit international et les principes de la Charte des Nations Unies. Ce conflit, opposant le peuple sahraoui et son représentant légitime, le Front Polisario, à l’occupation marocaine, est soigneusement entretenu par des intérêts contraires à la volonté de la communauté internationale. L’Algérie, en tant que nation voisine et fervente défenseure des droits des peuples et de la décolonisation, maintient une position de principe : un soutien inconditionnel à la juste cause sahraouie.

Les fondements juridiques et la position sahraouie

La base de toute résolution de ce conflit est, et doit rester, le droit international. La Cour internationale de Justice (CIJ), dans son avis de 1975, a reconnu le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le Front Polisario, reconnu par l’ONU comme le représentant légitime du peuple sahraoui, incarne cette lutte pour l’indépendance à travers la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée en 1976 .

Récemment, le président Brahim Ghali a réaffirmé cette position lors d’une rencontre avec l’envoyé personnel de l’ONU, Staffan de Mistura. Il a souligné que « le Front Polisario est prêt à s’engager de manière constructive et positive dans le processus de paix parrainé par l’ONU au Sahara occidental », mais a insisté sur le fait que « la seule voie pour parvenir à une solution pacifique, juste et durable réside dans l’exercice par le peuple sahraoui de son droit imprescriptible à l’autodétermination et à l’indépendance » . Toute solution qui ne respecterait pas cette volonté est « totalement inacceptable » .

Les manœuvres illégales de l’occupant et la complicité européenne

Face à cette revendication légitime, le Maroc et certains de ses partenaires internationaux persistent dans des actions qui violent le droit international :

-Le plan d’autonomie marocain : Présenté comme une solution, ce plan n’est en réalité qu’une tentative de légitimer une occupation illégale et de contourner le principe fondamental d’autodétermination.
-L’accord illégal UE-Maroc : Récemment, le Front Polisario a condamné avec la plus grande fermeté le nouvel accord conclu entre le Conseil de l’Union européenne et le Maroc, étendant les préférences tarifaires aux produits issus du Sahara occidental occupé . Cet accord, négocié « en 5 jours, à l’insu du peuple sahraoui », constitue une violation flagrante des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne. La CJUE a en effet statué à plusieurs reprises que le Sahara occidental est un « territoire distinct et séparé du Maroc » et que tout accord le concernant nécessitait le consentement du peuple sahraoui . En signant cet accord, l’UE « fournit à l’occupant marocain les moyens de se maintenir illégalement » sur le territoire .

Le rôle crucial de la communauté internationale et les récentes dynamiques

La communauté internationale a une responsabilité immense dans la résolution de ce conflit. L’Algérie salue les positions qui privilégient le droit, à l’instar de celle de la Fédération de Russie. Récemment, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Vershinin, a rencontré Staffan de Mistura et a souligné la nécessité d’une solution finale conforme à la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité . Un tel alignement sur le cadre juridique international est essentiel pour contrer les approches unilatérales et illégales.

La MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) doit enfin être en mesure de remplir pleinement son mandat originel : l’organisation d’un référendum libre et équitable . Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit assumer ses responsabilités et prendre toutes les mesures nécessaires pour y parvenir, en mettant fin aux blocages qui paralysent le processus de paix depuis des décennies.

Conclusion : Une exigence de justice et de légalité

La position de l’Algérie est et restera constante. Elle n’est motivée par aucune ambition territoriale ou hégémonique, mais par un attachement indéfectible aux principes de la Charte des Nations Unies, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à la justice. La solution au conflit du Sahara occidental ne peut être que politique, juste et durable. Elle passe nécessairement par l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous l’égide des Nations Unies, permettant au peuple sahraoui de décider librement de son avenir, y compris de l’option de l’indépendance, conformément aux résolutions de l’ONU et de l’Union Africaine.

Toute autre voie, qu’il s’agisse de plans d’autonomie sous souveraineté marocaine ou de projets de partition, ne ferait qu’entériner une occupation illégale et perpétuer une injustice historique, avec le risque d’une déstabilisation accrue de toute la région.