PAR AMAR R.
Au lendemain de la visite à Rabat du chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné, les
Marocains, déçus, se sont amèrement interrogés sur le sens à donner à ce déplacement qui n’a pas répondu à leurs attentes sur la question du Sahara occidental. Et pour cause, le ministre français des affaires étrangères s’est seulement contenté de réitérer la position traditionnelle de Paris de soutien « clair et constant » de la France au plan d’autonomie marocain, proposé en 2007.
Mais pour le régime alaouite, cela constitue une déception tant qu’il ne s’est pas conformé au concept du « prisme » énoncé en 2022 et par lequel le makhzen appréhende ses relations bilatérales avec les pays étrangers. Ceci d’une part, et d’autre part, le ministre français a fait part du soutien de la France au plan de règlement des nations unies pour parvenir à une solution qui soit acceptable pour les parties concernées et de soutien à l’envoyé personnel du secrétaire général des nations unies au Sahara occidental, Staffan de Mistura.
Cette position équilibriste de Stéphane Séjourné ne reflète point un soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara et encore moins son soutien au plan d’autonomie comme « solution exclusive », mais souligne en filigrane que le plan d’autonomie serait l’une des solutions possibles au conflit. Le message est reçu « cinq sur cinq » par le makhzen et ses affidés qui le jugent comme une tentative de « tenir le bâton par le milieu », dans une
question « existentielle ».
Position pas conforme au «prisme»
Et même si le ministre français affirme que la France soutiendra le développement du Sahara, il a feint d’ignorer de se conformer à ce « prisme », parce qu’il n’est question pour le
moment que de l’ouverture de deux écoles françaises et d’un centre culturel itinérant tenu sous la bannière de son pays. Cela dit, nombreux sont ceux qui se sont demandé pourquoi
avoir donné l’approbation par le Maroc à la visite du ministre français des affaires étrangères qui n’aura pas été chaleureuse en dépit des « prémices » d’une réconciliation qui repose sur une position « plus avancée » sur le conflit du Sahara occidental.
Dans ce cadre, l’on retient la visite de trois sœurs du souverain chérifien à Paris qui ont été
reçues par la première dame de France. Finalement, l’on se résout à penser qu’à travers cette visite du chef de sa diplomatie, la France vise les grands marchés du royaume où elle tient déjà les rênes de l’économie à travers les grandes entreprises présentes dans les secteurs clés, les grands projets comme le TGV, et vise à élargir son champ culturel.
De victoire, il n’y en a eu guère pour le makhzen, qui multiplie les victoires illusoires. Celui-ci est passé à côté d’une reconnaissance riche en superlatifs, à l’instar de celle formulée par son voisin du nord à son projet d’autonomie mort-né. Mais que de chimères qui ne lui seront pas forcément utiles dans un monde en pleine mutation, où le sud global est en train de révolutionner les relations internationales grâce à son soutien aux causes justes, dont celle du peuple sahraoui.
A. R.