Le Maroc altère les propos de Lavrov pour faire croire à un soutien à son plan d’autonomie

Le Maroc altère les propos de Lavrov pour faire croire à un soutien à son plan d’autonomie

Par Kamel M. – La mission du ministre marocain des Affaires étrangères à Moscou, ce jeudi, s’est soldée par un échec manifeste, rapidement occulté par une campagne de désinformation orchestrée par le Makhzen, visant à présenter une convergence de vues entre la Russie et le Maroc sur le dossier sahraoui.

En effet, alors que les autorités marocaines tentaient de faire passer les propos du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, comme une adhésion à la position marocaine, la réalité est tout autre. Dans ses déclarations, Lavrov a fermement réaffirmé l’engagement de la Russie à respecter les résolutions de l’Organisation des Nations unies et à soutenir la légalité internationale concernant le conflit du Sahara Occidental. Cette prise de position claire dément toute prétendue complicité avec le plan d’autonomie marocain, et confirme que Moscou maintient une neutralité de principe en appui au processus onusien.

Face à ce revers diplomatique, le Makhzen a donc déployé ses outils de propagande, savamment orchestrés depuis le palais royal, afin de redorer son image et de convaincre l’opinion publique intérieure d’un prétendu rapprochement stratégique avec la Russie. La communication officielle insiste ainsi sur le développement d’une coopération bilatérale prétendument «stratégique», visant à renforcer les liens économiques et militaires entre les deux pays. Pourtant, cette narration idyllique ne résiste guère à l’analyse concrète des échanges et des intérêts réels.

Dans les faits, la Russie ne perçoit pas le Maroc comme un partenaire de premier ordre. L’économie marocaine, en particulier ses exportations agricoles, notamment les produits génétiquement modifiés (OGM) rejetés par une large part de l’Union européenne, constitue le principal levier d’échanges commerciaux. Or, ce commerce a connu une nette rupture lorsque Moscou a accueilli une délégation sahraouie à Moscou, geste diplomatique fort témoignant du soutien russe à la cause sahraouie et à la lutte pour l’indépendance du peuple sahraoui. Ce fait incontestable illustre l’écart profond entre les prétentions marocaines et la réalité des relations russo-marocaines.

Quant à la coopération militaire, qualifiée par le Makhzen de partenariat stratégique, elle demeure en réalité très limitée. La Russie se montre particulièrement prudente dans la vente d’armements sophistiqués, adoptant la même approche prudente que les Etats-Unis, en réservant ses ventes aux Etats avec lesquels elle entretient une confiance totale, au premier rang desquels l’Algérie. Le régime marocain, fortement inféodé aux Etats-Unis, à la France et à Israël, ne bénéficie pas de cette confiance. Par conséquent, les échanges militaires se limitent à des ventes de matériel non stratégique, notamment des munitions légères, confirmant le rôle secondaire du Maroc dans la stratégie russe en Afrique du Nord.

Ce voyage de Nasser Bourita à Moscou révèle les failles du positionnement marocain sur la scène internationale. La tentative de Rabat de s’appuyer sur un soutien russe à son projet d’autonomie sahraouie s’est heurtée à la fermeté de la diplomatie moscovite, attachée au respect du droit international. Tandis que le Makhzen s’efforce de masquer cette défaite par une communication malhabilement manipulée, la réalité des relations russo-marocaines demeure marquée par une méfiance réciproque et un déséquilibre manifeste dans les intérêts partagés.

La Russie poursuit une stratégie pragmatique, privilégiant des partenariats solides et cohérents, dont l’Algérie constitue le principal exemple dans la région.

K. M.

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