Le Maroc et Israël, deux faces d’un même crime colonial: on ne peut pas condamner l’occupation israélienne en Palestine et, en même temps, justifier ou légitimer l’occupation marocaine au Sahara Occidental

Le Maroc et Israël, deux faces d’un même crime colonial: on ne peut pas condamner l’occupation israélienne en Palestine et, en même temps, justifier ou légitimer l’occupation marocaine au Sahara Occidental


L’occupation israélienne en Palestine et l’occupation marocaine au Sahara Occidental partagent murs, colonisation et répression ; deux projets coloniaux jumeaux que la communauté internationale ne peut condamner à moitié sans sombrer dans l’hypocrisie.


En Palestine comme au Sahara Occidental, l’histoire se répète : deux peuples dépouillés de leur terre, soumis aux murs, à la répression et à la colonisation. Le Maroc et Israël apparaissent ici comme deux faces d’une même médaille, unis par une stratégie commune d’occupation et de faits accomplis, et soutenus par l’hypocrisie internationale. Dénoncer l’un et légitimer l’autre n’est pas de la cohérence : c’est de la complicité.

Le cœur du reproche réside dans une contradiction flagrante : on ne peut pas condamner l’occupation israélienne en Palestine et, en même temps, justifier ou légitimer l’occupation marocaine au Sahara Occidental. Celui qui se proclame solidaire du peuple palestinien doit l’être également du peuple sahraoui, car tous deux résistent au même modèle de colonialisme armé.

Le Maroc et Israël sont, à bien des égards, le reflet l’un de l’autre. Tous deux nient les droits nationaux de peuples entiers, tous deux érigent des murs de la honte, tous deux transforment l’occupation en business. Israël morcelle la Cisjordanie avec un mur d’apartheid et enferme les Palestiniens dans des bantoustans ; le Maroc maintient au Sahara Occidental le plus long mur militaire du monde après la Grande Muraille de Chine, truffé de millions de mines antipersonnel et conçu pour diviser les familles sahraouies. Deux murs, un même objectif : enfermer les peuples colonisés et verrouiller le pillage de leurs ressources.

L’alliance entre Rabat et Tel-Aviv n’est pas symbolique, elle est matérielle et mortelle. Israël a fourni au Maroc des technologies d’espionnage, des systèmes de surveillance et des drones militaires qui sont aujourd’hui utilisés contre les combattants et la population sahraouie depuis la reprise de la guerre en novembre 2020. Les mêmes armes qui ravagent Gaza sont testées dans le désert du Sahara Occidental. L’occupation de la Palestine et celle du Sahara s’alimentent mutuellement.

Il n’est pas non plus fortuit que les deux régimes fondent leurs crimes sur le mensonge. Israël nie l’existence même du peuple palestinien pour justifier la colonisation ; le Maroc invente de faux droits historiques sur le Sahara pour couvrir ce qui n’est qu’une annexion illégale. La propagande, dans les deux cas, vise à effacer le colonisé et à se présenter comme propriétaire légitime de ce qui ne lui appartient pas.

L’hypocrisie internationale est criante. Des gouvernements et partis qui dénoncent Israël à Gaza signent en même temps des contrats avec Rabat, soutiennent le plan d’autonomie marocain et se taisent face à la répression à El Aaiún ou Dakhla. Il n’y a pas de cohérence possible à condamner le « Grand Israël » et à applaudir le « Grand Maroc ». Cette double morale transforme les discours sur les droits humains en pure complicité avec le colonialisme.

La convergence entre le Maroc et Israël va même au-delà du terrain militaire. Les deux régimes ont fait du pillage économique un pilier de leurs occupations : Israël contrôle l’eau, les terres fertiles et les ressources naturelles palestiniennes, tandis que le Maroc pille les phosphates de Boucraâ, les zones de pêche et l’énergie éolienne du Sahara Occidental occupé. Dans les deux cas, des entreprises étrangères deviennent complices, générant des profits pour les occupants au détriment de la misère des peuples colonisés.

À cela s’ajoute la répression systématique contre ceux qui osent résister. En Palestine, Israël maintient des milliers de prisonniers politiques, y compris des enfants, dans ses prisons. Au Sahara Occidental, le Maroc emprisonne des dizaines d’activistes sahraouis, comme ceux du groupe de Gdeim Izik, condamnés lors de procès truqués fondés sur des aveux arrachés sous la torture. Deux faces d’une même stratégie : briser la dignité de ceux qui réclament leurs droits nationaux.

Mais l’élément le plus révélateur reste peut-être la colonisation de population. Israël expulse et déplace les Palestiniens tout en construisant des colonies pour y installer ses propres citoyens sur des terres volées, cherchant à effacer les habitants originels par la politique du fait accompli. Le Maroc agit de la même manière au Sahara Occidental : après la « Marche Verte », il a encouragé l’arrivée massive de colons marocains dans les villes occupées, jusqu’à transformer les Sahraouis en minorité dans leur propre pays. Cette politique de substitution démographique est une forme de génocide silencieux, conçue pour diluer l’identité nationale et rendre impossible l’autodétermination.

La conclusion est claire : la Palestine et le Sahara Occidental font partie d’une même lutte. Leurs peuples partagent la blessure de l’occupation, du mur, de l’exil et de la répression, mais aussi la force de la résistance et l’espoir de l’autodétermination. Défendre la cause palestinienne tout en taisant la cause sahraouie n’est pas de la solidarité, c’est de l’incohérence. Celui qui veut vraiment être contre le colonialisme doit l’être partout : à Gaza, en Cisjordanie et au Sahara Occidental.

Car la justice n’admet pas d’exceptions. Il n’y a pas « de bonnes occupations » ni « d’occupations tolérables ». Le colonialisme est toujours un crime, et la solidarité doit être indivisible. Aujourd’hui, soutenir le peuple palestinien exige aussi de défendre le peuple sahraoui. Et demain, lorsque les deux peuples seront libres, nous pourrons dire que la cohérence militante aura vaincu l’hypocrisie et que la vérité se sera imposée face au mensonge colonial.

PLATAFORMA «NO TE OLVIDES DEL SAHARA OCCIDENTAL»