Londres, 12 oct 2017 (SPS) Le procès des détenus politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik était «inique» et répondait «à des fins politiques», ont affirmé deux observatrices internationales dans leurs rapports, ajoutant que les aveux des accusés avaient été obtenus «sous l’effet de la torture».
Le rapport de Mme Tone Sorfonn Moe, présente au procès, intitulé «Le procès 2017 des prisonniers politiques du Sahara Occidental» (279 pages), et celui de la militante pour les droits de l’homme, Isabel Lourenço, sous le thème «Cas Gdeim Izik» (277 pages) repris par l’APS, ont évoqué le déroulement du procès politique, la torture et l’absence de preuves suffisantes contre les accusés.
Selon les deux rapports, le tribunal de l’occupant marocain avait prononcé en juillet dernier des peines allant jusqu’à la perpétuité contre des militants sahraouis «défendant l’indépendance du Sahara Occidental conformément au droit international».
Les militants sahraouis ont été arrêtés en 2010 à l’issue de manifestations de protestation contre la tentative marocaine de démantèlement par la force du camps de Gdeim Izik au Sahara occidental.
L’observatrice norvégienne, Tone Sorfonn Moe, a indiqué dans son rapport que le «droit international et la suprématie de la loi n’ont pas été respectés dans le procès dudit groupe», faisant remarquer que le «rapport du médecin légiste n’a été soumis ni au tribunal ni au collectif de défense. Les avocats «n’ont pas été informés des circonstances des prétendus assassinats», a-t-elle ajouté.
Selon l’auteur du rapport, il y a des «indices claires» montrant que «les 23 détenus sahraouis ont été torturés en prison, se référant aux déclarations de plusieurs avocats en audience. Elle a ajouté dans ce contexte que les «détenus sahraouis ont signé des aveux sous la torture» et subi entre autres des privations de sommeil, le viol et la gégène.
Le document mentionne l’absence de preuves, l’interruption répétée du Procureur général et de l’avocat de la défense qui a exploité des preuves non fiables. Les témoins de la défense ont par ailleurs été empêchés de comparution.
«Aucune photo de la scène du crime n’a été présentée devant le tribunal comme preuve, ni même des preuves sur les armes utilisées dans le crime, des empreintes ou voire une analyse ADN et l’accusation est fondée sur les aveux des témoins du procureur général, six ans après les évènements de Gdeim Izik», a ajouté Mme Tone Sorfonn Moe.
«Le tribunal a condamné les accusés en l’absence de preuves suffisantes», a-t-elle précisé, arguant «qu’aucune preuve matérielle confirmant les crimes reprochés aux accusés n’a été fournie».
La militante portugaise des droits de l’homme, Isabel Lourenço a fait la même déduction que celle mentionnée par Sorfonn Moe, dans son rapport qui qualifie le procès de «partial et inique».
Parmi les exemples fournis, la militante a cité «la subjectivité de la traduction qui traduisait le mot accusés par assassins et l’interdiction d’accès des Sahraouis au tribunal», affirmant «l’absence du pouvoir judiciaire» lors de ce procès.
Aucun nom des nombreux témoins appelés par le procureur général, sept ans après les évènements de Gdeim Izik, ne figure sur les rapports de police, et les Sahraouis ayant dit avoir été victimes de torture n’ont bénéficié d’expertise médicale que plusieurs années après.
«Il n’y a rien d’étonnant» à ce que les médecins marocains ne parviennent pas à certifier les actes de tortures, selon le rapport, indiquant que «le Maroc en tant que force d’occupation ne dispose pas de l’autorité juridique dans cette affaire», et les Sahraouis devaient comparaitre devant un tribunal sahraoui et être jugés selon les lois en vigueur au Sahara occidental.
«Les détenus de Gdeim Izik doivent être considérés comme des détenus politiques», leur procès ayant été inique, a-t-elle conclu. (SPS)
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