Le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU : «Le peuple sahraoui continuera sa lutte jusqu’à l’indépendance»

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D.R

Le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies, Sidi Mohamed Omar, a réitéré, mercredi, la détermination du peuple sahraoui à poursuivre sa lutte contre l’occupant marocain, pour arracher sa liberté et son indépendance.

«Aujourd’hui, nous commémorons le 47e anniversaire de notre lutte armée qui a commencé en 1973 contre le colonialisme espagnol et se poursuit aujourd’hui contre l’occupation par le Maroc de certaines parties de notre terre», a écrit le diplomate sahraoui sur son compte twitter, à l’occasion du 47e anniversaire du déclenchement de la lutte armée (20 mai 1973).
«Quelle que soit la durée de la lutte, le peuple sahraoui continuera de lutter pour sa liberté et son indépendance», a-t-il soutenu. La date du 20 mai 1973 demeure un évènement historique pour les Sahraouis qui avaient décidé, ce jour-là, sous la houlette du Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraoui, de prendre les armes pour arracher leur indépendance face à l’occupation d’abord espagnole et ensuite contre le Maroc, qui avait envahi les territoires sahraouis en 1975. A cette date, un groupe de combattants sahraouis avait décidé d’attaquer le poste espagnol d’El Khanga, à l’est de la ville de Smara.
Cette opération annonçait alors le déclenchement de la lutte armée dans le Sahara occidental, suivant les résolutions prises dix jours avant, soit le 10 mai, lors du congrès constitutif du Front Polisario qui avait décrété dans son texte fondateur que «c’est par le fusil que la liberté sera arrachée».

«Les richesses du Sahara occidental  occupé n’ont pas fini d’aiguiser  les appétits de l’Europe.»

Les richesses considérables du Sahara Occidental «n’ont pas fini d’aiguiser les appétits» de l’Europe qui ne joue pas complètement la carte de la transparence et du droit international, a affirmé l’économiste belge, Xavier  Dupert, relevant que l’action du Front Polisario met de plus en plus à mal l’unilatéralisme franco-marocain dans la région. Xavier  Dupert, économiste auprès de la Fondation Jacquemotte à Charleroi et militant syndical, a expliqué, dans une analyse intitulée : «Le point sur la spoliation économique du Sahara Occidental» reprise mercredi par plusieurs médias, qu’«il subsiste en Afrique un territoire considéré par les Nations unies comme non autonome, c’est-à-dire dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes». «Il s’agit du Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique», a-t-il soutenu. Dans sa contribution, M.  Dupert a relevé que le Sahara Occidental «n’est pas, loin s’en faut, un désert économique».
Il a indiqué que les exportations de phosphate sahraoui des dernières années ont généré pour le Maroc un revenu annuel d’environ 200 millions de dollars US en moyenne, provenant d’une mine qui ne lui appartient pas.
«Le phosphate constitue une ressource stratégique pour les économies contemporaines. Sans le phosphate, pour lequel il n’existe aucun produit de substitution, il est impossible de fabriquer les engrais indispensables à l’agriculture moderne», a-t-il souligné. De ce point de vue, ajoute-t-il, «le Sahara Occidental constitue une terre d’avenir». L’Institut d’études géologiques des Etats-Unis, un organisme public chargé notamment d’une mission de veille des ressources géologiques stratégiques, a évalué, en janvier 2020, les réserves commercialement exploitables de phosphate dans le monde. Il apparaît que ces dernières sont de 69 milliards de tonnes et que plus de 72% de ces dernières (50 milliards de tonnes) se trouvent sur le territoire marocain, y compris le Sahara Occidental annexé illégalement. En 1975, les réserves propres de phosphate du Sahara Occidental étaient estimées à 10 milliards de tonnes.
«Depuis, l’opacité la plus complète règne en ce qui concerne la répartition exacte des réserves de phosphate entre le Maroc et la partie du Sahara occidental occupée en violation du droit international», a-t-il souligné. «Les richesses du Sahara Occidental n’ont donc pas fini d’aiguiser les appétits. Mais la stratégie d’action judiciaire du Front Polisario met de plus en plus à mal l’unilatéralisme franco-marocain dans la région», a affirmé M. Dupert. Or, la pression politique du Front Polisario sur la filière du phosphate a commencé à porter ses fruits.
«Les groupes privés important des phosphates depuis le Sahara Occidental violent les Principes directeurs sur les Droits de l’Homme et les entreprises adoptés par l’ONU et cela représente un risque pour leur image, [d’après Erik Hagen, de l’association Western Sahara Resource Watch, qui relève que] sur les 15 entreprises qui importaient des phosphates sahraouis en 2012, il en restait neuf en 2016. Et l’année prochaine, elles ne seront plus que trois. Même le canadien Potash Corp pourrait bientôt se tourner vers d’autres fournisseurs»». Le secteur de la pêche constitue, à ce sujet, un exemple méritant d’être analysé.
En effet, affirme-t-il, la pêche représente 70% de l’activité économique du Sahara Occidental et «lorsque l’UE a accordé 70 millions de dollars au Maroc pour développer le secteur de la pêche, Rabat a dépensé la majeure partie de ce subside au Sahara Occidental». «La chose n’a rien d’étonnant au regard des impressionnantes ressources halieutiques des eaux sahraouies», a-t-il expliqué, relevant que «l’accord de 2012 avait pour caractéristique d’inclure le Sahara Occidental dans son champ d’application et légitimait donc indirectement l’occupation marocaine». A ce propos, la Cour de Justice de l’Union Européenne a statué que «l’inclusion du territoire du Sahara Occidental dans le champ d’application de l’Accord de pêche enfreindrait plusieurs règles de droit international général applicables dans les relations entre l’Union et le Royaume du Maroc, notamment le principe d’autodétermination».
Le territoire sahraoui dispose également de réserves hydrologiques importantes. La façade atlantique du pays reposerait, d’ailleurs, sur un immense lac souterrain équivalant à près d’un quart de la superficie de la France, selon l’analyse. On notera, toutefois, que l’agro-industrie marocaine surexploiterait les réserves d’eau du pays, spécialement dans la région de Dakhla occupée.

La France, un belligérant actif dans le conflit

L’économiste a souligné dans son analyse que la nature coloniale de la domination sur le Sahara Occidental se discutera d’autant moins, a-t-il dit, que l’implication de la France dans le conflit est une constante depuis le retrait espagnol. «L’implication des services français dans l’organisation de la Marche verte a déjà été mentionnée», a-t-il relevé.
D’autres faits permettent davantage encore de souligner le rapport de la question sahraouie avec le colonialisme que l’on croirait, à tort, mort et enterré depuis l’ère des indépendances africaines de la deuxième moitié du XXe siècle. «On relèvera, tout d’abord, que la France fut un belligérant actif dans le conflit au Sahara Occidental. C’est ainsi qu’entre décembre 1977 et juillet 1978, Paris a dirigé l’opération Lamantin dans laquelle l’aviation française a été mobilisée pour repousser les combattants sahraouis qui tenaient tête, avec succès, aux forces mauritaniennes», a encore indiqué l’expert.
Pour M.  Dupert, le colonialisme, comme expérience historique, ne renvoie, par ailleurs, pas qu’à des dimensions politico-diplomatiques. «La spoliation économique occupe, en effet, un rôle prépondérant dans le phénomène colonial. Il en constitue même l’épine dorsale». «Cette donnée se vérifie spécialement dans le cas français. Le fait colonial a de nombreux et ardents partisans dans les milieux politiques, intellectuels, et industriels de la France du Second Empire», a-t-il soutenu.

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