L’échec de la diplomatie marocaine au Sahel

L’échec de la diplomatie marocaine au Sahel

Lecture commentée de l’article d’Africa Intelligence : “Sahara occidental : le maigre retour sur investissement de Rabat avec les juntes sahéliennes” (13/11/2025)

Aujourd’hui, 13 novembre 2025, nous analysons en profondeur un reportage essentiel publié par Africa Intelligence, qui met en lumière un fait embarrassant pour Rabat : malgré des années d’efforts diplomatiques dans le Sahel, ni le Mali, ni le Burkina Faso, ni le Niger n’ont accepté de reconnaître la prétendue “souveraineté” du Maroc sur le Sahara Occidental. L’activisme intensif du Makhzen s’est heurté à une réalité solide : en Afrique, la cause sahraouie reste fermement ancrée dans le droit international et dans la tradition diplomatique du continent.

1. Une offensive diplomatique marocaine sans résultat

L’article original —« Sahara occidental : le maigre retour sur investissement de Rabat avec les juntes sahéliennes », publié le 13/11/2025— explique que Rabat avait placé de grands espoirs dans l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le calcul était évident : profiter de l’isolement diplomatique des juntes militaires pour obtenir un geste politique décisif sur le dossier du Sahara Occidental.

Mais le constat dressé par Africa Intelligence est catégorique : aucun de ces trois pays n’a modifié sa position historique.
Ni Bamako, ni Ouagadougou, ni Niamey n’ont repris à leur compte le récit marocain. Et cela malgré des initiatives répétées, des médiations régionales et une offre constante de “coopération sécuritaire renforcée”.

2. Le Mali : la priorité… devenue la plus grande déception

Selon l’enquête, le cas du Mali concentrait les plus grandes attentes. Après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, le Maroc a multiplié les gestes envers le colonel Assimi Goïta, espérant exploiter les tensions entre Bamako et Alger pour arracher un revirement diplomatique sur le Sahara Occidental.

Mais ce pari s’est avéré perdant. Goïta a réaffirmé —“à plusieurs interlocuteurs”, selon Africa Intelligence— qu’il ne reconnaîtra pas la “souveraineté” marocaine, rappelant que le conflit dépasse les intérêts du Mali.

Pour Rabat, il s’agit d’un revers symbolique important : le pays dans lequel il investissait le plus se refuse à légitimer une occupation que l’ONU continue de qualifier de territoire non autonome en attente de décolonisation.

3. Burkina Faso et Niger : une continuité diplomatique sans fissures

L’article souligne que ni le capitaine Ibrahim Traoré (Burkina Faso) ni le général Abdourahamane Tchiani (Niger) n’ont dévié de la ligne diplomatique traditionnelle de leurs États. Les deux dirigeants maintiennent leur respect du droit international et refusent de figurer parmi la liste —déjà contestée— des pays que Rabat présente comme “reconnaissant” son plan illégal.

Le message envoyé à Rabat est limpide : même des régimes militaires isolés, aux prises avec des difficultés internes et en quête d’alliances alternatives, refusent de cautionner l’occupation du Sahara Occidental.

L’Afrique demeure fidèle à la doctrine de l’OUA/UA : respect des frontières héritées de la colonisation et rejet des modifications territoriales imposées par la force.

4. Une stratégie coûteuse qui ne peut acheter la légitimité

Pour Africa Intelligence, il s’agit d’un “demi-échec”.
Du point de vue du droit international, c’est un échec complet.

Depuis des années, Rabat :

  • déploie une diplomatie d’influence coûteuse,
  • se présente comme médiateur auprès des juntes,
  • cherche à se poser en interlocuteur incontournable,
  • propose une coopération sécuritaire clé en main.

Mais un élément essentiel échappe à la diplomatie marocaine : aucun investissement ne peut acheter ce qui n’existe pas — la légitimité d’une occupation illégale.

Le continent africain connaît parfaitement le dossier du Sahara Occidental, son statut juridique et le principe fondamental du droit à l’autodétermination.

5. Nouveau mouvement de Rabat : la conférence de décembre

Selon l’enquête, Rabat prévoit d’inviter les trois pays de l’AES à la Conférence sur les victimes africaines du terrorisme, qui se tiendra en décembre dans la capitale marocaine.

Objectif officiel : créer une plateforme de dialogue entre les régimes sahéliens et certaines capitales occidentales.
Objectif réel : maintenir la pression diplomatique pour obtenir un geste politique sur le Sahara Occidental.

Mais, à en juger par la tendance décrite, aucune concession majeure ne devrait en surgir.

6. Conclusion : un nouveau revers pour la stratégie africaine du Makhzen

La lecture de l’article d’Africa Intelligence conduit à une conclusion claire : la diplomatie marocaine se heurte à ses limites, notamment en Afrique, où la légalité internationale prime et où le Sahara Occidental reste un symbole politique majeur.

Malgré ses efforts, ses médiations et ses investissements, Rabat ne parvient pas à modifier l’architecture diplomatique du continent. La résistance africaine demeure solide, fidèle au droit international et au principe d’autodétermination.

Et pendant que le Maroc accumule les revers diplomatiques sur le continent, le peuple sahraoui, lui, conserve le soutien du droit et de l’Afrique — le soutien de ceux qui connaissent le mieux l’histoire de ce conflit et ses implications.


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