Conseil de sécurité : Washington modifie la forme mais pas le fond du projet de résolution sur le Sahara Occidental
Les dernières consultations à huis clos du Conseil de sécurité ont abouti à une nouvelle version du projet de résolution américain concernant le renouvellement du mandat de la MINURSO, dont le vote est prévu pour le jeudi 30 octobre. D’après les informations obtenues par ECSaharaui à New York, les États-Unis ont procédé à des ajustements de langage — supprimant la mention du plan marocain d’autonomie comme “unique base” de négociation —, mais le fond politique reste inchangé : maintenir la logique de l’autonomie sous souveraineté marocaine tout en évitant toute référence explicite au référendum d’autodétermination.
Le Front POLISARIO a immédiatement réagi par un communiqué officiel rejetant l’intégralité du texte et avertissant qu’il ne participera à aucun processus politique ni à aucune négociation fondés sur une proposition visant à légitimer l’occupation ou à vider de son contenu le droit à l’autodétermination. La Russie et la Chine ont également fait part de leurs réserves sur l’orientation américaine et exigé des modifications avant le vote. Le nouveau texte, qui prolonge le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 janvier 2026, introduit pour la première fois une mention sur l’enregistrement des réfugiés sahraouis et un appel au cessez-le-feu, mais il conserve, selon les diplomates sahraouis, les ambiguïtés qui compromettent l’essence même du processus de décolonisation.
Exclusif | Les consultations à huis clos des membres du Conseil de sécurité débouchent sur la rédaction d’un nouveau projet de résolution concernant le Sahara Occidental
ECSAHARAUI – 27 octobre 2025
Drapeaux de la République sahraouie dans le camp de réfugiés de Smara, photo d’archives du 30 novembre 1998. Le conflit du Sahara Occidental demeure non résolu. © ES / Anadolu Agency / REUTERS
NEW YORK (ECS) – Le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu une deuxième séance extraordinaire à huis clos sur le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
Selon des sources exclusives de ECSaharaui, la délégation des États-Unis à New York a distribué le vendredi 24 octobre au soir un nouveau projet de résolution, rédigé différemment et comportant de légères modifications sur les points de désaccord.
Le texte actuellement débattu recommande de prolonger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 janvier 2026. Il mentionne le plan d’autonomie marocain, mais non plus comme la seule base d’un règlement du conflit, reconnaissant qu’il existe d’autres propositions sans les citer explicitement.
Le document américain, révisé dans sa terminologie, supprime toute référence directe au plan marocain comme “unique base” pour parvenir à une solution politique, ce qui laisse place à une certaine ambiguïté politique.
À l’issue de la réunion de vendredi, la délégation américaine a officiellement diffusé la nouvelle version, dont ECSaharaui a obtenu copie. Son préambule énumère les résolutions pertinentes de l’ONU, suivi de cinq points essentiels : la référence à l’autonomie avec suppression de l’expression “comme seule solution et base de négociation”, l’accueil d’autres propositions au-delà du cadre marocain, un appel explicite au cessez-le-feu entre le Front POLISARIO et le Maroc, le plein soutien aux agences humanitaires, ainsi qu’une référence inédite à l’enregistrement des réfugiés sahraouis et à la nécessité d’engager des négociations directes sans conditions préalables.
Le Front POLISARIO a réagi de manière claire et ferme, rejetant totalement le contenu du texte et menaçant de boycotter tout processus politique ou de négociation si la résolution était adoptée sans tenir compte de ses remarques. Cette position avait déjà été exprimée dans une lettre du 23 octobre 2025 adressée par son représentant auprès de l’ONU, Sidi Mohamed Omar, au président du Conseil, Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie, afin qu’elle soit transmise à l’ensemble des membres.
Dans cette lettre, le Front POLISARIO qualifiait le projet américain de “dérive grave et sans précédent du droit international et d’affaiblissement des fondements du processus de paix” conduit par l’ONU au Sahara Occidental. Cette position a conduit la Russie et la Chine à exprimer leurs inquiétudes et à demander des amendements substantiels avant le vote prévu jeudi prochain.
En définitive, l’approche américaine, telle que reflétée dans le projet de résolution, demeure une source majeure de tension en Afrique du Nord et une menace pour la paix et la stabilité régionales et internationales.
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