6 septembre 2025 – N’OUBLIE PAS LE SAHARA OCCIDENTAL
Le conseiller de Donald Trump pour les affaires arabes et du Moyen-Orient, Massad Boulos, a une fois de plus confirmé la complicité des États-Unis avec le Maroc dans la question du Sahara Occidental. Après sa rencontre vendredi à New York avec l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, Boulos a écrit sur son compte X qu’« une autonomie authentique sous souveraineté marocaine est la seule solution viable pour le Sahara Occidental ». Une phrase directement tirée de la rhétorique officielle de Rabat, qui démontre comment Washington recycle la propagande coloniale marocaine sous une nouvelle formule.
Ce qui frappe, c’est que cette invention terminologique de « l’autonomie authentique » arrive à peine quelques semaines après que Boulos, lors d’une visite à Alger, avait soigneusement évité de fermer la porte à la puissance régionale qui soutient le Front Polisario. Il avait alors parlé de « dialogue » et de « coopération avec l’Algérie ». Aujourd’hui, il reprend mot pour mot les positions marocaines avec un emballage diplomatique nouveau qui ne trompe personne : autonomie sous souveraineté marocaine signifie annexion et négation du droit international.
Le peuple sahraoui et son représentant légitime, le Front Polisario, ont toujours rappelé qu’aucune solution n’est acceptable si elle exclut l’option de l’indépendance dans un référendum supervisé par l’ONU. Cela a été confirmé par l’Avis consultatif de la Cour internationale de Justice de 1975, par les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, par l’Union africaine, par les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne et par la jurisprudence de la Cour africaine des droits de l’homme. Toutes convergent : le Maroc n’a aucune souveraineté sur le Sahara Occidental et la décolonisation ne peut se résoudre que par l’autodétermination du peuple sahraoui.
Le revirement de langage de Boulos — du ton conciliateur à Alger à « l’autonomie authentique » à New York — confirme ce que l’on soupçonnait déjà : les États-Unis veulent jouer sur deux tableaux. D’un côté, ils soutiennent ouvertement le plan d’annexion marocain ; de l’autre, ils évitent de rompre avec l’Algérie, acteur incontournable de l’équilibre régional et partenaire énergétique majeur. Mais cette ambiguïté calculée ne règle rien : elle ne fait que prolonger la souffrance du peuple sahraoui et révèle encore une fois que Washington préfère sacrifier le droit international sur l’autel de ses intérêts géopolitiques.
À la veille du 50e anniversaire de l’invasion marocaine, le peuple sahraoui n’a pas besoin de formules empoisonnées comme « l’autonomie authentique ». Il a besoin de justice, de liberté et du référendum que l’ONU a promis et que le Maroc bloque depuis plus de trente ans.
Note : Dans sa déclaration, Massad Boulos a utilisé l’expression « genuine autonomy », traduite en français par « autonomie authentique ». Il s’agit d’une nouvelle variation lexicale dans le discours diplomatique américain et marocain. Alors que Rabat avait longtemps imposé les termes d’une « solution sérieuse, réaliste et crédible », Washington introduit désormais la notion d’« authenticité », sans pour autant s’écarter de l’objectif de nier au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination tel que consacré par le droit international et les résolutions des Nations Unies.