Maroc : Paris veut booster ses investissements au Sahara occidental

Maroc : Paris veut booster ses investissements au Sahara occidental
Le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, et son homologue marocain, Nasser Bourita, à Rabat le 26 février 2024. © Fadel Senna/AFP

À défaut de faire évoluer radicalement sa position sur le territoire disputé, le Quai d’Orsay encourage désormais les groupes français à y placer leurs pions.

Malgré l’absence de reconnaissance formelle de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par la France, un feu vert a été donné mi-mars aux acteurs français du financement, Bpifrance et Proparco. Ceux-ci ont obtenu l’assentiment du Quai d’Orsay pour l’extension de leur champ d’action jusqu’à la frontière avec la Mauritanie, après l’analyse par le cabinet de Stéphane Séjourné des risques politiques, socio-économiques et juridiques d’une telle décision.

Les Journées économiques Maroc-France organisées début 2024, à Nantes (Loire-Atlantique), par la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) laissaient déjà présager la volonté de Paris d’avancer ses pions au Sahara occidental à travers l’angle du partenariat économique. À cette occasion étaient conviés trois Centres régionaux d’investissement (CRI) : Guelmim-Oued-Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla Oued Eddahab.

Opportunités pléthoriques.

Quelques semaines plus tard, le représentant de la diplomatie française à Rabat, Christophe Lecourtier, s’était rendu en personne à Guelmim (230 km au nord du Sahara occidental) pour y inaugurer la nouvelle antenne de la CFCIM (AI du 29/01/24). Dans le même temps, le dispositif culturel et multimédia itinérant Bibliotobiss mis en place par l’Institut français s’aventurait pour la première fois sur ce territoire.

L’annonce fin 2023 par le roi Mohammed VI de la volonté du Maroc de développer la façade atlantique a suscité un vif engouement des acteurs économiques internationaux autour des projets localisés dans le Sahara occidental. Usines de dessalement, production d’hydrogène vert, construction du port de Dakhla-Atlantique, autoroute électrique Dakhla-Casablanca, exportations agroalimentaires… Les opportunités business sont pléthoriques, et Paris ne veut pas se laisser damer le pion par les investisseurs émiratis, américains ou chinois, déjà bien engagés.

La visite imminente du ministre du commerce extérieur français, Franck Riester, début avril (AI du 28/03/24), puis celle du locataire de Bercy, Bruno Le Maire, fin avril (AI du 23/02/24), rrenforcent le caractère économique de la stratégie diplomatique française à l’égard du Maroc. Si Rabat n’a pas renoncé à faire évoluer Paris sur le Sahara occidental dans le sens d’un alignement sur les positions américaine et espagnole, comme lors de la visite d’Emmanuel Macron, prévue avant l’été, la France mise pour l’heure sur des avancées concrètes sur le plan économique.

Engie, poisson pilote tricolore.

Au Sahara occidental, c’est le leader français de l’énergie Engie qui jouait jusqu’à présent le rôle de poisson pilote pour Paris sur les gros projets d’infrastructures. Depuis 2019, la firme y construit l’usine de dessalement de Dakhla, alimentée à l’éolien (AI du 13/12/18). Sans possibilité de recours aux instruments classiques de financement français, le groupe avait alors opté pour un financement en fonds propres à parts égales avec son allié sur le projet, Nareva, filiale énergétique de la holding royale Al Mada. Avec, désormais, le soutien du Quai d’Orsay, le groupe lorgne déjà le projet d’autoroute électrique Dakhla-Casablanca.

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