Bir Lahlou (Territoires sahraouis libérés), 03 déc 2021 (SPS) Le ministre de la Culture, El Ghaouth Mamouni, a indiqué que le peuple sahraoui était «différent du peuple marocain et qu’il possède sa propre culture et sa propre histoire» et qu’il «résistera toujours au génocide culturel massif conduit par le régime d’El Makhzen».
Dans un entretien à l’APS, le ministre est revenu sur le rôle de la culture dans l’histoire sahraouie depuis la lutte contre la colonisation espagnole jusqu’à la résistance contre l’occupant marocain, en le qualifiant d»‘outil principal de sensibilisation et d’éveil de conscience» des sahraouis, permettant de consolider «l’union de la population» et mettre en avant son patrimoine, ses traditions, sa langue, son habitat et ses traditions culinaires et vestimentaires, qui le «différencient du peuple marocain».
Evoquant les principaux arts, portes voix de la culture sahraouie, le ministre est revenu sur le rôle de la chanson dans la société sahraouie avant l’apparition du théâtre dans les années 1980 et du cinéma en 1990 qui a largement participé à la médiatisation de la cause sahraouie à travers le monde.
Le ministre insiste également sur l’importance de la participation des cinéastes sahraouis et des productions cinématographiques traitant de la cause sahraouie dans les événements internationaux en plus de la présence d’artistes dans différentes manifestations culturelles en Europe, en Asie ou en Amérique Latine et plus particulièrement en Algérie.
Il a également relevé la coopération et les échanges culturelles avec de nombreux pays dont l’Algérie et l’Afrique du Sud et de nombreux pays d’Amérique Latine dont les peuples et les gouvernements manifestent un grand soutien au peuple sahraoui, insistant sur la solidarité des peuples européens, de nombreuses organisations non gouvernementales, d’artistes, personnalités politiques et de bénévoles acquis à cette cause juste.
Répondant à une question sur l’importance des festivals organisés dans les camps sahraouis comme le Festival international du cinéma du Sahara Occidental, «Fi Sahara», qui a pris fin récemment, El Ghaouth Mamouni a considéré cette manifestation comme une «fenêtre sur la culture sahraouie» qui est devenue une «arme importante dans la bataille de libération».
Il a également rappelé qu’une nouvelle édition du Festival «Artifariti», un espace de rencontre international sur les arts et les droits de l’homme, se tiendra au mois de décembre à Madrid, rassemblant des artistes sahraouis et de divers pays.
Evoquant la culture sahraouie, le ministre a énuméré de grandes figures artistiques qui ont participé à préserver et promouvoir le patrimoine culturel sahraoui et à l’exploiter pour faire connaître la cause de la libération de leur peuple de la colonisation marocaine, à l’instar des poètes El Khadra Mint El Mabrouk, Allal Eddaf, El Bachir Ould Ali, et les chanteuses Oum Dalila, surnommée «la voix du peuple sahraoui résistant» et Oum Rokaia Abdallah, connu pour sa chanson «Le Sahara n’est pas à vendre».
Résister à un génocide culturel massif
Le ministre de la culture a expliqué que le colonisateur commence par effacer l’identité culturelle et l’histoire des peuples colonisés, et «c’est ce qu’a fait le Maroc au Sahara Occidental lors de la marche noire du roi Hassan II en 1975 qui avait mis en place une politique de génocide culturel massif qui n’a pas atteint ses objectifs».
Après avoir échoué dans ce génocide, «Hassan II s’est orienté vers le déplacement et de déracinement des populations», visant particulièrement les jeunes qui ont été chassés vers les villes marocaines, et en «encourageant la prolifération de tous les fléaux sociaux, comme la drogue, dans les villes sahraouies occupées pour exterminer les valeurs de cette société».
«L’occupant a également obligé les sahraouis à adopter les traditions et le dialecte marocain, qui lui sont étrangers, pour remplacer la langue maternelle hassania, en plus d’avoir interdit les tentes sahraouies et les produits artisanaux authentiques», explique-t-il.
El Ghaouth Mamouni rappelle que ce génocide a également touché le patrimoine bâti, de «nombreuses bâtisses espagnoles ont été démolies et transformées en casernes militaires, un site archéologique rupestre a été attribué à des promoteurs immobiliers et d’anciens cimetières ont également été détruits», considérant ces actes comme une «atteinte claire au patrimoine de l’humanité passé sous silence».
Le ministre constate que l’occupant «expérimente toutes les manières possibles pour détruire la culture et l’identité sahraouie», indiquant que le Maroc a récemment «augmenté les taxes douanières avec la Mauritanie pour interdire la circulation de l’habit sahraoui».
Il rassure cependant et insiste sur «l’inébranlable résistance du peuple sahraoui face à toutes les formes de ce génocides culturel massif».(SPS)