Observatoire universitaire international pour le Sahara occidental : Briser le silence / elmoudjahid.com/fr/

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La question du Sahara occidental reste très peu abordée par les médias et les chercheurs français, qui s’intéressent à l’histoire récente du Maghreb.

D.R
La question du Sahara occidental reste très peu abordée par les médias et les chercheurs français, qui s’intéressent à l’histoire récente du Maghreb. Ce peu d’intérêt reflète la position de la France officielle qui soutient de manière injuste le Maroc dans le conflit relatif au Sahara occidental. Pour briser ce silence, l’Observatoire universitaire international pour le Sahara occidental (OUISO) a mené une campagne de sensibilisation et d’information afin d’essayer d’amener la France à changer sa position quant à la question du Sahara occidental.  C’est ce qu’a annoncé, hier, le chercheur et professeur en anthropologie et membre fondateur, vice-président de l’Observatoire, Sébastien Boulay, qui a animé une conférence débat autour de la question sahraouie, à l’École nationale supérieure de sciences politiques à Alger. «Avec de telles initiatives, nous pouvons nous introduire dans des espaces universitaires français et créer un espace d’échange et d’information autour de la cause sahraouie afin que nous puissions, au niveau des médias, des élus et de la société civile française peser sur la France officielle et l’amener à changer sa position injuste à côté du Maroc envers le peuple sahraoui», a-t-il indiqué, avant d’ajouter qu’à travers cet observatoire universitaire international, «nous essayons de briser ce silence assourdissant sur le Sahara occidental».
Il dit aussi qu’en France, il existe un boycott médiatique qui imprègne non seulement les médias, mais également la société civile et les élus qui, précise-t-il, sont souvent très mal informés sur ce qui se passe au Sahara occidental. «Une sorte de protection structurelle des intérêts économique entre la France et le Maroc», a-t-il regretté. Et de dire : «Notre objectif est de relancer le débat autour de la question du Sahara occidentale en France, en utilisant l’université comme un espace de débat citoyen, un espace d’information et de sensibilisation de la population française à travers les étudiants et les enseignants, dans le but de faire de la question sahraouie, une question académique et de recherche.»
Il note également que la question du Sahara occidental n’a jamais fais un sujet de recherche de la part des académiciens français. «C’est étonnant le fait qu’une question aussi importante pour l’histoire récente du Maghreb soit passée sous silence au niveau des universités françaises.  La recherche sur la question sahraouie s’est nettement développées en Espagne et dans le monde anglo-saxon, alors qu’en France, elle demeure bizarrement à la traîne. Notre objectif est de rapprocher ce train de recherche qui est en marche, pour casser ce silence sur le Sahara occidental en France.» L’autre objectif, selon le Pr Boulay, est de convaincre, de sensibiliser et d’informer le grand public en France, à travers la diffusion des connaissances et de données objectives et fiable sur la question. L’Observatoire, a-t-il dit, tentera de «répondre à un besoin d’informations, ainsi que d’analyses de qualité sur le Sahara occidental, en favorisant la recherche scientifique sur la question, accompagnant les travaux d’étudiants et œuvrer pour le partage de données fiables sur le plan international». Nous allons créer un Observatoire sur le terrain, pour rassembler plus de données, avec l’aide et l’appui des universitaires et militants engagés pour la cause sahraouie». «Toutes les données recueillies seront mises à disposition à l’échelle  internationale», selon M. Boulay, qui a, en outre, indiqué que «des caravanes universitaires seront organisées à travers la France et ailleurs dans le monde».
Violences marocaines
Évoquant les violations marocaines des droits de l’homme à l’encontre du peuple sahraoui, M. Boulay a souligné que l’Observatoire «s’appuie et entreprend une recherche indépendante la plus objective possible basée sur le droit international», pour révéler au monde la répression et le non-respect des droits de l’homme. Le chercheur a saisi l’occasion pour inviter «les enseignants-chercheurs algériens à rejoindre la plateforme qui réunira l’ensemble des universitaires de différentes nationalités intéressés par cette question». Dernière colonie d’Afrique, le Sahara occidental est occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France. Le Conflit au Sahara occidental opposant le Front Polisario au Maroc est inscrite devant la 4e commission de l’Onu qui traite de la décolonisation. Pour sa part, le président du Comité national algérien de solidarité  avec le peuple sahraoui (Cnasps), Saïd Ayachi, présent à la conférence, a regretté l’inaction de la communauté internationale face aux violations, par le Maroc, des droits du peuple sahraoui, dénonçant, par là même, la position  officielle de la France, qui soutient l’occupant. «Si demain la France adoptera une position de neutralité seulement, le conflit au Sahara occidental sera résolu en une année», a-t-il estimé.
Le Maroc devant une réalité politique
S’exprimant, à propos de l’adhésion du Maroc à l’Union africaine, le président de la Cnasps a indiqué que le Maroc, avec son adhésion au sein de cette organisation à côté de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), même s’il ne reconnaît pas ce fait, il demeure devant une réalité politique. «Il faut enregistrer avec satisfaction le fait que le Maroc a quitté l’Union africaine 1984, à cause de la présence de la RASD, et qu’il revient aujourd’hui au sein de cette organisation, alors que la RASD est toujours présente», a-t-il précisé.
Il rappelle, dans ce sillage, qu’il y a quelques mois, la délégation marocaine a quitté une salle de réunion à Malabo, à cause de la présence du drapeau sahraoui, alors qu’il se trouve aujourd’hui au sein de l’Union africaine au côtés du président sahraoui, avec le drapeau sahraoui.
«On ne peut pas dire qu’il s’agit d’une reconnaissance, mais une réalité politique qui s’impose au Maroc», a-t-il dit. Toutefois, le Pr Ayachi précise que le Maroc, qui revient à l’Union africaine, se doit de respecter les dispositions de la charte de l’Union africaine qui, entre autres, exclut tout recours à la force d’un pays membre de l’Union africaine contre un autre pays membre, Or, c’est le cas, car le Maroc use de la force contre la RASD. «En conséquence, le Maroc doit se conformer aux dispositions de l’Union africaine qui recommande les respects des frontières et luttes à l’indépendance qui n’est pas également le cas du Maroc, qui ne satisfait pas l’objectif central des pères fondateurs de l’Union africaine qui est l’éradication du colonialisme en Afrique. C’est à toutes ces questions qu’il doit faire face, au sein même de l’Union africaine», conclut-il.
Salima Ettouahria
Publié… http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/105625