26 novembre 2025
Le Parlement européen a été, aujourd’hui, à une seule voix de stopper la tentative de la Commission européenne de dissimuler l’origine sahraouie des fruits et légumes produits dans le territoire occupé. Bien que l’objection n’ait pas atteint la majorité absolue requise, plus de 55 % des députés ont voté contre cette manœuvre, envoyant un message politique sans ambiguïté : le Parlement ne soutient pas la stratégie de Bruxelles et s’aligne, dans les faits, sur la légalité internationale qui reconnaît au peuple sahraoui la titularité de ses ressources naturelles.
La séance plénière a laissé une scène de grande portée politique. La Commission européenne avait présenté un acte délégué permettant que les produits issus du Sahara Occidental soient étiquetés comme provenant de « régions administratives » marocaines. Cette formule, conçue pour effacer l’identité du territoire occupé et contourner les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne, a été rejetée par la majorité des députés, mais n’a pas pu être bloquée pour le plus infime des écarts : une seule voix.
La contradiction est manifeste. La Commission a présenté un règlement que la majorité du Parlement ne veut pas, en opposition directe avec le droit européen et avec le principe juridique qui exige le consentement du peuple sahraoui pour toute décision affectant ses ressources. Le vote d’aujourd’hui montre qu’une majorité transversale de la Chambre considère ce principe comme une base incontournable.
À cette situation s’ajoute un facteur déterminant qui explique pourquoi la majorité simple n’a pas pu devenir majorité absolue : le PSOE s’est une nouvelle fois démarqué de la position majoritaire des socialistes européens, votant en sens inverse et empêchant l’objection d’être adoptée par une seule voix. Une fois de plus, le socialisme espagnol s’aligne sur les intérêts du Maroc dans un dossier crucial pour le droit international et pour le peuple sahraoui, à travers une décision que ni la logique politique ni la cohérence historique ne parviennent à justifier.
Le débat de fond montre que l’étiquetage n’est pas une question technique : c’est un geste politique. Bruxelles a tenté de normaliser, par un changement en apparence mineur, la narrative marocaine sur un territoire que l’ONU reconnaît comme non autonome et en attente de décolonisation. Étiqueter des produits sahraouis comme marocains n’est pas seulement trompeur : c’est une manière de légitimer l’exploitation illégale et de diluer l’identité du territoire occupé.
Les organisations agricoles et les défenseurs des droits des consommateurs ont alerté sur les risques pour la traçabilité, la transparence et la concurrence. Mais l’essentiel demeure : l’Union européenne ne peut pas reconnaître de facto ce qu’elle ne reconnaît pas de jure, encore moins à travers un étiquetage qui dissimule délibérément l’origine réelle des produits.
Au-delà du résultat serré, le message politique est clair. La majorité du Parlement européen rejette la stratégie de la Commission, dénonce l’effacement de l’origine sahraouie et se positionne du côté du droit international, qui affirme le statut séparé et distinct du Sahara Occidental par rapport au Maroc, ainsi que le droit du peuple sahraoui à gérer ses propres ressources.
La presse européenne a souligné la gravité du résultat par une formule récurrente : rejeté d’une seule voix. Cette voix a déterminé l’issue juridique, mais n’a pas réussi à masquer la tendance politique qui se dessine nettement. L’Europe a frôlé la suspension d’une manœuvre qui fragilise son propre cadre juridique, et cela grâce à une majorité qui refuse de blanchir l’occupation.
Bien que le vote ait été perdu d’une seule voix, la bataille politique a été remportée par la légalité internationale. La Commission pourra avancer avec son acte délégué, mais elle le fera en sachant que la majorité du Parlement européen a dit non.
Le blocage n’a pas abouti, mais l’équilibre politique s’en trouve changé. La Commission poursuivra, certes, mais sous un avertissement clair : l’Europe n’accepte pas la tromperie, ne reprend pas à son compte la narrative marocaine et ne légitimera pas l’exploitation du Sahara Occidental par un simple artifice d’étiquetage.
Par Carlos C. García – Plateforme “N’oubliez pas le Sahara Occidental”
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