15 décembre 2025
L’éditorial publié par l’hebdomadaire marocain TelQuel sous le titre Maroc-Espagne : une idylle sous conditions ne relève pas d’une analyse journalistique neutre des relations bilatérales. Il s’agit d’une intervention politique assumée dans le débat intérieur espagnol, formulée depuis un média qui, sans être officiellement gouvernemental, agit comme un relais officieux du discours du pouvoir marocain dès qu’il est question du Sahara occidental.
Le texte montre clairement que la relation avec l’Espagne n’est pas envisagée comme un lien entre deux États souverains égaux, mais comme une relation conditionnée. Et cette condition n’est ni économique ni sécuritaire : elle est profondément politique. Elle repose sur l’alignement du système politique espagnol sur la narration marocaine concernant le Sahara occidental, considéré comme une ligne rouge non négociable.
Dans ce cadre, TelQuel présente le PSOE comme le partenaire « fiable », celui qui aurait compris les exigences de Rabat après la lettre envoyée par Pedro Sánchez en mars 2022. Ce geste n’est pas décrit comme une décision conjoncturelle d’un gouvernement, mais comme un engagement appelé à devenir structurel. Le message est limpide : la question du Sahara doit disparaître du débat politique espagnol, réduite à une formule compatible avec l’occupation.
Le Parti populaire (PP), à l’inverse, est décrit comme un facteur d’incertitude. Non pas pour une hostilité ouverte envers le Maroc, mais pour continuer à faire référence au droit international, aux résolutions des Nations unies et à l’existence du Front Polisario comme acteur politique. Pour TelQuel, cette simple ambiguïté est inacceptable : tout retour au cadre juridique international est présenté comme une menace pour la relation bilatérale.
Ce qui est en jeu dépasse donc la rivalité entre partis espagnols. Le message implicite est plus grave : l’alternance démocratique en Espagne n’est acceptable que si elle ne remet pas en cause l’occupation du Sahara occidental. En ce sens, TelQuel ne se contente pas de décrire une relation, il cherche à la conditionner. Cet exercice constitue une forme claire d’ingérence politique, d’autant plus révélatrice qu’un tel niveau de critique sur la politique intérieure marocaine serait impensable dans l’autre sens. L’éditorial révèle ainsi une stratégie assumée : transformer une violation du droit international en consensus politique imposé.
Source : Maroc-Espagne : une idylle sous conditions, TelQuel.ma
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