Quatre agences onusiennes ainsi que des ONG lancent un appel aux donateurs pour fournir une aide évaluée à 135 millions de dollars pour 2016 et 2017.
Les réfugiés sahraouis des camps de Tindouf ont besoin de 135 millions de dollars d’aide humanitaire pour 2016 et 2017. Cette estimation a été établie hier par quatre importantes organisations humanitaires onusiennes : le Haut-Commissariat des Nations unies aux Réfugiés (HCR), le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef), le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces organisations qui ont rencontré hier à Alger des ONG actives dans les camps pour évaluer les besoins des réfugiés sahraouis qui vivent des conditions extrêmement diffi ciles, ont rendu public un communiqué commun d’appel aux donateurs pour augmenter leurs aides. La rencontre d’évaluation d’Alger, apprend-t-on du communiqué, a été programmée à l’initiative du secrétariat général des Nations-unies et, donc, de Ban Ki-moon qui, rappelons-le, s’est dit « attristé par les conditions diffi ciles dans lesquelles vivent les réfugiés sahraouis ». Le secrétaire général de l’ONU s’exprimait ainsi lors de sa visite dans les camps de Tindouf en mars 2016, une période durant laquelle il avait appelé à la décolonisation rapide des territoires sahraouis, ce qui a provoqué le courroux de Rabat et sa réaction d’expulser les observateurs de la Minurso de Laayoune. Toutefois, ce n’est pas la question politique qui a été abordée hier par les agences onusiennes et les ONG présentes à la rencontre d’évaluation mais d’humanitaire uniquemen, avec, en toile de fond, une réelle inquiétude pour le sort des réfugiés dans un contexte d’aff aiblissement des aides.. Pour le représentant à Alger du HCR, Hamdi Bukhari, les fonds à récolter auprès des donateurs « serviront à combler les lacunes importantes dans les secteurs clés tels que la nutrition, l’eau, la santé et l’éducation et à amé- liorer les possibilités de générer des revenus, en particulier pour les jeunes ». M. Bukhari insiste en particulier sur le fait que « la jeunesse, a la sensation que les Sahraouis ont été oubliés par la communauté internationale ». « Les réfugiés sahraouis restent presque entièrement tributaires de l’aide humanitaire, alors qu’en même temps l’attention vis-à-vis de la crise des ré- fugiés sahraouis a largement diminué au cours des dernières années, après avoir été éclipsée par un nombre sans précédent d’urgences dans le monde», a regretté pour sa part Romain Sirois, représentant du Programme alimentaire mondial. M. Sirois indique que «le PAM a également intensifi é ses activités complémentaires – également connu comme activités de subsistance – pour améliorer les conditions de vie des réfugiés ». « Un des eff ets de la crise prolongée est l’aggravation des conditions de vie au fi l des ans, étant donné que la diminution des fi nancements entraine la réduction des services et l’augmentation de la souff rance », ont constaté les représentants des organisations humanitaires. Et de rappeler : «La crise sahraouie est la plus ancienne opération prolongée du HCR et la deuxième situation la plus longue de réfugiés dans le monde entier ». Joint par téléphone, le secrétaire gé- nérale de l’Union générale des travailleurs sahraoui, Mouhamed Cheikh Lahbib déplore le fait que les aides de certaines ONG internationales manquent parfois de « souveraineté » dans leurs actions en raison de l’infl uence exercées par certains pays dont la vision sur le Sahara occidental – il cite la France- est favorable au Maroc. « Les conditions de vie dans les camps de Tindouf ne sont un secret pour personnes, les organisations qui feignent de l’ignorer ou dont l’action humanitaire est conduite sous infl uence politique devront assumer tôt ou tard leurs responsabilités ».