Bruxelles, 07 déc 2018 (SPS) Des eurodéputés de l’Alliance Verte ont décidé jeudi de boycotter la séance de vote du Parlement européen prévue la semaine prochaine sur l’accord commercial UE-Maroc, incluant illégalement le Sahara occidental occupé, en signe de protestation contre le rapporteur du parlement, Patricia Lalonde, membre d’un groupe de lobbying marocain.
Jeudi, une protestation interne a éclaté au Parlement européen après la poursuite de l’examen de l’accord controversé entre l’Union européenne et le Maroc, a rapporté le site Euobserver faisant état de la contestation des eurodéputés des Verts à cette séance réclamant d’abord les conclusions d’une enquête interne sur une possible violation du code de conduite de l’instance parlementaire par «des élus européens en collision avec les intérêts marocains», dont Patricia Lalonde.
L’eurodéputée verte finlandaise et vice-présidente du parlement, Heidi Hautala, a annoncé, dans ce contexte qu’elle suspendait sa participation aux travaux du parlement en signe de protestation contre l’examen en cours de l’accord commercial UE-Maroc, exigeant «d’abord la finalisation de l’enquête interne sur une possible violation du code de conduite».
D’autres députés issus du parti Alliance Verte ont décidé également de rejoindre l’appel au boycott des travaux du parlement européen annoncé par Heidi Hautala.
Cette décision fait suite à une enquête menée par le site EUobserver qui a révélé que l’eurodéputée européenne en charge du dossier de l’accord commercial UE-Maroc, la française Patricia Lalonde, était membre du conseil d’administration de la fondation marocaine EuroMedaA.
La fondation est sous les feux de la critique, car elle compte parmi ses rangs d’anciens ministres et hommes politiques marocains et active depuis le bureau bruxellois du groupe de lobbying Hill + Knowlton+ alors que ne figure pas dans le registre des organisations lobbyistes de l’Union européenne.
Depuis la publication de cette enquête de UEobserver, Patricia Lalonde a annoncé sa démission de la fondation, tandis que d’autres eurodéputés membres de cette organisation font actuellement l’objet d’une enquête interne du Parlement pour une possible violation du code de conduite.
L’organe directeur du Parlement européen s’est réuni, jeudi, pour débattre de la question après que les eurodéputés Verts eurent demandé la suspension du dossier de l’examen de l’accord controversé UE-Maroc jusqu’à ce que l’enquête sur le code de conduite soit finalisée.
«Malheureusement, le président du parlement Antonio Tajani a décidé de franchir cette étape, lors de la réunion de la conférence des présidents des commissions», a déclaré Heidi Hautala, dans un courriel adressé aux autres députés européens travaillant sur le dossier.
La Commission parlementaire chargé du commerce international (INTA) doit se prononcer sur l’accord commercial UE-Maroc lundi prochain. Mais, Mme Hautala a insisté pour que l’enquête interne sur Patricia Lalonde soit d’abord finalisée, avant d’entamer l’examen de l’accord, affirmant qu’elle a été déçue par la décision du président du parlement M. Tajani.
«Je suspends pour le moment ma coopération active dans la finalisation du dossier de Mme Lalonde sur l’accord commercial UE-Maroc», a-t-elle écrit dans un courrier électronique, tout en annonçant qu’elle quitterait la salle du parlement lorsque le vote aura lieu. L’accord UE-Maroc est considéré «illégal» par des eurodéputés, car il inclue l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental.
Les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a statué que le Maroc n’a aucune souveraineté sur les territoires sahraouis occupés, désignés comme des territoires distincts et séparés du Maroc et que la Commission européenne doit obtenir préalablement l’accord du peuple sahraoui pour tout accord économique portant sur son territoire. (SPS)