Depuis Bruxelles, où il se trouve actuellement, Staffan de Mistura, envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, a réagi pour la première fois à la résolution 2797 (2025) adoptée le 31 octobre par le Conseil de sécurité. Dans une déclaration officielle et détaillée, il a salué le « regain d’énergie internationale » autour du dossier et affirmé que « le véritable travail commence maintenant » pour conduire les parties vers une solution négociée, conforme au droit international.
La résolution 2797 proroge le mandat de la MINURSO jusqu’en octobre 2026 et affirme, d’une part, que la proposition marocaine d’autonomie de 2007 constitue une base possible pour la négociation, et d’autre part, que toute solution doit demeurer « politique, mutuellement acceptable et fondée sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ». Une formulation qui continue d’illustrer les tensions structurelles du processus, oscillant entre l’influence des grandes puissances et la légitimité du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Dans sa déclaration, De Mistura —dont l’intervention a été reproduite ici en français dans son intégralité— a insisté sur le rôle actif de plusieurs membres du Conseil de sécurité dans la formulation de la résolution, notamment les États-Unis, représentés par Mike Waltz et Massad Boulos. Il a également rappelé que, contrairement à ce que certains peuvent laisser entendre, la résolution « ne prescrit pas d’issue prédéterminée » et que participer à des négociations ne revient pas à accepter d’avance leur résultat.
Voici, ci-dessous, le texte complet de la déclaration traduite en français :
📎 Déclaration intégrale de Staffan de Mistura (Bruxelles, 5 novembre 2025)
Après l’adoption de la résolution 2797, vendredi dernier, et après en avoir assimilé les différents éléments, je suis parvenu à la conclusion qu’il est temps de formuler quelques observations, d’autant que je sais que plusieurs d’entre vous attendaient ces commentaires avec curiosité.
Tout d’abord, la résolution 2797 est importante. Elle l’est non seulement par son contenu, mais aussi parce qu’elle traduit une énergie et une détermination internationales renouvelées à résoudre un conflit vieux de cinquante ans. Nous n’avions pas connu un tel élan auparavant. Ce regain d’énergie est particulièrement pertinent aujourd’hui. Comme je l’ai déjà dit à certains États membres, le secrétariat des Nations unies est parfois comparable à un voilier : il possède l’expérience nécessaire pour atteindre un port sûr, mais il a besoin pour cela d’un vent fort et constant, c’est-à-dire d’un engagement sérieux de la part d’un ou plusieurs membres du Conseil de sécurité et au-delà.
La résolution 2797 est le fruit d’un engagement très proactif du pays rédacteur, sous la conduite du Dr Massad Boulos et de l’ambassadeur Mike Waltz, ainsi que d’autres membres concernés du Conseil, y compris, oserais-je dire, ceux qui se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote. Tous ont, d’une manière ou d’une autre, contribué à ce résultat.
La résolution 2797, dans ses paragraphes soigneusement rédigés, établit, et j’insiste sur ce terme, un cadre pour des négociations. Elle ne prescrit pas d’issue prédéterminée, car, comme toujours, une solution durable ne peut découler que de négociations menées de bonne foi. Il faut rappeler à chacun que participer à des négociations ne signifie pas nécessairement accepter d’avance leur résultat : l’essentiel est d’y être pleinement impliqué.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Nous attendons avec intérêt que le Maroc présente le contenu d’un plan d’autonomie élargi et actualisé, comme je l’avais demandé dans mon allocution au Conseil de sécurité du 16 octobre 2024 et comme l’a annoncé Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son récent discours.
Compte tenu du fort soutien et du mandat substantiel que la résolution 2797 accorde au secrétaire général et à son envoyé personnel, notre plan de suivi consistera d’abord à inviter toutes les parties à soumettre leurs propositions et suggestions afin de permettre à l’ONU d’élaborer un programme général de pourparlers directs, ou indirects si nécessaire, sur les questions les plus essentielles. Nous prendrons naturellement, comme le précise la résolution 2797, le plan d’autonomie marocain de 2007 comme base de ces négociations, et nous intégrerons ensuite, espérons-le très prochainement, la version élargie du plan marocain, ainsi que le document du Front Polisario et d’autres idées pertinentes mentionnées dans la résolution, qui demeure ouverte à toute proposition constructive.
Enfin, et aussi au nom de mon ami et collègue Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint, je tiens à exprimer notre satisfaction quant à la prolongation du mandat de la MINURSO jusqu’en octobre 2026. Cela contribuera sans aucun doute à créer l’atmosphère de stabilité nécessaire pour accompagner les négociations à venir.
En conclusion, le véritable travail commence maintenant : celui qui doit mener à une solution mutuellement agréée à ce conflit qui dure depuis un demi-siècle. Je compte sur les parties et sur les membres du Conseil de sécurité pour demeurer constamment engagés afin de préserver la dynamique positive actuelle.
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