Tebboune : «En 1964, le pouvoir de Franco a proposé à l’Algérie de reprendre le Sahara Occidental» – 24H Algérie

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Le président Abdelmadjid Tebboune est revenu, dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, sur les relations avec l’Espagne et l’Italie.

Le chef de l’Etat a estimé que le gouvernement espagnol a violé le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé avec l’Espagne après avoir changé sa position sur le dossier du Sahara occidental en mars 2022. En juin 2022, l’Algérie, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid, a décidé de suspendre ce traité conclu le 8 octobre 2002 et qui encadrait la relation entre les deux pays.

« Nos relations avec le peuple,  les appareils (de l’Etat) et le palais royal espagnols n’ont pas changé . Nous avons de bonnes relations. Et, nous considérons le peuple espagnol comme un ami.  Le gouvernement a oublié ou fait semblant d’oublier que l’Espagne est la puissance administrante du Sahara occidental. C’est ce qui est prévu dans le droit international. Lorsqu’un colonisateur quitte un territoire sans solutions, sa responsabilité reste entièrement engagée », a détaillé Tebboune.

Il a rappelé que la solution au conflit au Sahara occidental est entre les mains du Conseil de sécurité de l’ONU.

« L’Espagne aurait dû rester en position de neutralité »

« Il ne s’agit pas d’appliquer n’importe quelle solution. L’Espagne aurait dû rester en position de neutralité par rapport à ce conflit. Elle a pris position sans que cela ne la décharge de ses responsabilités. Il y a eu des comportements en secret. J’ai reçu le chef du gouvernement Pedro Sánchez pour discuter de beaucoup de sujets (en octobre 2020) parce que nos relations sont denses. Le Roi du Maroc a tout dévoilé, même les ministres espagnol n’étaient pas au courant de la nouvelle position (par rapport au Sahara occidental). Même le roi et le parlement n’étaient pas au courant. Nous considérons qu’il s’agit d’une position individuelle. Il est difficile de traiter avec lui (Pédro Sanchez). Et, il lui est compliqué de reconsidérer sa position, cela peut lui valoir des problèmes politiques. Mais, nous avons dit qu’au moins l’Espagne exprime une position, celle de l’Union européenne », a soutenu le chef de l’Etat.

Il a annoncé que Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, a tenté de proposer une médiation entre l’Algérie et l’Espagne, lors d’une visite les 12 et 13 mars 2023 à Alger.

« Je lui ai expliqué la position de l’Algérie et s’est montré compréhensif. C’est un homme respectable. Nous ne sommes pas en rupture avec l’Espagne. Puisque le Traité d’amitié a été violé, il n’est plus utile. Les relations commerciales ont baissé parce que les opérateurs algériens ont senti la même chose que l’Etat algérien. Le comportement espagnol n’était pas au niveau de la confiance et de l’amitié qui étaient entre nous », a-t-il appuyé. Il a indiqué que les échanges entre opérateurs privés se poursuivent avec l’Espagne.

« Le gaz ne profite pas à Sanchez, mais au peuple espagnol »

« Des contrats sont toujours en cours, peuvent être renouvelés ou pas. Nous allons poursuivre les livraisons en gaz naturel. Nous avons même augmenté le volume en réponse à une demande. Le gaz ne profite pas à Sanchez, mais au peuple espagnol. Depuis son indépendance, l’Algérie n’a jamais insulté un peuple quel qu’il soit. Nous n’insultons pas l’avenir, car l’avenir appartient aux peuples ».

Il a indiqué que le dossier du Sahara occidental relève de la décolonisation. « C’est un dossier vieux de 48 ans. Nous militons pour la cause sahraouie et pour la liberté des peuples. Ils (les Sahraouis) demandent un référendum d’autodétermination. S’ils décident d’intégrer le Royaume du Maroc, nous serons les premiers à applaudir », a-t-il noté.
Interrogé sur l’ouverture de consulats au Sahara occidental, à l’initiative de Rabat, et sur des « reconnaissances » (alignement sur la position marocaine), Tebboune a parlé de « folklore diplomatique ».

« L’Italie ne tire pas profit de la rupture avec l’Espagne »

« La RASD est reconnue par 74 pays et est membre fondateur de l’Union africaine. L’Algérie a pesé de tout son poids pour détruire l’appartheid en Afrique du sud. L’Algérie n’avait aucune intention pour occuper une partie de l’Afrique du sud. Idem pour Timor-Leste. C’est un principe de la Révolution algérienne hérité par les gouvernements algériens pour défendre la cause des peuples. Je vous donne un scoop, en 1964, le pouvoir de Franco a proposé à l’Algérie de reprendre le Sahara Occidental, à l’époque d’Ahmed Ben Bella. Nous avons refusé. Les frontières de l’Algérie sont inamovibles », a déclaré le chef de l’Etat.

Tebboune a précisé que les relations avec l’Espagne et l’Italie se faisaient d’une manière équilibrée. « Et, l’Italie ne tire pas profit de la rupture avec l’Espagne. Nous avons des accords stratégiques avec l’Italie. Nos relations avec ce pays sont solides, durant la Révolution (1954-1962), après la Révolution, durant la décennie noire », a-t-il dit.

Il a rappelé le rôle joué au nom de l’Algérie par l’industriel italien Enrico Mattéi lors des négociations sur les hydrocarbures à Vienne, après l’indépendance de l’Algérie. Selon lui, l’amitié avec l’Italie est profonde et transparente. Le chef de l’Etat a parlé de la relance du projet d’un deuxième gazoduc avec l’Italie pour transporter le gaz, l’électricité et l’hydrogène. « Nous allons œuvrer pour réaliser ce projet. Il parait qu’il existe des difficultés pour qu’il soit financé par l’Union européenne. Nous pouvons contribuer avec l’Italie pour le financement », a-t-il dit.

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