Tribune | Israël, les États-Unis et la tentation de la normalisation en Afrique : la Mauritanie sous pression

Tribune | Israël, les États-Unis et la tentation de la normalisation en Afrique : la Mauritanie sous pression

Cet article s’appuie sur une enquête publiée par Africa Intelligence :
« En marge du sommet Afrique de Donald Trump, Tel-Aviv en embuscade », Africa Intelligence, 9 juillet 2025.

Chapeau (entradilla)
La diplomatie silencieuse menée par Washington et Tel-Aviv en marge du « Sommet Afrique » voulu par Donald Trump révèle une stratégie claire : étendre la normalisation israélienne à de nouveaux pays africains. Au cœur de ces manœuvres, la Mauritanie, dont la position géopolitique — entre Maghreb, Sahel et frontière du Sahara Occidental — suscite un intérêt croissant mais aussi de fortes tensions internes.


Un sommet discret, une diplomatie active

Selon Africa Intelligence (« En marge du sommet Afrique de Donald Trump, Tel-Aviv en embuscade », 09/07/2025), Benjamin Netanyahu a profité de son séjour à Washington pour multiplier les entretiens confidentiels avec des dirigeants africains. L’entrevue du 8 juillet avec le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló n’a été rendue publique par aucun canal officiel, signe du caractère sensible de ces discussions dans un contexte régional où la question palestinienne demeure un enjeu majeur.

Le sommet réunit plusieurs chefs d’État — Liberia, Gabon, Sénégal et Mauritanie — invités par la Maison Blanche. Pour Tel-Aviv, il s’agit d’une occasion unique de renouer des contacts, parfois gelés depuis des années.


La Mauritanie, un enjeu central

La possible rencontre entre Netanyahu et le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani — non confirmée par Nouakchott — illustre la prudence extrême d’un pays où toute normalisation avec Israël soulève une vive opposition populaire. La Mauritanie avait déjà rompu ses relations avec Tel-Aviv en 2010, sous la pression de la rue.

Mais pour les États-Unis comme pour Israël, ramener Nouakchott dans la dynamique des Accords d’Abraham offrirait un triple avantage : sécuritaire, diplomatique et géopolitique. La proximité de la Mauritanie avec le Sahara Occidental occupé ajoute une dimension stratégique supplémentaire, dans un contexte où la région est devenue un espace de compétition entre puissances.


Ronen Levi “Maoz”, l’architecte de l’offensive israélienne en Afrique

L’article de Africa Intelligence met également en avant le rôle de Ronen Levi, dit “Maoz”, ancien haut responsable du ministère israélien des affaires étrangères, devenu la cheville ouvrière des contacts avec le Sahel. Présent lui aussi à Washington, il poursuit les démarches entamées en 2023 auprès du Mali, du Niger et de la Mauritanie.

Sa mission : convaincre ces États de renouer ou d’intensifier leurs liens avec Israël, dans la continuité de la stratégie américaine visant à recomposer les alliances régionales après le retrait de la France et l’essor d’acteurs comme la Russie.


Une bataille d’influence au cœur de l’Afrique de l’Ouest

Au-delà de la Mauritanie, d’autres délégations africaines — Gabon, Sénégal — ont été approchées. Mais le Sénégal du président Bassirou Diomaye Faye adopte aujourd’hui une ligne diplomatique fortement solidaire de la cause palestinienne, marquant un changement notable après l’ère Macky Sall.

Ces mouvements s’inscrivent dans une transformation plus large : l’Afrique devient un terrain de compétition entre puissances, où Washington cherche à consolider un bloc pro-occidental alors que de nouveaux acteurs gagnent du terrain. Dans cette équation, Israël apparaît comme un partenaire privilégié de l’administration Trump pour réaffirmer son influence.


Conclusion

La tentative de normalisation israélienne en Afrique, soutenue par les États-Unis, ne constitue pas un épisode isolé mais une stratégie structurée, nourrie par des enjeux sécuritaires, politiques et géoéconomiques.
La Mauritanie, en raison de sa position centrale entre Maghreb et Sahel, en est l’un des pivots.
Son éventuel rapprochement avec Tel-Aviv aurait un impact direct sur les équilibres régionaux, notamment sur la question du Sahara Occidental, où les dynamiques diplomatiques et les alliances restent déterminantes pour l’avenir du peuple sahraoui et la stabilité du territoire.

PLATEFORME « NE L’OUBLIE PAS, SAHARA OCCIDENTAL »


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