Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à voter une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, les réfugiés sahraouis des camps de Tindouf commémorent ce 31 octobre un demi-siècle d’exil, marqué par l’attente d’un retour toujours reporté. Cinquante ans après la fuite forcée provoquée par l’occupation marocaine et l’abandon de l’Espagne, la population sahraouie craint que la communauté internationale ne signe, une fois de plus, une décision contraire à son droit à l’autodétermination.
Entre résignation, colère et espoir, les réfugiés redoutent que l’ONU entérine une nouvelle fois le statu quo, au moment même où certains États tentent d’imposer la « solution marocaine de l’autonomie » en violation du droit international. Dans les campements, l’anniversaire n’est pas une célébration : c’est un rappel vivant de la promesse trahie du référendum de 1991, et d’une injustice qui dure depuis trois générations.
Campements de réfugiés sahraouis de Tindouf (Algérie), 31 oct (EFE). – Les Sahraouis réfugiés dans les camps de la région algérienne de Tindouf commémorent ce vendredi les 50 années d’exil du Sahara occidental, tout en s’interrogeant sur la décision que prendra le Conseil de sécurité des Nations unies, craignant qu’elle ne soit « une nouvelle déception ».
« Je pense que la majorité des Sahraouis sont très déçus (de l’ONU) depuis de nombreuses années. Le pire, c’est que désormais certains pays la soutiennent », a déclaré à EFE la jeune Ahjabha Hamadi Fargi lors de la clôture du festival Artifariti, qui a rassemblé ce vendredi des œuvres d’artistes locaux et internationaux autour du thème du demi-siècle d’exil.
Des sardines des côtes du Sahara occidental aux tentes qu’ils ont dressées dans le désert algérien après leur fuite, Ahjabha a réuni dans son exposition de céramique ces symboles de l’exil, y compris le fameux « coffre du retour » que les réfugiés sahraouis avaient rempli d’objets lorsqu’ils pensaient rentrer après la signature du cessez-le-feu avec le Maroc en 1991.
Ce fut « la première déception », raconte la jeune artiste. Ils ne sont jamais revenus, et ne savent toujours pas s’ils le feront un jour, ni quand. C’est le constat partagé par les réfugiés interrogés par EFE, désormais inquiets de savoir si la nouvelle résolution de l’ONU compliquera encore davantage leur avenir.
Alors que le Maroc s’apprête à commémorer la Marche Verte le 6 novembre prochain – mobilisation de centaines de milliers de Marocains vers le Sahara occidental qui a précipité le retrait de l’Espagne de la colonie –, les réfugiés se souviennent, comme chaque 31 octobre, de ces événements historiques.
Car leur exil « a commencé avant », rappellent-ils, avec les mouvements militaires sur le terrain, notamment ceux de l’aviation.
Sans cérémonies ni célébrations, le sujet de conversation, ce vendredi, dans les campements, est la décision du Conseil de sécurité, qui a débattu pour la première fois d’une solution excluant le droit à l’autodétermination, pourtant reconnu jusqu’à présent, à l’initiative de Washington.
Après une semaine de négociations à New York et de manifestations dans les camps, où les Sahraouis ont exprimé leur rejet de la proposition marocaine — faire du territoire une autonomie intégrée au Maroc —, une grande partie de la population continue de revendiquer la nécessité de pouvoir choisir.
« Cela fait 50 ans que nous sommes ici, les plus âgés sont déjà morts, les jeunes ne connaissent pas vraiment l’histoire, et cela va continuer ainsi. Il y a beaucoup de pauvreté et d’inégalités, et ce que nous voulons, c’est un référendum, voter librement », a confié à EFE Hadi, 42 ans.
« Je suis né dans ce village (le camp de réfugiés de Bojador) et voilà ce qu’il me reste… », déplore Hadi.
🟥 Commentaire éditorial – Plateforme “N’oubliez pas le Sahara Occidental”
Ce témoignage collectif, recueilli après un demi-siècle d’exil forcé, est bien plus qu’un constat de lassitude : c’est un acte d’accusation contre une communauté internationale qui a permis que l’injustice devienne la norme. Pendant que les résolutions s’accumulent au Conseil de sécurité, la vie s’épuise dans les camps, entre pénurie, promesses trahies et droit bafoué. Et pourtant, face à l’abandon, le peuple sahraoui ne renonce pas — ni à son identité, ni à son droit inaliénable à l’autodétermination.
Ce que redoutent aujourd’hui les réfugiés, ce n’est pas uniquement « une nouvelle déception » : c’est la légalisation politique d’un vol colonial qui dure depuis 1975. Mais l’histoire l’a prouvé : aucun décret, aucune résolution, aucun mur de sable ne peut effacer la volonté d’un peuple à vivre libre sur sa terre. La responsabilité incombe désormais aux Nations unies, à l’Europe, à l’Espagne et à tous les États qui se targuent de démocratie : choisir entre la loi du plus fort ou le droit des peuples.
Origen: Refugiados saharauis recuerdan 50 años de exilio pendientes de «otra decepción» de la ONU
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