Maroc-Algérie: un « accord de paix » annoncé en 60 jours? Quand Washington invente une guerre pour “négocier la paix”

Maroc-Algérie: un « accord de paix » annoncé en 60 jours? Quand Washington invente une guerre pour “négocier la paix”

Le Sahara Occidental face au “trumpisme diplomatique” : fausse paix et vraie imposture

L’annonce récente de Steve Witkoff, “envoyé spécial pour la paix” nommé par Donald Trump, affirmant vouloir “mettre fin à la crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc” dans un délai de 60 jours, a provoqué de nombreuses réactions.
Mais une question s’impose : de quelle guerre parle-t-on ?

Ni l’Algérie ni le Maroc ne sont en guerre. Il n’existe ni affrontement militaire, ni conflit armé, mais une rupture politique profonde, née du refus d’Alger de cautionner l’occupation du Sahara Occidental et l’alliance stratégique de Rabat avec Israël.
Réduire cette réalité à un simple “désaccord” à aplanir par une médiation éclair relève soit d’une incompréhension totale du dossier, soit d’une volonté délibérée d’effacer la cause sahraouie du débat.

L’Algérie n’a pas besoin d’un médiateur, mais de respect

Comme le rappelait Ramtane Lamamra le 24 août 2021, lors de l’annonce de la rupture des relations diplomatiques, Alger ne négocie pas sa souveraineté : “L’Algérie refuse toute relation fondée sur l’agression, la duplicité et la violation du droit international.”

Les griefs algériens envers le Maroc sont précis et documentés : espionnage (affaire Pegasus), ingérence politique, guerre médiatique, diffusion de stupéfiants, normalisation avec Israël en échange du soutien américain à la prétendue “marocanité” du Sahara Occidental, et surtout occupation illégale d’un territoire non autonome.

Dans ces conditions, aucune initiative étrangère — américaine, qatarie ou autre — ne peut “réconcilier” les deux pays sans que Rabat renonce à sa politique expansionniste et respecte le droit international.

L’ombre de Kushner et le “trumpisme diplomatique”

L’implication de Jared Kushner, déjà artisan du troc diplomatique “Sahara contre Israël” de 2020, renforce la méfiance.
Kushner et Witkoff, deux hommes d’affaires issus du secteur immobilier, abordent la diplomatie comme une transaction : il suffit, pensent-ils, de “signer un deal” pour faire disparaître les causes d’un conflit.

Ce réalisme pragmatique, qui prétend transformer le droit en monnaie d’échange, est une imposture.
Appliqué au Sahara Occidental, il revient à marchander un processus de décolonisation.

L’idée d’un “accord de paix” entre Alger et Rabat ne vise pas à résoudre un différend, mais à légitimer la mainmise marocaine sur le Sahara Occidental sous couvert de “stabilité régionale”.

Et, ce faisant, à offrir à Trump un nouveau trophée diplomatique avant les échéances électorales américaines.

Le Front Polisario : la souveraineté n’est pas négociable

Face à ces manœuvres, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Dr Sidi Mohamed Omar, a été clair : “Le destin du peuple sahraoui n’est pas entre les mains des États-Unis, ni de la France, ni d’aucune autre puissance, mais entre les siennes propres. Ses droits légitimes ne sont pas négociables – ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais.”

Le Front Polisario demeure le représentant légitime du peuple sahraoui, reconnu comme tel par les Nations unies.

Aucune “paix médiatique” ne saurait remplacer la seule voie légale : un référendum d’autodétermination libre et transparent, sous supervision internationale.

Une paix sans justice est une illusion

Présenter la diplomatie américaine comme un instrument de paix revient à ignorer que cette même politique soutient l’occupation israélienne en Palestine et les ambitions expansionnistes marocaines en Afrique du Nord.
Ce “trumpisme diplomatique” n’apporte ni équilibre ni stabilité ; il consacre la loi du plus fort et transforme la paix en produit marketing.

Mais la leçon du peuple sahraoui est claire : la paix sans justice n’existe pas.
Les Sahraouis ont résisté pendant un demi-siècle à la colonisation, à la guerre et à l’exil ; ils résisteront aussi à la marchandisation de leur cause.

Conclusion : le Sahara Occidental n’est pas à vendre

Le Sahara Occidental n’est pas une ligne de négociation entre puissances.
Ce n’est ni un “conflit périphérique”, ni un “dossier gelé” : c’est un processus de décolonisation bloqué.
Et tant que les Nations unies ne feront pas respecter leurs propres résolutions, toute “médiation” restera vaine.

La paix véritable ne se décrète pas à Washington ni à Tel-Aviv : elle se construit sur le terrain, avec les peuples concernés. Le Sahara Occidental ne se négocie pas : il se libère.

Par la Plateforme « N’oublie pas le Sahara Occidental »


(À propos de l’interview de Steve Witkoff sur CBS News et des analyses publiées dans la presse algérienne, octobre 2025)