Chahid, 09 juil 2019 (SPS) Le coordinateur sahraoui avec la Minurso, Mhamed Khaddad a affirmé que le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita a perdu son sang froid en déclarant que «l’adhésion du Maroc à la ZLETA ne saurait être interprétée comme une reconnaissance d’une situation, d’un fait ou d’une entité qui menace d’intégrité territoriale ou son unité nationale».
En réaction à ces déclarations irréfléchies du MAE marocain, Mhamed Khadad a fait la déclaration suivante:
«Adhésion à la ZLECA : M. Bourita perd son sang-froid… et voici pourquoi
En janvier 2017, du fait des succès diplomatiques et juridiques obtenus par le Front POLISARIO, le Maroc s’est senti obligé de rejoindre l’organisation de l’Union africaine. Le Maroc était resté le seul pays africain non membre de l’Union, et le motif était clair : alors que tous les Etats africains ont gagné leur indépendance par la lutte contre la colonisation, quelle place laisser au Maroc qui entend coloniser le Sahara occidental ?
Le Maroc a utilisé ses relais habituels de propagande, mais les faits sont têtus, et la réalité est là : le Maroc a rejoint une organisation internationale qui laisse toute la place à la République Arabe Sahraouie Démocratique, l’État souverain du Sahara occidental, qui dans la partie occupée, lutte pour l’indépendance par l’action du Front POLISARIO, mouvement de libération nationale.
Le Maroc a déployé sa plus grande énergie pour gérer les questions aussi essentielles que les photographies de groupe et le protocole,… mais l’essentiel est ailleurs. Dès que l’on entre dans les choses sérieuses, c’est-à-dire l’organisation effective de la coopération interétatique, notamment sur le plan économique, le Maroc bute sur la réalité, à savoir la souveraineté sahraouie. Et il n’y a aucune solution à terme : la politique de colonisation est irrémédiablement vouée à l’échec, et le Maroc perdra, comme tous les colons ont toujours perdu.
Nouvelle illustration ces jours-ci de ce double langage, avec l’adhésion du Maroc à la Zone de Libre-Echange Continental Africaine (ZLECA)… où le Maroc retrouve son Etat voisin qu’est la RASD. Devant les questions des journalistes, M. BOURITA s’est montré exaspéré, dépassant toutes les limites de la cohérence intellectuelle, en affirmant : «L’adhésion du Maroc à la ZLECA ne saurait être interprétée comme une reconnaissance d’une situation, d’un fait ou d’une entité qui menace d’intégrité territoriale ou son unité nationale». Et d’ajouter dans un langage qui n’appartient qu’à lui : «Le Maroc agit selon une doctrine et des principes clairs lorsqu’il s’agit de faire la différence entre l’appartenance à une organisation, et la reconnaissance des entités qui pourraient en faire partie mais que le Maroc ne reconnaît pas».
Alors, quelques rappels paraissent nécessaires.
La vie juridique internationale repose sur l’existence des Etats, qui en quelque sorte sont les citoyens de cette communauté internationale. Aussi, seul un État signe un accord international, et l’État qui rejoint un accord international accepte tous les signataires. Dans ces conditions, que cela plaise ou non à M. BOURITA, le Maroc reconnaît la RASD en rejoignant l’Union africaine et ZLECA…
Ensuite, M. BOURITA fait état de «principes clairs»,…mais qui n’appartiennent qu’au Maroc et à sa propagande. Monsieur Mhamed KADDAD relève : «Dans la vie internationale, les principes clairs sont ceux du droit international. Or, aucun État dans le monde – je dis bien aucun – n’a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. C’est évidemment le cas pour l’ONU et l’Union Africaine. Dans son avis de 1975, la Cour Internationale de Justice a dit la même chose. Alors, de quels principes juridiques parle M. BOURITA ? »
Mais Monsieur Mhamed KADDAD va plus loin : «Depuis maintenant une 10 ans, le Front POLISARIO a engagé des procédures devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui en 2016 a dit que le Maroc n’était pas souverain sur le Sahara occidental. Pour tenter de sauver son allié marocain, l’Union Européenne a adopté un ‘‘accord d’extension’’ c’est-à-dire un procédé d’extension de l’accord conclu avec le Maroc sur un autre territoire, celui du Sahara occidental. Par sa signature, le Maroc admet donc qu’il n’est pas souverain vu qu’il faut cette extension pour la terre et pour la mer «Le Front POLISARIO, on le sait, n’a pas admis cette violation de sa souveraineté, et a à nouveau saisi la CJUE, mais cet accord est un cadeau empoisonné pour le Maroc.
En réalité, tous les observateurs avertis savent que la crispation des discours du Maroc ne montre pas sa force, mais sa faiblesse. Dès lors que l’Union européenne a admis que le Maroc n’était pas souverain, le Maroc est maintenant sur la pente de sa défaite. D’où la crispation de M. BOURITA.
Aussi, Monsieur Mhamed KHADDAD relativise ces déclarations irréfléchies : «André Gide avait écrit : ‘‘il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant’’. Sauf dans cette affaire, le peuple Sahraoui suit sa pente en montant, alors que le Maroc la suit en descendant». (SPS)
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