Festival international du film d’Alger
Vendredi, le public a pu découvrir deux films aux thématiques bien différentes, mais proches, par une certaine idée de l’amour de l’art pour vivre et lutter…
Le festival international du film d’Alger étrenne depuis vendredi sa programmation dans les différentes salles de la capitale. C’est au niveau de Riadh El Feth que les projections entrant dans le cadre de la compétition ont élu domicile. En effet, la salle Ibn Zeydoun abrite les longs métrages- fiction, tandis que la salle beta Cosmos les films documentaires, la galerie Esma, quant à elle, le marché du film.
En effet, de nombreux réalisateurs accompagnés certains avec leurs producteurs sont invités à présenter leurs films à des éventuels acheteurs et pourquoi pas voir leurs films sélectionnés dans certains festivals ou pays pour y être projetés. Les master class, débutent tôt le matin. C’est le cas de celle consacrée au processus de restauration du film Les Plongeurs du désert de Tahar Hannache.
Le film a été présenté, pour rappel, en ciné-concert lors de la cérémonie d’ouverture au TNA. Nabil Djedouani l’instigateur du projet, était ainsi, vendredi 5 décembre à 9 h au Petit Théâtre de l’Oref, afin d’aborder le processus de restauration du film partant de l’état de dégradation de la copie positive 16mm à partir de laquelle l’équipe a travaillé, avant sa restauration numérique. Une master class à laquelle ont assisté de nombreux étudiants.
La journée a été riche en projections en tous genres, entre longs métrages, courts métrages et documentaires. Parmi ceux-là, il y a lieu de relever le très beau et dramatique à la fois Mariem Hassan, pour un Sahara libre. Une réalisation plurielle signée par Anna Klara Âhrén, Alex Veitch, Brahim B. Ali, Mohamedsalem Werad. Dans le désert du Sahara, la voix rebelle de l’une des plus grandes chanteuses d’Afrique du Nord résonne encore. Il s’agit de Mariem Hassan, une chanteuse sahraouie emblématique, connue pour sa voix puissante et ses chansons engagées qui expriment la lutte de son peuple pour l’indépendance du Sahara occidental. Née en 1958, elle a chanté en hassaniya, fusionnant musique traditionnelle sahraouie avec des influences blues et rock, devenant ainsi une figure majeure de la musique du monde et une voix militante jusqu’à son décès en 2015.
Les chansons de Mariem Hassan racontent la culture du peuple sahraoui et la lutte pour l’indépendance de la dernière colonie d’Afrique, le Sahara occidental. Aussi, à travers la vie de Mariem Hassan, le documentaire explore les tragédies, la dépossession et l’exil vécus par les Sahraouis, notamment dans les camps de Tindouf. Le film divisé en quatre parties raconte grâce à de nombreuses images d’archives l’histoire et souffrance du peuple sahraoui. Le film fait le portrait de l’artiste, en faisant des correspondances entre le texte poétique de ces chansons et l’état chaotique de son peuple qui est passé par de nombreuses colonisations, entre celle de l’Espagne et du Maroc. Meriem Hassan chante la mort de ses trois frères tombés en martyrs, en faisant entonner sa voix lumineuse sur les scènes du monde. Ses chansons portent clairement les aspirations à la liberté et à l’autodétermination du peuple sahraoui. Le film questionne, évoque les raisons de l’occupation prolongée, notamment les riches ressources naturelles de la région, et le soutien apporté au Maroc par certaines puissances. Meriem Hassan; «Pour un Sahara libre» est un très beau film qui raconte la trajectoire d’une icône musicale, en échos au drame que vit son peuple, à travers plusieurs thématiques, tel l’identité, la résistance culturelle et la quête d’autodétermination. La musique ici se veut résistance et espoir. Le film dit clairement que la musique a sauvé Meriem qui a trouvé dans cet art une échappatoire et une bulle pour servir une cause tout en allégeant ses peines.
Côté fiction, le public, très rare, hélas, a pu découvrir en soirée le film argentin Después del final du réalisateur Pablo César. Le film raconte l’histoire vraie d’une artiste peintre et écrivaine argentine qui traverse une crise profonde lorsque son mari la quitte pour rentrer au Guatémala, la plongeant dans une lutte émotionnelle intense, presque une confrontation avec des démons intérieurs, symbolisée par le «duende», un concept poétique de Lorca. Dans son lit d’hôpital, la vieille dame, au moment de l’endormir, le médecin lui demande de se remémorer des souvenirs heureux. Commence pour elle, un retour dans le passé, où ses souvenirs d’enfance, s’entremêlent avec la présence de ses proches décédés, mais aussi, les moments forts de son existence sont déroulés en noir et blanc, jusqu’au retour au présent où le film redevient en couleurs. Ce poignant long métrage qui aborde le véritable parcours de cet artiste, Luz Fernández de Castillo, de son vrai nom, qui joue la première fois dans ce film d’ailleurs, explore le sentiment de résilience face à la perte et le combat pour sa survie artistique et personnelle, le tout inspiré d’événements réels.
En effet, elle s’appelle Gloria. C’est une femme accomplie. Elle est artiste, écrivaine et galeriste qui voit son monde s’écrouler, le jour du 80 eme anniversaire de son mari, quand il lui annonce son désir de partir vivre ailleurs.
Le film s’arrête alors qu’elle a 88 ans, au fait de sa solitude quand elle décide d’organiser un hommage à ses deux «amoureux», Garcia Gabriel Marquez et Borges. L’art comme exutoire, là encore, est le prix à payer pour se reconstruire après une rupture alors qu’elle est restée en couple pendant plus de 60 ans. Aujourd’hui son mari est décédé. La comédienne vieille, n’a pu faire le déplacement à Alger, car déconseillé par son cardiologue. Réalisateur argentin pionnier, Pablo César consacre depuis plus de trois décennies son oeuvre aux questions africaines et à la coopération cinématographique entre l’Amérique latine et l’Afrique. Auteur de 18 longs métrages, dont neuf coproduits avec des pays du continent, il joue un rôle majeur dans le développement d’un dialogue cinématographique Sud-Sud. Professeur à l’université du cinéma de Buenos Aires depuis 1992, il reçoit de nombreuses distinctions internationales et siège dans les jurys de festivals tels qu’Amiens, Kélibia, Carthage ou encore Ouagadougou. Lors du débat qui a suivi la projection, le réalisateur a confié son désir de faire un film en rapprochant les deux villes d’Oran, la nôtre et celle qui se trouve dans la province de Salta, en Argentine, arguant qu’il est un réalisateur qui s’intéresse beaucoup à l’Afrique.
Origen: L’Expression: Culture – L’art entre résilience et résistance
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