La secrétaire générale de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique (AFASPA), Michèle Decaster, a critiqué, hier, le soutien apporté par le Président français au pseudo plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, affirmant que non seulement Emmanuel Macron ne rompt pas avec l’histoire coloniale de la France, mais «sert ainsi les intérêts marchands des milieux d’affaires».
«La politique française est fortement marquée par un passé colonial de près de deux cents ans», a-t-elle rappelé, dans une contribution publiée par le journal L’Humanité et rapportée par l’APS, soulignant que «décidemment, les valeurs universelles ne semblent pas être applicables à tous les peuples». Dans une lettre adressée, en juillet, au roi du Maroc, le président français Emmanuel Macron a affirmé considérer que «le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine». Selon cette militante, «le président (français) qui semble gouverner comme on navigue à vue, tente de contrecarrer la perte d’influence de la France en Afrique». Elle a jugé, à ce titre, qu’il était «temps qu’au XXIe siècle, le colonialisme soit aboli de même que sa variante néocoloniale».
Le choix du président français exprimé officiellement, a-t-elle poursuivi, «aide Mohamed VI dans sa quête de soutiens à l’occupation illégale du pays voisin, dont le royaume tire profit des richesses du sol, du sous-sol et de l’océan depuis le cessez-le-feu de 1991». La secrétaire générale de l’AFASPA a relevé, à ce propos, que «les milieux d’affaires sont à la fête avec les contreparties attendues sur le marché marocain et les perspectives du sous-sol sahraoui aux richesses minières en grande partie inexploitées».
S’indignant du renforcement du soutien de la France au prétendu plan marocain pour le Sahara occidental, Michèle Decaster a soutenu que «le roi n’a jamais douté de la France, qui lui apporte son appui au Conseil de sécurité de l’ONU à chaque renouvellement du mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), en veillant scrupuleusement, depuis trente-trois ans, à ce que les droits de l’homme ne soient pas inclus dans ses missions». Elle a rappelé, dans ce contexte, que son pays a aussi «combattu militairement le peuple sahraoui».
«En 1912, en détruisant la ville de Smara et sa bibliothèque, riche de 5.000 documents, en 1958 avec l’opération Ecouvillon, aux côtés de l’Espagne de Franco, et en 1977 et 1978, avec l’opération Lamantin qui bombarda l’Armée populaire de libération sahraouie», a-t-elle indiqué. En outre, «des Conseillers militaires français ont contribué, en 1986, à la construction du mur de défense marocain de 2.700 km, truffé de mines, qui balafre le Sahara occidental du Nord au Sud», a-t-elle encore ajouté.
Évoquant l’interdiction totale faite de facto aux observateurs et journalistes étrangers d’entrer sur le territoire du Sahara occidental, la première responsable de l’AFASPA a précisé que «depuis janvier 2014, nous sommes 296, venus de 21 pays et de 4 continents, à avoir été expulsés par les autorités marocaines».
Il convient de signaler que cette prise de position intervient quelques jours après que le Collectif des défenseurs des droits de l’homme au Sahara occidental (CODESA) a dénoncé, dans un communiqué rendu public, les «violations» des droits des défenseurs des droits humains au Sahara occidental occupé et «le harcèlement continu» exercé par les forces d’occupation marocaines contre ces défenseurs. Le CODESA s’est, par ailleurs, insurgé contre «les mauvais traitements», «la discrimination raciale», le «harcèlement» et la «violation de la liberté de circulation et de la vie privée» dont ont été victimes 13 membres de ce collectif à leur retour de Turquie, où ils avaient suivi une formation sur les droits de l’homme.
Fin août, «les forces marocaines d’occupation ont, une nouvelle fois, pris pour cible des membres du CODESA aux aéroports des villes occupées de Laâyoune et Dakhla, immédiatement à leur arrivée sur les vols AT1412 et AT1420. Il a affirmé, à ce titre, que «la police marocaine d’occupation a soumis 13 membres de l’organisation à des fouilles arbitraires, y compris leurs valises et tous leurs effets personnels, pendant plus de 45 minutes, à l’aéroport de Laâyoune, et 30 minutes,Ò à l’aéroport de Dakhla».
Sami Kaidi