Pendant des semaines, Rabat croyait avoir remporté la bataille diplomatique. Convaincu du soutien inconditionnel de Washington, le régime marocain s’apprêtait à faire adopter au Conseil de sécurité une résolution imposant son “plan d’autonomie” comme unique base de négociation pour le règlement du conflit du Sahara Occidental. Mais la manœuvre s’est transformée en échec : confrontée à la résistance de plusieurs capitales européennes et africaines, et à la menace de veto de la Russie et de la Chine, l’administration américaine a dû revoir sa copie à la dernière minute.
Ce recul américain démontre que la prétendue victoire diplomatique de Rabat n’était qu’une illusion. Le projet, ouvertement partial, visait à consacrer la position marocaine comme la seule “solution réaliste et durable”. Or, dans le contexte international actuel — marqué par le discrédit des États-Unis après leur rôle dans la guerre de Gaza —, aucune puissance sérieuse n’a voulu cautionner une telle dérive. Le droit international reste clair : le Sahara Occidental est un territoire non autonome dont le peuple a droit à l’autodétermination, et aucune “autonomie interne” imposée par la puissance occupante ne saurait remplacer ce principe.
Le nouveau texte américain, rédigé dans l’urgence pour éviter une humiliation diplomatique, revient à la formule habituelle du statu quo : il évoque le plan marocain seulement comme “une des solutions possibles”, tout en réaffirmant la recherche d’un “règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable”. En somme, rien ne change à New York : le dossier sahraoui reste prisonnier d’une diplomatie d’équilibre qui, depuis des décennies, ne produit que promesses sans lendemain.
Pour Rabat, ce désaveu est une gifle. Depuis le coup de force de Donald Trump en 2020, le Maroc n’a cessé d’instrumentaliser ce pseudo-reconnaissance américaine pour légitimer son occupation. Mais aujourd’hui, le régime se retrouve isolé : l’Europe prend ses distances, l’Afrique renforce son soutien à la République Sahraouie, et les États-Unis eux-mêmes reculent face à la réalité juridique.
Cette volte-face illustre aussi la faillite d’un système onusien épuisé, qui se contente de renouveler chaque année le mandat de la MINURSO sans affronter la question centrale : le droit du peuple sahraoui à choisir librement son avenir. Tant que la communauté internationale n’assumera pas cette responsabilité, le Sahara Occidental restera le symbole vivant d’une décolonisation trahie.
En fin de compte, cette reculade américaine a un mérite : elle rappelle que le plan d’autonomie marocain n’a ni base légale ni reconnaissance internationale réelle. Et que, malgré la propagande, la lutte du peuple sahraoui reste légitime, pacifique et conforme au droit international.
Sous les nuages de Manhattan, Rabat continue de rêver à une victoire diplomatique qui ne viendra jamais.
Victoria G. Corera
Plateforme “N’oublie pas le Sahara Occidental”
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