6 septembre 2025 – N’OUBLIE PAS LE SAHARA OCCIDENTAL
En août 2025, le Front Polisario a présenté aux Nations Unies un mémorandum central sur la question du Sahara occidental. Ce document, officiellement enregistré et adressé au Conseil de sécurité, expose en huit points la nature du conflit, l’illégalité de l’occupation marocaine et l’urgence de garantir au peuple sahraoui l’exercice de son droit à l’autodétermination. À quelques semaines du 50ᵉ anniversaire de l’invasion marocaine, le texte constitue non seulement une rétrospective juridique et politique, mais aussi un signal d’alarme lancé à la communauté internationale.
Le mémorandum rappelle que le Sahara occidental est inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU. Il souligne que le Maroc n’a jamais exercé de souveraineté sur ce territoire et que sa présence constitue une occupation illégale condamnée par les résolutions de l’Assemblée générale, les avis des Nations Unies, les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne et les décisions de la Cour africaine des droits de l’homme. Il réaffirme également que le seul accord mutuellement accepté demeure le Plan de règlement de 1991, fondé sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous supervision de la MINURSO.
De plus, le document met en valeur le rôle de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant que membre fondateur de l’Union africaine et souligne la volonté de paix exprimée par le Front Polisario, y compris à travers des propositions concrètes comme celle de 2007. Enfin, il avertit que la commémoration de cinq décennies d’occupation sera une épreuve décisive pour la crédibilité des Nations Unies et du système international dans son ensemble : ou bien le droit des peuples prévaut, ou bien c’est la force du fait accompli qui s’impose.
Avec ce préambule, nous présentons une série de quatre articles qui développent chacune des parties du mémorandum : de la reconnaissance du Sahara occidental comme territoire à décoloniser, à l’analyse de l’occupation marocaine, du blocage du Plan de règlement, et enfin de la légitimité de la RASD et de l’urgence de mettre fin à un demi-siècle d’injustice.

Le Sahara occidental, un territoire à décoloniser
L’un des grands silences du système international demeure le Sahara occidental. Bien qu’il figure depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes des Nations Unies, plus de soixante ans après, le peuple sahraoui attend toujours d’exercer le droit qui lui revient : l’autodétermination et l’indépendance. L’ONU elle-même, à travers son Assemblée générale et de nombreuses résolutions, a réaffirmé que la question sahraouie s’inscrit dans le processus de décolonisation régi par le Chapitre XI de la Charte des Nations Unies et par la Résolution 1514 (XV), véritable « Charte de la décolonisation ».
La légalité internationale est claire : le peuple sahraoui dispose d’un droit inaliénable, imprescriptible et non négociable à décider librement de son avenir. Il ne s’agit pas d’une concession politique ni d’une faveur diplomatique, mais d’un principe fondateur de l’ordre international né après la Seconde Guerre mondiale. La Résolution 1514 (XV) de 1960 proclame que « tous les peuples ont le droit à l’autodétermination » et exige la fin immédiate du colonialisme sous toutes ses formes. Le Sahara occidental relève de ce cadre juridique, ainsi que l’ont reconnu l’Assemblée générale et ses organes subsidiaires depuis des décennies.
En 1975, la Cour internationale de justice (CIJ) a dissipé toute ambiguïté dans son Avis consultatif. Le Maroc tenta alors de justifier ses prétentions en invoquant de supposés liens historiques de souveraineté sur le territoire. La CIJ fut catégorique : il n’existait aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara occidental et le Maroc. Ce qui existait bel et bien, c’était une population autochtone, le peuple sahraoui, titulaire du droit à décider de son destin par l’autodétermination. La Cour réaffirma en outre que la Résolution 1514 (XV) s’appliquait pleinement au Sahara occidental.
Cependant, loin de respecter l’avis de la CIJ et le cadre juridique international, le Maroc choisit l’invasion militaire, inaugurant en octobre 1975 l’occupation illégale qui persiste encore aujourd’hui. Depuis lors, le peuple sahraoui subit répression, exil forcé et spoliation de ses ressources, tandis que la communauté internationale accumule promesses non tenues et résolutions ignorées. Le contraste entre la clarté du droit et la réalité de l’occupation est l’une des grandes contradictions des Nations Unies dans leur histoire récente.
Le Sahara occidental reste donc un territoire en attente de décolonisation. Le peuple sahraoui ne revendique rien d’autre que l’application du droit international. L’Avis consultatif de la CIJ et les résolutions de l’ONU demeurent en vigueur et obligent la communauté internationale à agir. Les ignorer, c’est accepter que le colonialisme ait encore droit de cité au XXIᵉ siècle.
Le Maroc et son occupation illégale du Sahara occidental
Le 31 octobre 1975, le Maroc a envahi militairement le Sahara occidental en défi ouvert au droit international. À peine deux semaines auparavant, la Cour internationale de justice avait affirmé dans son Avis consultatif qu’il n’existait aucun lien de souveraineté entre le territoire et le Maroc. La conclusion était sans équivoque : le peuple sahraoui était le seul titulaire du droit à l’autodétermination. Face à ce verdict, Rabat répondit par les chars et les soldats, inaugurant une occupation illégale qui dure depuis un demi-siècle.
Les Nations Unies n’ont jamais reconnu cette annexion. Bien au contraire, l’Assemblée générale a dénoncé la situation dans des résolutions comme la 34/37 de 1979 et la 35/19 de 1980, qui qualifiaient la présence marocaine d’occupation et réaffirmaient le droit du peuple sahraoui à l’indépendance. L’« Accord de Madrid » de novembre 1975, par lequel l’Espagne tenta de transférer ses responsabilités coloniales au Maroc et à la Mauritanie, fut déclaré juridiquement nul par le conseiller juridique de l’ONU en 2002 : il n’a ni conféré la souveraineté, ni transféré le statut de puissance administrante, ni modifié le caractère international du Sahara occidental en tant que Territoire non autonome.
La jurisprudence internationale a également été claire. La Cour de justice de l’Union européenne, dans ses arrêts de 2016 et 2024, a réaffirmé que le Sahara occidental est « séparé et distinct » du Maroc et qu’aucun accord commercial avec Rabat ne peut s’appliquer au territoire sans le consentement du peuple sahraoui. De son côté, la Cour africaine des droits de l’homme a déclaré en 2022 que l’occupation marocaine est incompatible avec le droit à l’autodétermination. Ce sont des jugements de la plus haute instance qui renforcent une vérité juridique incontestable : le Maroc n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental.
Le Plan de règlement de l’ONU et le blocage marocain : la paix confisquée au Sahara occidental
Après près de vingt ans de guerre entre le Front Polisario et le Maroc, un accord semblait possible en 1991 : le Plan de règlement ONU-OUA, formellement accepté par les deux parties et adopté à l’unanimité par le Conseil de sécurité. Son principe était clair : organiser un référendum d’autodétermination pour permettre au peuple sahraoui de choisir librement entre l’indépendance et l’intégration au Maroc. Pour cela fut créée la MINURSO par la résolution 690 (1991).
Ce plan fut, et reste, le seul accord pratique et mutuellement accepté pour résoudre le conflit. Le Front Polisario a rempli ses engagements, fait des concessions et démontré une volonté de compromis qui lui a valu la reconnaissance internationale comme interlocuteur légitime. Le Maroc, en revanche, n’a jamais accepté le risque que le référendum conduise à l’indépendance. Dès le départ, il a manipulé le recensement, introduit des colons et, finalement, bloqué le processus.
En novembre 2020, Rabat franchit une nouvelle étape en rompant le cessez-le-feu par une incursion militaire à El Guerguerat, relançant la guerre et occupant de nouvelles zones de séparation. Depuis, le Maroc tente de consolider son contrôle à travers des investissements illégaux, des accords avec des tiers et une intense campagne diplomatique pour présenter son plan d’« autonomie » comme la seule solution possible. En réalité, il s’agit d’imposer un fait accompli contraire à la Charte des Nations Unies et à l’esprit même du Plan de règlement.
Aujourd’hui, la paix au Sahara occidental reste confisquée. Le peuple sahraoui attend depuis 1991 l’accomplissement d’une promesse simple : voter librement son avenir. La question n’est pas de savoir si le référendum est possible, mais si l’ONU et ses États membres ont la volonté politique de le rendre réalité. La crédibilité de l’organisation et le respect du droit international en dépendent.
La République sahraouie et le Front Polisario : légitimité, propositions et urgence de mettre fin à 50 ans d’occupation
Le 27 février 1976, au lendemain du retrait formel de l’Espagne, le peuple sahraoui proclama la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Ce nouvel État, fruit d’une lutte de libération nationale, fut reconnu par des dizaines de pays et devint membre fondateur de l’Union africaine. Aujourd’hui, près de cinquante ans plus tard, la RASD est une réalité politique irréversible en Afrique : un État qui défend les principes de l’UA, notamment le respect des frontières héritées de la colonisation, et qui reste ferme dans la défense de l’autodétermination et de l’indépendance.
Le mémorandum rappelle également que le Front Polisario, en tant que mouvement de libération reconnu par l’ONU, a démontré à plusieurs reprises sa volonté d’aboutir à une solution pacifique et durable. En 2007, il a présenté une proposition politique mutuellement acceptable : accepter un référendum d’autodétermination sous garanties internationales et, en cas d’indépendance, établir avec le Maroc des relations de respect mutuel, de coopération économique et de sécurité. Loin d’être maximaliste, cette offre illustre la flexibilité et la responsabilité du Polisario face à l’intransigeance de Rabat.
Le document souligne que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est inaliénable et imprescriptible. Le nier reviendrait à trahir la Charte des Nations Unies, à récompenser l’agression militaire et à ouvrir la porte à un précédent néocolonial dangereux pour toute l’Afrique et pour le monde. En octobre 2025, cela fera 50 ans que dure l’invasion marocaine : un demi-siècle d’occupation, de répression et d’exil forcé. Ce triste anniversaire sera une épreuve cruciale pour la crédibilité des Nations Unies. Tolérer cette situation reviendrait à cautionner le colonialisme au XXIᵉ siècle.
La cause sahraouie n’est pas seulement une question régionale : elle est un baromètre de la cohérence du système international. Si l’on tolère que le Maroc maintienne par la force un territoire colonisé, c’est l’ensemble de l’édifice juridique construit après 1945 qui vacille. Le peuple sahraoui a démontré patience, résistance et volonté de paix. C’est désormais à l’ONU et aux États membres de prouver que leurs principes ne sont pas de simples mots.
PLATAFORMA «No te olvides del Sahara Occidental»