Conseil de sécurité de l’ONU : accord in extremis sur un texte final, mais les divisions persistent (30/10/2025)

Conseil de sécurité de l’ONU : accord in extremis sur un texte final, mais les divisions persistent (30/10/2025)

La Russie parvient à introduire un amendement clé qui rééquilibre le projet et empêche l’adoption d’une résolution ouvertement pro-marocaine

Plateforme « N’oubliez pas le Sahara Occidental »

À quelques heures du vote du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la MINURSO, des sources diplomatiques confirment que les membres du Conseil ont finalement trouvé, hier soir, un accord sur la rédaction finale du texte, sans toutefois parvenir à un consensus complet sur toutes les lignes politiques.
L’absence d’unanimité continue de menacer la tenue de la séance de vote, prévue ce jeudi 30 octobre à 10h00 (heure de New York).

Selon les informations disponibles, les États-Unis, en tant que rédacteurs du projet, ont accepté d’introduire plusieurs modifications à la suite des objections exprimées par plusieurs membres, notamment la Russie, qui réclamait un langage plus équilibré et conforme au droit international.

Le changement le plus significatif figure dans le paragraphe central du dispositif, désormais formulé ainsi :

« Le Conseil invite les parties à s’engager dans des négociations sans conditions préalables, sur la base de l’autonomie, en vue de parvenir à une solution politique finale, mutuellement acceptable, qui garantisse au peuple du Sahara Occidental son droit à l’autodétermination. »

Cet amendement, défendu par la Fédération de Russie, a permis de débloquer les discussions et, selon plusieurs diplomates à New York, d’éviter que le Conseil de sécurité ne s’aligne ouvertement sur la position marocaine.
Grâce à cette révision, Moscou serait parvenue à replacer le Conseil « à égale distance des deux parties – le Front Polisario et l’État occupant marocain » – restituant ainsi au texte un certain équilibre juridique et politique.


La Russie, garante de la neutralité et du droit international

La délégation russe a défendu, tout au long des négociations, le devoir du Conseil de sécurité de préserver sa neutralité et de respecter la légalité internationale, en soulignant que la solution du conflit devait résulter d’un consensus entre les parties, dans le cadre de négociations menées sous l’égide des Nations unies, et non par des démarches unilatérales.
Moscou a rappelé que toute tentative d’imposer un cadre unilatéral — tel que le plan d’autonomie marocain — contreviendrait à la Charte des Nations unies et aurait des conséquences négatives sur la paix et la sécurité régionales, tout en portant atteinte à la crédibilité du Conseil de sécurité en tant qu’organe chargé du règlement pacifique des conflits.

Par cette position, la Russie s’est imposée comme le seul membre du Conseil capable de jouer un rôle de médiateur crédible entre les deux parties et de préserver la mission du Conseil de sécurité comme garant du droit international, à un moment où la dynamique impulsée par Washington semblait orientée vers la légitimation de l’occupation marocaine.


Le texte final : prolongation technique, langage ambigu et portée politique

La version finale du projet de résolution, qui prolonge le mandat de la MINURSO jusqu’en avril 2026, conserve un ton diplomatique d’équilibre, mais comporte des nuances révélatrices des tensions entre les différents blocs du Conseil.

Dans son préambule, le texte :

  • Réaffirme la nécessité de respecter le cessez-le-feu et d’éviter toute action susceptible de compromettre le processus politique ;
  • Exprime sa préoccupation face à l’insuffisance de l’aide humanitaire destinée aux réfugiés sahraouis, et invite les pays donateurs à accroître leur soutien ;
  • Rappelle la question du recensement et de l’enregistrement des réfugiés, une référence historiquement introduite par les États-Unis et le Maroc.

Dans la partie opérative, le texte :

  • Demande au Secrétaire général de présenter une évaluation stratégique de la MINURSO avant la fin de son mandat ;
  • Réaffirme l’engagement du Conseil à soutenir une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conforme aux principes de la Charte des Nations unies, y compris le droit à l’autodétermination.

Quant aux recommandations politiques, la résolution mentionne explicitement la proposition marocaine de 2007, mais — grâce à la pression exercée par la Russie — sans lui accorder un statut prioritaire, tout en rétablissant la référence au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, une formulation qui avait été supprimée dans la version initiale du projet américain.


Un Conseil divisé et un vote incertain

Malgré l’accord sur la rédaction finale, le climat au sein du Conseil de sécurité demeure empreint d’incertitude.
Des sources diplomatiques indiquent que même Washington n’a pas la garantie du résultat du vote, et que l’ordre du jour du Conseil ne comporte aucune mention spécifique d’une séance consacrée au Sahara Occidental ou à la MINURSO, ni pour ce jeudi 30, ni pour le vendredi 31 octobre.

Cette situation illustre la fracture persistante au sein du Conseil, où la France et les États-Unis continuent de soutenir ouvertement la position marocaine, tandis que la Russie, appuyée par plusieurs membres non permanents, tente de ramener le débat à son cadre d’origine : la décolonisation et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.


Un équilibre précaire au sein du Conseil

La résolution qui sera finalement soumise au vote est le fruit d’un équilibre fragile entre la diplomatie de compromis et la pression politique.
Si elle conserve la référence au “droit à l’autodétermination”, celle-ci s’inscrit dans une formule ambiguë, susceptible d’interprétations contradictoires : d’une part, elle réaffirme le principe juridique ; d’autre part, elle le subordonne au cadre de “l’autonomie” prôné par le Maroc.

Néanmoins, l’intervention de la Russie a permis d’éviter l’adoption d’une résolution ouvertement partiale et de rendre au texte une certaine cohérence avec le droit international, en soulignant que toute négociation doit se dérouler sans conditions préalables et sous l’égide des Nations unies.


Un vote décisif

Le vote du Conseil de sécurité est prévu ce jeudi 30 octobre 2025 à 10h00 (heure de New York).
Le résultat de cette séance sera déterminant pour mesurer le degré d’isolement diplomatique du Maroc, l’influence des États-Unis au sein du Conseil et la capacité de la Russie à s’imposer comme médiatrice impartiale.

Quoi qu’il en soit, cet épisode confirme une fois encore que l’avenir du Sahara Occidental dépend avant tout du respect du droit international et de la reconnaissance du peuple sahraoui comme sujet légitime du processus de décolonisation, et non de formules politiques taillées sur mesure pour l’occupant.


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