L’ambassadeur Amar Belani, envoyé spécial chargé du dossier du Sahara occidental et des pays du Maghreb, met en garde dans cet entretien exclusif à TSA le Maroc contre un « éventuel débordement de ces actions bellicistes sur le territoire algérien ».
Pourquoi les forces armées marocaines s’attaquent-elles régulièrement aux commerçants et autres civils dans les territoires libérés du Sahara occidental ?
L’objectif non dissimulé de l’occupant marocain est de faire entrave au commerce entre l’Algérie et la Mauritanie, notamment depuis la visite du président mauritanien en Algérie et la conclusion de l’accord intergouvernemental portant réalisation de la route devant relier le sud de l’Algérie à la ville mauritanienne de Zouerat.
Cette prétendue « no go zone » vise en particulier à contrer le rapprochement algéro-mauritanien, notamment dans le domaine des échanges commerciaux .
Rabat est conscient que le renforcement des échanges entre l’Algérie et la Mauritanie donnera à ce dernier pays une plus grande marge de manœuvre concernant la question stratégique de la diversification de ses courants d’échanges.
Actuellement, le marché domestique mauritanien est dépendant des agrumes et autres produits de consommation marocains qui transitent par le passage illégal et contesté de Guerguerat.
Le Maroc redoute sérieusement que cette carte de quasi-monopole ne soit démonétisée par la route entre Tindouf et Zouerat, projet qui devrait permettre à la Mauritanie de prendre ses distances vis-à-vis d’un régime expansionniste qui rêve toujours d’un Grand Maroc dont les frontières fantasmées bordent le fleuve Sénégal.
Si cela devait se produire, et plausiblement cela arrivera un jour ou l’autre, les dirigeants marocains auront à faire face au scénario cauchemar de l’insularité qui fera de leur pays, une île coincée entre la Mauritanie, le Sahara occidental dont le statut final reste à déterminer et l’Algérie, en tant qu’Etat pivot au Maghreb central.
Tels sont les dessous et les motivations de ces abominables assassinats ciblés assimilables à des actes de terrorisme d’Etat que le Maroc perpètre lâchement contre des commerçants pacifiques et des civils innocents qui ne représentent aucune menace pour les forces d’occupation marocaines.
Ces assassinats planifiés et prémédités froidement par le gouvernement marocain ne resteront pas sans conséquences. Un éventuel débordement de ces actions bellicistes sur le territoire national algérien sera considéré comme un casus belli même si l’Algérie proclame qu’elle ne fera la guerre qu’en état de légitime défense.
Dans un contexte de tensions avec l’Espagne, l’Algérie a choisi de renforcer sa coopération gazière avec l’Italie. Quel avenir pour cette relation ?
Les relations avec l’Italie ont toujours été excellentes et aujourd’hui, compte tenu des mutations profondes qui sont en train de bouleverser l’ordre international, il est important de lancer et de consolider une coopération intergouvernementale robuste entre pays amis.
En effet, l’Italie est un pays ami qui a toujours répondu présent dans les conjonctures les plus difficiles et c’est surtout un pays dont l’attachement est constant aux positions de principe sur les questions régionales d’intérêt commun, contrairement à ce que nous venons de vivre avec d’autres partenaires de la région, plus rompus à la duplicité et aux calculs étroits et égoïstes.
Nous allons œuvrer avec l’Italie pour garantir une augmentation globale progressive de la part du gaz naturel en provenance d’Algérie sur le marché italien, selon des plans à court, moyen et long termes.
Les discussions techniques seront engagées diligemment pour accélérer et/ou augmenter la production de gaz naturel à partir de projets communs en Algérie et pour lancer de nouvelles initiatives conjointes en Algérie pour la recherche et la production de gaz à partir de bassins géologiques confirmés.
Origen: EXCLUSIF. Maroc, Italie, Espagne : entretien avec Amar Belani