Paris (France) 29 Juillet 2019 (SPS)- Dans une tribune publiée le 27 Juillet sur le journal du « Monde » français, Khadija Mohsen-Finan et Pierre Vermeren, ont assuré que pour s’acheter la «bonne conduite» du Maroc l’Union Européenne n’a pas trop hésité à violer les arrêts de la Court européenne de justice relative au Sahara Occidental.
Fins connaisseurs de la politique européenne et du Maghreb, les deux auteurs de cette tribune ont analysé les raisons derrière cette complaisance européenne vis-à-vis du Maroc, soulignant que la «bonne conduite» du royaume sur les questions de la migration ainsi que du radicalisme religieux, poussent l’UE à «se montrer très peu regardante sur les droits de l’homme et la très lente marche du régime vers la démocratie ».
C’est pour cette même raison d’ailleurs, selon les deux écrivains, que l’EU n’a pas trop hésité à renouveler ses accords de pèche avec le Maroc, alors que la Court de justice européenne avait clairement jugé que ces accords «ne pouvait s’appliquer au Sahara occidental, puisque ce territoire n’est pas rattaché au Maroc au regard du droit international».
Malgré cela, «l’accord renégocié a été signé à Rabat le 24 juillet 2018, incluant une clause qui paraît totalement inapplicable. Les Sahraouis, désignés dans ce texte comme «habitants de la zone», sont en effet censés bénéficier des sommes perçues par le Maroc de la vente des ressources halieutiques des eaux du Sahara», critique le texte a juste titre, puisque le Front Polisario, représentant légitime du peuple du Sahara Occidental, n’a cessé d’assurer qu’il n’a jamais été consulté par l’Europe sur cette question.
«Ainsi l’accord renégocié a-t-il continué de favoriser le Maroc, mais également l’UE, permettant à ses navires d’accéder à ces zones de pêche moyennant 52 millions d’euros par an, soit 30 % de plus que selon le texte précédent. Quant au contrôle migratoire, il a fait l’objet d’une transaction de 148 millions versés au Maroc pour la seule année 2018», indique la tribune.
En effet, ajoute les deux experts «l’Union européenne et ses pays méditerranéens ne font plus de la libéralisation ni de la transition politique un préalable dans cette région du monde. Obnubilés par ce qu’ils perçoivent comme des risques de déstabilisation, ils préfèrent avoir des interlocuteurs fiables et à poigne. A ce jeu, le royaume du Maroc est le plus souhaitable des partenaires. »
Ils vont encore plus jusqu’à assurer que selon les européens, «le changement qui s’était imposé à Hassan II, il y a vingt-cinq ans, n’est plus la priorité», puisque le Maroc «ne subit plus aucune pression pour abandonner sa gouvernance autoritaire. »