Ould Breideleile: “la posición de Marruecos respecto al Sahara Occidental y sus obstrucciones relativas al impedimento de cualquier solución razonable supone una amenaza para toda la zona” https://t.co/CvDDGqavvN
— Actualidad Saharaui 🇪🇭 (@Sahara_1951) October 5, 2020
Chahid ElHafedh, 6 oct 2020 (SPS) L’ancien ministre et penseur mauritanien, Mohamed Yehdhih Ould Breidleil, a déclaré que l’impasse provoquée par le Maroc au Sahara occidental couvait «un feu» susceptible d’engendrer «une explosion destructrice», à un moment où la région connait une «inédite» conjoncture politique, économique et sociale.
Dans un récent entretien accordé au site d’information El Portal Diplomatico, Breidleil a indiqué que cette impasse au Sahara Occidental, provoquée par «l’intransigeance marocaine et le blocage du Royaume d’une solution pacifique», était «un facteur constant de préoccupation».
«C’est comme un feu dont la flamme est éteinte, mais les charbons restent incandescents même sans cendres. La situation demeure susceptible d’une explosion destructrice, en une période où la région connaît une pire et inédite conjoncture politique, économique et sociale», a-t-il souligné.
Et d’ajouter: «la véritable coopération économique et sociale et les projets communs sont paralysés, les échanges commerciaux et culturels insignifiants, et s’il y en a, ils sont formels, artificiels et sans continuité».
L’illustre penseur, a soutenu, que le Maroc tente depuis des années de créer – sous le parrainage de la France – une coopération avec l’Afrique subsaharienne, mais une telle manœuvre est en principe «morbide et forcément vouée à l’échec sur le plan opérationnel», car, explique-t-il, «une coopération avec l’Afrique qui ne débute pas avec des voisins proches, n’est pas du tout convaincante et ne durera pas avec le temps».
Pour lui, il convient plutôt au Maroc d'»éliminer d’abord les facteurs de tension et les obstacles qui entravent la coopération avec ses voisins immédiats, de s’accorder soi-même et pour la région une occasion historique (…), de vivre dans «un climat de sérénité, de paix et de compréhension, et de penser par la suite, à la coopération et l’entente avec l’Europe et l’Afrique».
M. Breidleil, a qualifié le Maroc d'» île entourée par les eaux de toutes parts. Sa relation avec le monde se limite en fait aux liaisons maritimes et aériennes. Un problème comme celui-ci, qui dure depuis des décennies, aurait nécessité une réflexion et un traitement de la part des responsables des affaires publiques au Maroc, du moins c’est ce que dicte l’abécédaire de la logique».
–L’intransigeance du Maroc fragilise son avenir —
Il est désormais évident, a soutenu Ould Breidleil , que «la position du Maroc au Sahara occidental, son intransigeance et son rejet de toute solution raisonnable menace toute la région, fige sa croissance et rend son avenir vulnérable à une série de coïncidences dangereuses aux conséquences non souhaitables».
A cet égard, il a jugé important que «le Maroc compare ce qu’il récolte maintenant de l’état actuel de tension, et ce que les choses pourraient devenir un jour, avec un état de fraternité, d’entente et, de coopération avec tous ses voisins – y compris le Sahara occidental – et ces perspectives radieuses et fructueuses que l’avenir pourrait offrir si le Royaume accepte de mettre fin à l’état de tension dans la zone».
Par ailleurs, il a estimé que » l’arrogance du Maroc est peut-être due à ses relations avec les pays occidentaux, en particulier la France, mais .
«La politique de la fuite en avant, que ce soit pour la France ou le Maroc n’est plus utile», a-t-il dit.
Interrogé sur le rôle que peut jouer la Mauritanie dans le dossier sahraoui, ce dernier a déclaré : «La Mauritanie est une victime collatérale: ses échanges et sa coopération avec ses voisins du Nord sont tous paralysés», assurant toutefois que «l’intérêt suprême de la Mauritanie se trouve sans aucun doute dans le règlement de ce conflit qui engourdit les capacités et constitue une menace à l’avenir».
Dans cette optique, «l’unique position possible dans la crise du Sahara Occidental pour la Mauritanie est de soutenir le peuple sahraoui», a-t-il affirmé.
S’agissant des élites mauritaniennes, de l’avis de Breidleil, «elles ont excessivement misé sur la possibilité de solutions internationales et se sont désengagées elles-mêmes du devoir à ce sujet».
Il est parfois perceptible chez certaines élites mauritaniennes «une tentative de revoir leurs visions, mais la crise du Sahara Occidental est en fait une crise silencieuse pour la Mauritanie elle-même et il est très difficile de rester indifférent à son égard» , a-t-il affirmé.
Ecrivain et illustre historien à dimension stratégique, Mohamed Yehdhih Ould Breidleil est un ancien ministre mauritanien et homme politique chevronné.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages en arabe et en français sur les questions du monde arabe, le grand Maghreb et l’Afrique, en particulier la région du Sahel. Ould Breidleil est l’un des pionniers de l’illumination intellectuelle qui ont éclairé le paysage culturel et médiatique de la Mauritanie après l’indépendance. (SPS)