L’euphorie médiatique et diplomatique déployée par Rabat à la suite de l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, le 31 octobre dernier, commence décidément à se fissurer. Après les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, c’est désormais Massad Boulos, conseiller de Donald Trump pour l’Afrique et le Moyen-Orient, qui vient jeter un nouveau froid sur l’interprétation triomphaliste que le Maroc fait de ce vote. Intervenant sur France 24, l’émissaire américain a confirmé point par point la lecture algérienne : pas de victoire éclatante, pas de reconnaissance incontestable de la « souveraineté marocaine », et surtout pas d’abandon définitif du référendum d’autodétermination.
Une résolution loin d’être « historique »
Comme le rapporte TSA dans un article signé Ryad Hamadi, Massad Boulos « a répété presque à la lettre ce qu’a dit dimanche sur AL24 News le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf ». Il reconnaît que l’Algérie était « à deux doigts » de voter la résolution, mais qu’un obstacle essentiel demeure : la mention de la « souveraineté marocaine » dans le préambule du texte, et non dans son corps contraignant. Boulos confirme : « Le problème est seulement dans le préambule de la résolution et non pas dans les dispositions. Sans cela, on aurait pu avoir un vote unanime des 15 membres, y compris l’Algérie. »
Cette distinction n’a rien d’anecdotique : elle démontre que le Conseil de sécurité n’a pas validé juridiquement la prétendue « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, un territoire toujours reconnu par les Nations unies comme non autonome et en attente de décolonisation.
Le référendum reste une option légale et politique
Là où la rhétorique marocaine prétend enterrer définitivement le référendum, Massad Boulos réintroduit l’évidence juridique : la résolution « laisse la porte ouverte à d’autres idées » et n’exclut pas le référendum d’autodétermination. Mieux encore, il explique que « pour cette question, il appartient aux parties de la trancher lors des négociations. Il peut y avoir une forme de vote ». Loin donc du discours verrouillé promu par Rabat, qui veut imposer son plan d’autonomie comme « unique solution », la lecture américaine nuance, recadre et expose les marges de liberté encore présentes dans le cadre onusien.
Boulos précise même que rien n’oblige les parties à exclure un vote, sauf accord mutuel contraire. Ce qui revient à dire que le référendum, loin d’être enterré, reste une option légitime dans le processus politique. Un point fondamental pour le peuple sahraoui, dont le droit à l’autodétermination reste la pierre angulaire de toute solution.
Deux parties, pas trois — une vérité rappelée
Autre démenti implicite aux tentatives marocaines de « bilatéraliser » le conflit en y entraînant l’Algérie : Massad Boulos rappelle que les deux seules parties au conflit sont « le front Polisario et le royaume du Maroc ». Une formulation qui rejoint la position constante du droit international, et balaie l’agenda diplomatique de Rabat visant à criminaliser ou culpabiliser Alger pour mieux esquiver ses propres responsabilités coloniales.
Enfin, en évoquant la « sagesse » qu’il dit attendre du roi Mohamed VI et du président algérien Abdelmadjid Tebboune, le conseiller américain semble vouloir remettre les pendules à l’heure : aucun règlement ne sera possible sans négociations directes, ni sans reconnaître les réalités juridiques et politiques du conflit.
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