Conseil de sécurité : que peut-il se passer le 30 octobre sur la résolution concernant le Sahara Occidental ?

Conseil de sécurité : que peut-il se passer le 30 octobre sur la résolution concernant le Sahara Occidental ?

Analyse fondée sur les projections du diplomate et analyste Ahmed Hafsi (@ahafsidz)
Plateforme « N’oublie pas le Sahara Occidental » – 27 octobre 2025

À quelques jours du vote décisif du Conseil de sécurité des Nations unies sur le mandat de la MINURSO, les diplomaties s’activent dans un climat de fortes divisions.
Selon l’analyse détaillée publiée sur X (ex-Twitter) par le diplomate algérien Ahmed Hafsi, les États-Unis ne disposeraient actuellement que de cinq ou six voix sûres, bien loin du minimum de neuf nécessaires pour faire adopter leur projet de résolution.
Ce scénario confirme ce que nous soulignions hier : le Conseil de sécurité se retrouve face à un dilemme entre la légalité internationale et les pressions politiques exercées par certaines puissances.

Un Conseil fracturé entre droit international et manœuvres diplomatiques

D’après Ahmed Hafsi, la délégation américaine tente de faire adopter une résolution renouvelant le mandat de la MINURSO tout en y insérant des formulations qui, indirectement, légitimeraient l’« initiative marocaine d’autonomie ».
Mais les consultations internes ont révélé de profondes divergences, tant parmi les membres permanents que parmi les membres non permanents. Constatant ce manque d’appui, Washington envisagerait deux options : amender le texte pour le rendre plus acceptable ou accentuer les pressions sur certains États afin d’obtenir les neuf voix requises.

Parmi les cinq membres permanents, les États-Unis et la France voteraient pour ; le Royaume-Uni, la Chine et la Russie s’abstiendraient, Moscou pouvant toutefois recourir à son veto si le texte contrevient ouvertement au droit international ou s’il entérine la souveraineté marocaine sur le territoire.
Du côté des membres non permanents, les positions sont tout aussi contrastées :
L’Algérie voterait contre.
Le Danemark, le Pakistan, la Corée du Sud et la Slovénie s’abstiendraient probablement.
La Sierra Leone et Panama soutiendraient la proposition américaine.
La Guyane, bien que liée au Maroc et à certains États du Golfe, pourrait aussi s’abstenir, son propre différend territorial avec le Venezuela (région de l’Essequibo) la rendant sensible à la question de la souveraineté contestée.
La Grèce et la Somalie, pour leur part, restent indécises, susceptibles de s’abstenir à moins de subir des pressions directes de Washington ou d’autres partenaires régionaux.

Résultat : les États-Unis ne pourraient compter que sur cinq ou six voix sûres, un chiffre insuffisant pour franchir le seuil des neuf votes favorables exigés.
Face à cette situation, Washington pourrait réviser la rédaction du projet ou reporter la mise aux voix afin d’éviter un revers diplomatique.

Un vote qui dépasse la question du mandat de la MINURSO

Le scrutin prévu le 30 octobre ne se limite pas à une simple prorogation technique. Il constitue en réalité une bataille symbolique sur le sens même du processus de décolonisation du Sahara Occidental.
Depuis plusieurs années, les États-Unis et la France s’efforcent de transformer la question sahraouie en une pseudo « dispute régionale », susceptible d’être réglée par des concessions politiques, alors qu’il s’agit d’un territoire non autonome reconnu par les Nations unies.

À l’inverse, l’Algérie, la Russie, la Chine et d’autres pays insistent sur le fait que le principe d’autodétermination est intangible et que nul texte du Conseil de sécurité ne peut contredire la Charte des Nations unies ni l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice.
Comme l’a rappelé récemment le président sahraoui Brahim Ghali, la passivité de l’ONU face à la colonisation marocaine s’est muée en complaisance, et chaque tentative d’imposer « l’autonomie » revient à récompenser l’agresseur et punir le peuple colonisé.

Le débat actuel dépasse donc le cadre des votes et révèle une crise de légitimité du multilatéralisme :
le Conseil de sécurité doit choisir entre respecter le droit international ou valider la politique du fait accompli.

Trois scénarios possibles selon les observateurs

  • Adoption d’un texte amendé : Washington pourrait introduire des ajustements, notamment en évitant de citer explicitement le « plan d’autonomie marocain », pour obtenir le soutien minimal requis.
  • Échec ou veto : si le texte reste biaisé, la Russie pourrait opposer son veto ou la présidence du Conseil (actuellement algérienne) pourrait reporter le vote.
  • Prorogation technique limitée : une prolongation courte du mandat de la MINURSO, sans changement substantiel, permettrait de gagner du temps et d’éviter un affrontement direct entre grandes puissances.

Quelle que soit l’issue, la session d’octobre confirme que la question du Sahara Occidental revient au centre de la scène diplomatique internationale.
La tentative de certains États d’imposer une solution unilatérale trouve désormais une résistance croissante au sein même du Conseil.

Conclusion

À la veille du 30 octobre, les États-Unis font face à une mission diplomatique quasi impossible : convaincre un Conseil de sécurité profondément divisé d’adopter un texte jugé contraire au droit international.
Si le projet échoue, cela signifiera que la cause sahraouie conserve une légitimité solide et que la stratégie d’imposition d’une « autonomie sous souveraineté marocaine » rencontre un mur juridique et politique.

Comme le souligne Ahmed Hafsi :

« La tâche s’annonce difficile pour Washington s’il cherche à faire adopter une résolution sur le Sahara Occidental qui constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité. »

Le 30 octobre, le monde saura si le Conseil de sécurité choisit de protéger le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes — ou s’il s’incline une fois de plus devant la logique de l’occupation.

Analyse fondée sur les projections du diplomate et analyste Ahmed Hafsi (@ahafsidz)
Plateforme « N’oublie pas le Sahara Occidental » – 27 octobre 2025